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Critique de Zippo


La guerre d'Algérie (1954-1962) a été pour la France un long conflit.

Pendant plusieurs décennies les autorités françaises parlèrent "d'évènements"...soit de 1954 à 1999 où le terme guerre a été reconnu. Cette expression "évènements" pour cacher pudiquement une guerre qui a fait près de 300.000 morts.

Sébastien Boussois évoque dans une première partie l'histoire de la colonisation de l'Algérie de 1830 à 1962. Il est salutaire de rappeler le sort des indigènes : spoliation des terres, impossibilité d'entrer dans la fonction publique, absence de droit de vote....
Par contre 20.000 Algériens périssent au cours de la Première guerre mondiale, comme les tirailleurs sénégalais.
Et malgré ce sacrifice, il y a toujours cette mise à l'écart et du mépris vis à vis de la population indigène.

Pour mémoire, François Mitterrand, ministre de l'Intérieur dans les premières années de la guerre d'Algérie, a activement participé à la répression en refusant de gracier 45 militants indépendantistes qui furent guillotinés....Ce point doit être bien gardé à l'esprit quand nous connaissons la suite de la carrière de ce politicien...

L'auteur rappelle les souffrances imposées par la France à tous les acteurs de ce drame : les Algériens, les Pieds Noirs, les Harkis et les appelés du contingent.
Force nous est de constater la politique indigne de notre pays : répression tous azimuts contre les indépendantistes en Algérie, mort de huit manifestants contre l'OAS au métro Charonne à Paris en 1961, mort d'un grand nombre d'Algériens, à Paris le 17 octobre 1961, lors d'une manifestation de soutien au FLN au cours de laquelle des Algériens furent jetés dans la Seine...cette répression fut organisée par le préfet Papon, complice pendant l'Occupation dans l'organisation de la déportation des Juifs de la région de Bordeaux et qui sera jugé dans les années 80.
Parallèlement les troupes françaises tiraient sur les Européens d'Algérie lors de la manifestation de la rue d'Isly à Alger le 26 mars 1962.
Tel est le bilan de la politique française des gouvernements de la IVème République et du début de la Vème...

Il faut se souvenir que le contingent devait subir un service de 28 mois...

Puis c'est l'ignominieuse politique du gouvernement de de Gaulle : l'abandon des Harkis qui avaient combattu pour la France, et dont le tort avait été de lui faire confiance.
Et enfin c'est le mauvais accueil par les autorités françaises et une partie des Français des Pieds Noirs, des Harkis et des Algériens venus vivre en France.

Le 8 mais 1945, fêté par la France pour la fin de la Seconde guerre mondiale, est également la date où les autorités françaises, issues de la Libération, ont férocement réprimé une manifestation d'indépendantistes algériens à Setif qui provoqua des milliers de morts...

La seconde partie de ce livre évoque la mémoire de la guerre d'Algérie.
En ce qui concerne la France, il est certain que son attitude, ses décisions mentionnées plus haut lui dictent une profonde amnésie qui a duré plusieurs décennies.
L'histoire de l'Algérie avant sa colonisation est également très peu abordée.

Dans le domaine scolaire très peu de temps pour l'étude de ce sujet en fin d'année scolaire et seulement s'il n'y a pas de retard dans le programme.

Le domaine artistique a lui connu les affres de la censure. le film "La Bataille d'Alger" de Gilles Pontecorvo, sorti en 1966...à l'étranger, n'a pu être projeté en France qu'en 2004.

Sébastien Boussois fait parler des témoins de chaque partie concernée par ce drame. Pour tous c'est poignant.

Du côté des autorités algériennes, il y a un discours officiel qui ne sert qu'à consolider le pouvoir autoritaire du FLN depuis soixante ans. Et ce, au grand désespoir de la jeunesse algérienne.

Malgré quelques lueurs d'espoir, l'étude historique dépassionnée, sans visées politiques de cette guerre doit parcourir un long et difficile chemin.

Sébastien Boussois en ayant abordé les domaines politiques, sociaux et culturels posés par l'histoire de la guerre d'Algérie nous offre un ouvrage salutaire, passionnant et, par certains aspects, plein d'émotion.
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