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Critique de Tachan


Tachan
19 septembre 2023
J'aime beaucoup ce cycle cher à mon adolescence et la façon de Marion Zimmer Bradley de revisiter les mythes antiques, c'est pour ça que je continue cette relecture + découverte de son vaste cycle d'Avalon malgré la baisse de qualité à chaque fois qu'un tome est co-signé par Diana L. Paxson. Après la Chute d'Atlantis et Les ancêtres d'Avalon qui prenaient place auprès de la mythique Atlantide et ses descendants, depuis le tome 3 (La colline du dernier adieu) suivons les relations complexes entre Rome et les prêtresses d'Avalon qui donneront les dames du lac, mais au bout de trois tomes sur ce sujet, peut-être serait-il temps de passer à autre chose !

Comme lors du tome 2 : Les ancêtres d'Avalon que Diana L. Paxson avait co-écrit, j'ai eu l'impression que celle-ci essayait bien trop de combler les creux de l'histoire de son aînée par de riches développement pseudo historiques, mais sans faire avancer réellement la cause de cette saga. Elle s'est documentée. Elle a beaucoup lu sur les Empereurs Contance et Constantin, et sur leur épouse et mère Hélène, du coup, elle a plus cherché à se faire la vulgarisatrice de cette histoire qu'à enrichir celle des dames du lac et ce fut l'écueil de ce roman.

Le roman porte quand même le titre de Prêtresse d'Avalon, on s'attend donc à ce qu'on nous parle de ce lieu et de ce qui s'est passe, peut-être en allant enfin achever de faire le lien avec les Dames du Lac qu'on connaîtra. Eh bien non. Ce tome est en fait une redite des deux précédents en terme de thèmes, figures et développements, n'apportant rien de neuf, aucune évolution. Pire, Avalon n'occupe peut-être d'un cinquième (et je suis généreuse) des pages de l'histoire, celle-ci s'intéressant plus au devenir d'une ancienne prêtresse prometteuse ayant reniée sa position pour aller se marier à l'extérieur avec un Romain qui par le plus grand des hasards fera carrière. La magie d'Avalon est donc grandement absente et c'est là LE reproche que je ferais à cette lecture.

J'allais effectivement dans La Prêtresse d'Avalon pour suivre le destin de l'une d'elle mais sans imaginer que ce serait son destin romain que je suivrais. du coup, même si c'est richement documenté et que cela offre un portrait complet et vif d'une femme de romain faisant carrière dans l'armée jusqu'à devenir Empereur, ce n'était pas ce que j'attendais et cela m'a ennuyée. Si j'avais eu d'autres attentes, si on m'avait présenté le roman en dehors de ce cycle d'Avalon, je ne tiendrais pas le même discours et je n'aurais pas eu la même appréciation négative.

Car il faut avouer que lire le récit du parcours de vie d'Hélène (Eilan de son prénom païen) qui a commencé prêtresse pour finir épouse et mère d'Empereur, est riche. Avec la plume très féminine et féministe de l'autrice au sens où on l'entendait quelques décennies plus tôt, on se prend au jeu de voir cette femme se sacrifier pour suivre son époux, être toujours là pour lui, pour l'épauler dans sa carrière, quitte à sacrifier un peu leur histoire qui se voulait pourtant une vraie passion, endossant ainsi peu à peu plus la figure de l'éminence grise, de la conseillère de l'ombre, surtout auprès de son fils et du fils de celui-ci au bout d'un moment. C'est toute une dynastie que nous allons suivre, permettant de découvrir les basculements de régimes et de politique dans l'Empire Romain du IVe siècle où on changeait alors bien vite de souverain et où le pouvoir se divisait de plus en plus forte entre orient et occident.

Sous un discours de femme qui se soumet à l'autorité et aux choix de son époux, on découvre écrit plus finement par une autre de notre époque une critique de cette posture et de ce sur quoi cela débouche. On ne célèbre pas les choix d'Hélène et encore moins ceux de Constance. C'est ainsi plutôt avec un ton dramatique que se conduit l'histoire et qu'on voit celle-ci se répéter dans les générations suivantes où bien peu de choses changent et où s'institue cette figure de la femme légataire de pouvoirs et donc du mariage politique que dénonce Diana L. Paxson vu les tragédies auxquelles cela conduit.

Le roman n'est donc pas dépourvu d'intérêt dans son questionnement de la figure féminine sous l'Antiquité. Il est d'ailleurs aussi très intéressant dans le parcours de l'évolution des croyances dans ces siècles là. Puisque après avoir introduit la transition d'Atlantide vers le druidisme, celui du paganisme vers le christianisme, c'est la transition vers le Christianisme comme religion d'État qui est abordé ici, avec les persécutions qui ont lieu avant que cela n'arrive, et les multiples fois encore présentes qui se percutent. J'aurais aimé que ce soit un peu plus creusé mais ça reste intéressant de le voir abordé avec la figure de Constantin.

Ainsi, j'ai vécu cette lecture de manière paradoxale, brûlant des injustices vécues par cette femme au destin hors du commun, qui aura eu un sacré courage pour affronter chaque revirement et rester fidèle à ses idéaux ; mais également déçue de la promesse d'une inclusion dans un cycle porté par l'île d'Avalon bien trop absente du récit. C'est bien de vouloir ajouter des tomes compagnons à l'histoire principale pour combler ses manques, encore faut-il que les pièces ajoutées correspondent aux attentes et ne partent pas dans d'autres directions… Allez, les deux prochains et derniers tomes sont enfin ceux consacrés à ces fameuses Dames du Lac ! ❤
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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