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Critique de JIEMDE


Un quartier, Gravesend, scène microlocale en plein Brooklyn d'une tragédie noire, bien noire, où plusieurs personnages vont se croiser ou se recroiser.

Deux y reviennent, Ray Boy et Alessandra. Deux rêvent de s'en sortir pour une autre vie, Eugène et Stéphanie. Et au centre, trait d'union de ces pauvres vies, Conway.

Conway rêve de vengeance depuis longtemps. Depuis la mort accidentelle de son frère. Enfin accidentelle, pas tant que ça, harcelé et poursuivi qu'il était depuis tant de temps par Ray Boy, condamné pour cela. À sa sortie de prison, Conway l'attend pour se venger. Il est prêt. Enfin il le croît. Car se venger n'est finalement pas si simple, d'autant plus que sa cible est consentante.

Petite frappe de banlieue, Eugène rêve de s'élever dans l'échelle du crime, pour suivre les traces de son oncle Ray Boy, lui ressembler, l'accompagner, le rendre fier. Mais pas facile de prendre pour modèle quelqu'un qui a décidé de ne plus l'être, et qui ne lui renvoie que de l'indifférence.

Retrouvant Gravesend et les traces de sa jeunesse, Alessandra se pose. Retour chez les ploucs, intermède dans une vie agitée où seul Ray Boy suscite son intérêt, apporte un peu de piquant dans cette univers sans sel ni aspérité. Mais Ray Boy n'existe plus... Elle renoue avec Stéphanie, enfermée dans sa morne vie, qui va s'encanailler, pour peu de meilleur et beaucoup de pire.

Pour son premier roman, William Boyle dépeindre l'atmosphère si particulière d'un petit bout d'Amérique, si proche de NY et en même temps, tellement hors du temps, où les jours passent, où les habitants s'interrogent sur leur avenir mais, le temps d'y répondre, la vie est déjà passée. C'est bien fait, même si tant d'autres auteurs US avant lui l'ont également réussi.

Il nous livre en revanche une magnifique étude de caractères et une double réflexion. La première sur la vengeance, tellement obsédante, tellement évidente, qu'elle en devient tellement frustrante quand elle ne peut s'appliquer comme on la rêve depuis tant de temps. Un monde s'écroule, une vie s'écroule, des vies s'écroulent.

La deuxième, finalement plus intéressante, sur la repentance. À l'image de Ray Boy, personnage central du livre bien plus que Conway finalement, Boyle nous raconte comment la repentance et le remords peuvent être bien plus dangereuses que la vengeance.

La vengeance permet de vivre dans l'attente et dans l'espoir, que la délivrance tant attendue, espérée jouissive, viendra le moment venu apporter la paix intérieure.
Le remords et la repentance non partagée est mortellement perverse : Ray Boy le sait. À quoi bon vivre encore quand on est mort depuis longtemps ? Pas besoin de le tuer, il s'est tué tout il y a seize ans. reste juste à finir le travail.

Tout cela est donc noir, bien noir. Et dans le genre, Boyle y fait une entrée fracassante.
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