Toutes ces études ont non seulement en commun leur intérêt pour la mort des civils allemands et japonais, mais aussi leur omission quasiment totale des bombardements alliés des usines françaises et des pertes civiles qui en résultèrent. Aucune n'évoque, pas même en passant,les bombardements de Boulogne-Billancourt, du Creusot et du Mans.
Le plus étonnant(...) est de constater à quel point les deux missions du 29 juin et du 4 juillet 1943 se révélèrent inefficaces. Bien que 189 bombardiers B-17, tous équipés du supposément sophistiqué viseur Norden, eussent largué 1 746 bombes de 225 kg sur la cible, celle-ci n’avait été touchée que sept fois ! C'était une performance épouvantable, certainement pas de celles que l'Air Force souhaitait partager avec l'opinion publique, si bien que peu d'Américains apprirent jamais quelle fut la réalité des bombardements de précision en France.
Que l'armée britannique dût détruire une vieille cité française pour la libérer et en expulser ses occupants allemands démoralisés ne donne pas une bonne image de la conduite de la campagne par les Alliés. p. 121
Le Havre
A 19 h le 5 septembre, 348 bombardiers frappèrent le centre-ville. Les 1 800 tonnes de bombes larguées infligèrent peu de dommages aux positions allemandes visées, mais elles dévastèrent le cœur de la ville, près de la mairie.
Les chefs militaires faisaient peu de cas des pertes civiles ou des destructions qu'endurerait une si grande ville.
Les récits historiques usuels ignorent cet aspect des choses et s'attardent plutôt sur les prouesses de tel ou tel commandant, sur les motivations et les aptitudes de leurs soldats, sur la qualité de leur matériel et de leur organisation. Ou bien, comme c'est le cas dans les récits à caractère épique, c'est la bravoure des soldats au combat qui fait l'objet de toute l'attention.
J'ai découvert que les forces armées des Etats-Unis et du Commonwealt, dans le cadre de la campagne en Europe occidentale contre l'Allemagne nazie, menèrent sans le vouloir, il y a soixante-quinze ans de cela, une guerre aérienne contre la France.Les bombardements eurent lieu pendant cinq longues années, en particulier autour des aérodromes et des ports.
Nantes, bien sûr, n'était qu'une ville parmi d'autres, mais il s'agissait de l'attaque la plus mortelle qu'une ville eût endurée jusque-là en France.
Le bilan total des pertes françaises causées par les bombardements fait état de 60 000 à 70 000 morts sur les 150 000 civils qui périrent pendant la guerre.
Malheureusement pour les Français, les attaques aériennes conduites par les Alliés furent bien plus importantes, méthodiques et efficaces que celles des Allemands et causèrent plus de dommages matériels dans les villes, les ports et sur le réseau ferroviaire du pays.