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Critique de Ave


Ave
14 décembre 2014
Dès les premières phrases de cette fresque historique, l'ambiance est immédiatement campée par un narrateur envoûtant mais terriblement angoissant, et cette appréhension obscure qui pèse ne nous quitte plus. On en sent la chape, on sent les ténèbres sourdre, et rarement le ciel s'éclaircir.

On suit donc avec émotion et angoisse, le destin et les souffrances d'une mère, Eva, et de sa fille, Gretchen, séparées des les premiers jours, qui nous sont narrés en parallèle, mais à 15 ans d'intervalle.
L'introduction d'une alternance de narration entre le récit et les commentaires de Méphistophélès accentue l'intrigue, d'autant plus rythmée que l'histoire se lit, au présent, comme un balancier, un chapitre étant consacré à l'histoire de la mère, le suivant à celle de la fille, et ainsi de suite, dans un aller et retour temporel intéressant.

Autour d'elles gravitent d'autres héroïnes, dont on ne peut qu'admirer, à cette époque funeste, le combat pour les prémices de l'émancipation de la place des femmes ; qu'il s'agisse des principales héroïnes ou bien des Illona, Freya, Ludmila, il est dressé là un portrait de femmes plutôt « modernes » (un peu trop peut être), et pour le moins battantes, en avance sur leur temps, enviées ou acculées à la solitude de par leur choix de liberté et de vie
.
Car il faut avouer que la chance ne sourie vraiment pas souvent à ces femmes, à qui nombres de situations cauchemardesques se présentent. L'auteur fournit une multitude de détails qui permettent de vivre « au mieux » chacun de ces passages, où souvent se mêlent cruauté, perfidie et ignorance, et la plongée dans ce Moyen Age finissant en Allemagne, où peste, lèpre, pillards et soudards ou encore droit de cuissage sont monnaie courante, ne donne qu'une envie, en ressortir très vite.
Même si dans cette période quelques lumières se font vie : l'imprimerie, la fin des indulgences, l'éveil des consciences et de l'Art, notamment la peinture, qui jalonnent bienheureusement la vie de nos héroïnes.

On y croise aussi des hommes, et non des moindres : Martin Luther dont on suit les tourments spirituels, les doutes, le combat avec le Malin, des peintres illustres, dont Lucas Cranach ou Dürer, … l'énigmatique docteur Faust.
Les personnages  « secondaires » ne manquent pas d'attrait, et j'avoue avoir apprécié le travail de l'auteur pour donner une étoffe à tous les personnages, dont chacun au final va apporter sa pierre pour mener l'héroïne Gretchen là où elle devait arriver.

La fin, si elle est un peu prévisible, m'a malgré tout semblé un peu « bâclée ,. L'auteur s'est étendu sur certaines périodes de la vie des deux femmes sur les trois quarts du livre, pour condenser en quelques pages finales le dénouement, nous laissant sur notre faim. On aurait aimé aller plus avant dans la vie des personnages.

Cela reste néanmoins un très bon roman, bien écrit, que l'on lit avec plaisir et rapidement.
Je remercie Babelio et les Éditions HC de m'avoir permis de le découvrir.
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