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Critique de PatriceG


Ce virginal ayant servi une fois

A part Whistler que je mets à part, mon regard se porte à la page 127 de ce catalogue d'expo où il est une neige de John Henry Twachtman 1890-1900 76,5 x76,5 que je ne me lasse pas de voir. C'est la seule oeuvre de ce catalogue qui me branche, je crois d'ailleurs que je ne regarde qu'elle comme une jolie fille qui sort du lot et qui nous obsède, "sur laquelle on se retourne" m'avait-dit joliment un jour un galeriste.

En fait il faut dire que l'impressionnisme ce n'est pas le truc des américains, les peintres qui s'essaient sont manchots.

Cette neige donc de JHT se nomme Paysage d'hiver. J'ai même l'impression que c'est un accident heureux. les autres ne m'intéressent pas. Qu'est-ce qu'on dit de lui : pas grand chose, "qu'il est né à Cincinnati en 1853 et qui meurt à Gloucester en 1902. Il peindra jusqu'à la fin de sa vie des paysages enneigés et de paisibles scènes familiales. Si JHT était estimé par ses pairs, ses toiles insolites et envoutantes ne lui ont jamais valu ni succès critique ni réussite financière, il a été l'un des membres fondateurs du groupe des "Ten Américan Painters" ".

Donc ce Paysage d'hiver, je le trouve très sensible comme ne dit pas le commentaire, d'une beauté et d'une délicatesse très apaisantes. Si on veut se calmer, ça vaut un antidépresseur. Un cours d'eau d'un bleu gris serpente de haut en bas de la toile entre des collines enneigées. Quelques jeunes arbres défeuillus semblent jalonner comme du duvet, moiré à ravir de sienne, les méandres de la rivière. Ils sont léchés par un fin pinceau avec une délicatesse extrême. Les masses blanches suggérant des lignes arrondies de corps de femme sont pratiquement des aplats, le blanc est écru, comme un virginal ayant servi une fois, et le ciel est gris temps de neige dans un rapport purement impressionniste. le résultat est assez extraordinaire, je dois dire. Sensualité comprise.

Je dis : "comme un virginal ayant servi une fois", car il y a une pénombre légère quand même qui rend ce blanc magnifique et qui le teinte d'un ton qui apparaît immaculé, où la présence de l'homme n'apparaît pas, sauf dans mon imagination peut-être. En tout cas nullement gagné par un jaune pisseux qui aurait à mon sens détruit ce paysage enneigé. Je me demande s'il n'y a pas là une réminiscence presqu'inconsciente du long séjour initiatique du peintre à Munich .. On sait que l'école allemande sombrait ses oeuvres pour tout simplement accentuer la luminosité du paysage peint à travers des couleurs vives. Quand on parle d'impressionnisme cru chez les allemands, il me semble que l'expression revêt ici tout son sens. Il y a là en partie la clef qui me fait admirer ce tableau .. Perso je suis un peu fatigué de tous ces effets, effet par ci effet par là, effet de machin, bien que je ne l'aie pas dédaigné il fut un temps. Je préfère la franche couleur, plus réelle qu'irréelle comme un vert de chez Benetton. Ne faut-il pas l'oeil du peintre pour paradoxalement ramener à sa juste proportion tel sujet qui ne vaut pas toujours tant de chichis ? N'est-ce-pas nos yeux détournés qui voient des choses alors qu'un simple regard suffit ?

Bon ben je crois que j'ai fait le tour de la beauté
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