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Critique de djathi


En refermant ce livre , je reste dans l'incompréhension : comment un écrivain aussi subtil , lucide , à la plume précise et forte en soubassement a-t-il pu glisser si rapidement dans l'oubli ?
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Le piège , c'est la chute inexorable d'un Bridet , quidam sans prétention ,qui en septembre 1940 , juste après l'Armistice , contacte l'un de ses amis haut placé à la direction générale de la Police Nationale afin d'obtenir un sauf-conduit pour quitter la France et rejoindre de GAULE . Requête dont il masque bien évidemment le but final puisque s'adressant à un représentant de la France Pétainiste .

De cette première démarche dont on ne comprend pas exactement les objectifs réels , par un enchainement vertigineux , échappant à l'entendement , Bridet n'en ressortira pas vivant .
La machine admnistrative de Vichy effectuera son travail de sabotage , implacable , dans une éclatante absurdité décrite à la manière Kafkaienne .
A travers ce chemin menant à l'échafaud tout en méandres et soumis à la complexité du système arbitraire et insensé , Bridet n'aura de cesse d'osciller entre divers sentiments , jouet de forces obscures ,tour à tour aveuglé par sa naiveté et son optimisme confinant à une presque bêtise , sa capacité à croire en l'humanité pour basculer dans l'incompréhension et le doute grandissant , incapable d'appréhender la situation et ses racines maléfiques souterraines .
Se dégage un malaise de plus en plus oppression dans cette alternance d'état d'esprit . Les personnages gravitant autour de cet anti-héros souffreteux , pathétique dans sa faiblesse psychologique broyé lentement avec force machiavélisme d'un système totalitaire , jouet de la France de Vichy, apparaissent comme des pantins nébuleux , inquiétant ,sans fondement , aussi désincarnés que Bridet , comme si toute capacité de réflexion s'était évaporée loin de la surface de la terre , laissant des individualités"coquilles vides" , manipulées par une force destructrice irrationnelle et inévitable .
Le pessimisme de Bove dont j'avais eu un aperçu avec l'excellent roman le pressentiment agit comme une chape d'enfermement ,le lecteur se trouvant lui aussi oppressé , pris au piège lui même de cette lecture angoissante , dont il ne percevra que quelques contours obscurs , mouvants , sans assise franche où chaque personnage se définit par tout et son contraire enfermé dans le non-sens d'un système .
Un livre riche , à multiples facettes et interprétations qui n'est pas sans rappeler l'oeuvre de Camus , la pensée Sartrienne , le Procès de Kafka .
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