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Critique de 5Arabella


Acteur célébrissime en son temps, aussi bien dans le répertoire tragique que comique, Michel Boyron, dit Michel Baron, comme Molière, avec qui il a travaillé, s'est aussi essayé à écrire la comédie. Bien entendu, avec beaucoup moins de réussite. Il aurait écrit dix comédies, quatre ont été imprimées de son temps. Créée en janvier 1686 à la Comédie-Française et en février de la même année à la cour, L'homme à bonne fortune semble être la pièce de l'auteur qui a connu le plus de succès. Baron y tenait le rôle titre, ce qui semble avoir participé à la réussite de la pièce : beau, célèbre, il avait la réputation d'être un séducteur notoire, et le public a probablement fait un rapprochement entre l'auteur-acteur et le personnage de théâtre.

Lucinde, une jeune veuve, s'est éprise de Moncade, un jeune homme frivole, qui multiplie les conquêtes. Elle refuse de tenir parole et d'épouser son soupirant officiel, Eraste. Des lettres et cadeaux de diverses femmes arrivent chez Moncade, qui n'y trouve pas grand intérêt, comme d'ailleurs à Lucinde, sa dernière lubie est Léonor, la soeur d'Eraste.

Au deuxième acte, deux amoureuses de Moncade, Araminte et Cidalise, se rendent compte qu'il se joue d'elle. Pour se venger, Araminte donne à Lucinde une lettre où il se moque d'elle. Mais Moncade réussit à retourner la situation en lisant à Lucinde la lettre d'une façon qui change son sens.

Au troisième acte, Moncade fait des avances à Léonor. Elle paraît y être sensible, mais demande à Moncade une déclaration de son renoncement à Lucinde pour pouvoir la montrer à cette dernière, et la faire revenir vers son frère. Moncade la rédige, néanmoins, prudent, avant de la donner à Léonor, dit à Lucinde de l'avoir écrite par jeu. Et lorsque Léonor communique le document à Lucinde, sa portée s'en trouve affaiblie. Néanmoins, les divers incidents commencent à la faire douter de Moncade. Ce dernier en veut à Léonor.

Au quatrième acte, Eraste et Léonor ont décidé à révéler l'infidélité de Moncade à toutes les femmes qui l'aiment. Une lettre qui invite Moncade à un rendez-vous galant, lui est remise, il tombe dans le panneau, s'imaginant savoir de quelle femme il vient. Il se prépare au rendez-vous galant.

Au cinquième acte, le dénouement se prépare. Les femmes et Eraste attendent Moncade qui doit être amené par un comparse, les yeux bandés. Mais coup de théâtre, c'est Pasquin, le valet de Moncade qui vient. Toutefois, il avoue avoir pris la place de son maître, à qui il a raconté que le rendez-vous a été déplacé d'une heure. le comparse a encore le temps d'aller chercher Moncade, qui les yeux bandés, se moque de ses amoureuses présentes dans la pièce, en pensant être avec une nouvelle conquête. Elles sont détrompées, Lucinde va épouser Eraste, et Moncade devra changer de quartier, pour continuer ses conquêtes dans un lieu où on le connaît moins.

Il s'agit d'une comédie de moeurs, assez cynique, ce qui d'ailleurs a été reproché à Baron en particulier par La Bruyère, qui semble avoir pas mal amalgamé l'acteur-auteur à son personnage. Ce dernier n'est guère sympathique, égocentrique et superficiel, et s'en tire au final plutôt pas mal, on devine qu'il va continuer sa carrière de séducteur sans grand problème. Les autres personnages, en particulier les femmes, manquent un peu de profondeur, elles ne semblent exister que par les sentiments qui les attachent à Moncade, qu'elles sont prêtes à croire envers et contre tout bon sens. La pièce n'est pas mal construite, son intrigue est plutôt efficace, mais n'autorise pas vraiment des lectures très riches et multiples. Elle est juste un reflet de son temps, de ces badinages un peu libertins auxquels s'adonnait une partie de la belle société, comme occupation principale.
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