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Critique de Carolina78


Je sors d'Une vie de Guy de Maupassant pour tomber sur une autre vie, fort différente.

Je quitte le Château des Peupliers, en Normandie, pour assister à la naissance d'Astra dans une cabane (au Canada) en bois, en plein hiver, dans une ferme utopique, loin de la civilisation.

Le point de vue est Raymond, le père, qui ne veut pas entendre parler du bébé.

« Raymond veut travailler. Travailler dur à Celestial Farm avec ses camarades sous la vaste étendue du ciel. Se concentrer sur la terre, l'irrigation, le rendement agricole, la construction de nouveaux logements pour la communauté. Mais le bébé fonce droit sur eux, aussi rapide qu'une comète, et déjà il sème le chaos ».

Au chapitre suivant, pendant le « Temps Calme », Astra presse son visage contre la fenêtre de Kimmy, fillette de bonne famille, qui la fait entrer.

« La fille sourit, enjambe le rebord de la fenêtre et atterrit sur la moquette. Elle porte la même robe de velours marron qu'hier. Ses jambes sont couvertes de bleus et de piqûres d'insectes. Ses cheveux hirsutes semblent avoir été coupés dans un couteau à pain. Lorsqu'elle coince une mèche de son carré presque noir derrière son oreille, ses cicatrices apparaissent plus nettement, luisantes et boursouflées. La fille ressemble à un personnage dans un conte. Gretel, la Fée Clochette, le Petit Chaperon rouge. Intrépide. Courageuse. le genre de fille qui ne sourcille pas si elle tombe sur un animal sauvage, une sorcière, ou pire encore. le genre de fille qui ne craint pas les inconnus. Kimmy ne peut s'en empêcher : elle est déjà pétrie d'admiration ».

Nous allons suivre Astra jusqu'à ses soixante ans, à travers différents points de vue : ses employeurs à Calgary, ses proches, son fils, les hommes ou les femmes qu'elle a fasciné.

Elle est aussi mystérieuse et charismatique que secrète. Elle se métamorphose de sauvageonne clocharde, en femme fatale, en dame distinguée... Elle séduit, crée des attentes mais ne lâche rien. Elle devient mère possessive…

Chaque intervenant compose sa version tronquée et subjective.

« Il aimerait l'appréhender comme un tout au lieu d'un assortiment de fragments disparates. Penser à Astra, c'est un peu comme regarder à travers un kaléidoscope ». (p.290)

Un dé qui me fait penser au « coup de dés » de Mallarmé a un rôle clé.

Les pièces de puzzle vont s'emboiter au fil des pages, et dans l'épilogue, Astra va prendre la parole.

Ce bouquin m'a été offert, il y a un an environ, par une médiathèque. Il trainait dans un coin et ne me disait rien qui vaille. Je venais de quitter la plume élégante de Guy de Maupassant quand je me suis décidée à l'ouvrir. le début a été laborieux. Par comparaison, le style m'a paru plat et sans saveur.

Mais, très vite, j'ai été happée par ce thriller à la recherche d'Astra, on ne s'égare pas dans une nébuleuse thématique multiforme. Je suis admirative de la force narrative de Cedar Bowers. Comme quoi il ne faut pas se fier aux sirènes médiatiques !

Elle est canadienne, mariée à Michael Christie, Lorsque le dernier arbre. le couple vit avec ses enfants, en alternance, à l'Ile de Galiano, dans une maison en bois que, lui, a construit, et dans la ville de Victoria.

Astra est son premier roman. Elle dit avoir mis huit ans à l'écrire. J'attends avec impatience le deuxième.
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