Les gens qui parlent trop, un peu comme les vins américains bon marché et trop sucrés, ne sont pas longs en bouche et donc réservent rarement des surprises.
Un mode de vie sain prévient au mieux les souffrances physiologiques ; si on tousse, on prend du thym, si on a mal au dos, on se fait masser par un ami qui passe par là et, si on attrape la mort, c'est la vie.
Lumnore se leva pour d'autres olives et une bouteille de chasselas. On passait aux choses sérieuses. Le chasselas, plus jaune et gras que le chardonnay, pénètre mieux le corps et descend jusqu'aux orteils, tel un orgasme féminin ; on dit aussi qu'il aide à bien vieillir car il lubrifie les artères.
Lumnore Ansermet était une boule d'énergie, une fille lumineuse et franche dont la mission sur Terre était de tisser des liens entre les gens, d'où qu'ils viennent.
Pour que l'histoire ait une suite, dit la dixième voix, il faut que tu meures.
Dans la vallée de Gérimont, un royaume idyllique et paisible, un crime est commis, pour la première fois dans l'histoire du pays. La victime est le typographe de Shriptar Ruchet, le seul auteur de bande dessinée de la communauté, qui s'apprêtait à publier le deuxième volume de son Cycle de Gérimont. Un policier venu de la capitale est chargé de l'enquête.
Dans un joyeux délire bien maîtrisé, Stéphane Bovon entraîne le lecteur dans une société imaginaire dirigée par un roi qui ne cesse d'être réélu. Une satire sociale et
politique, drôle et passionnante.
- Êtes-vous en train de me dire qu'il n'y a pas d'espoir à Gérimont ?
Moray fit une pause. S'appuya contre son bureau. Regarda Rodal. Puis se retourna et prit un gros livre. Qu'il tendit ensuite au commissaire :
- Je vous dis qu'à Gérimont, il y a de l'ordre.
Rodal prit l'objet. Sur la couverture, le titre disait Le Livre des Comptes.
- Je pense que ce livre vous sera utile pour votre enquête, poursuivit Moray. Vous y comprendrez, si vous être aussi intelligent qu'on le dit, l'essence de notre pays. Et vous comprendrez ensuite qu'on ne tue pas à Gérimont.
- Vous voulez dire que personne n'a tiré dans le dos de Sybukur Kohli ? demanda Rodal.
- Non. Je veux dire qu'on ne tue pas à Gérimont.
Le ton péremptoire, presque menaçant, n'entendait pas de réplique et, en cet instant, toute l'autorité du vieux roi se faisait sentir.