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Critique de GeorgesSmiley


Quel joli titre pour décourager un lecteur hésitant ! Et la couverture (photo en noir et blanc de l'auteur) itou. Serge Bramly y sourit, de toutes ses dents, comme s'il était ravi de nous jouer un bon tour. A quoi joue-t-il avec ses deux premiers principes de la Thermodynamique ? A faire croire au lecteur de passage que ce livre est trop fort pour lui, trop cérébral, trop germanopratin ? A-t-il un peu honte d'avoir « commis » un thriller ou pire de flirter avec le roman d'espionnage ?
Oui, c'est vrai, ce n'est pas ce que vous croyez. C'est un « page turner » formidablement bien écrit (on a envie de relever une citation toutes les deux pages) avec un sujet brûlant et un suspens qui tient jusqu'à la dernière page. Les jurés de l'Interallié de 2008 ne s'y étaient pas trompés.
Il déroule cinq destins qui s'entrecroisent tragiquement sur fond de Mitterrandie triomphante puis finissante. Ca commence par un mariage princier en 1981 qui se terminera mal contre un des piliers du tunnel du pont de l'Alma ; ça se poursuit par le suicide d'un ex-premier ministre au bord d'un étang en Normandie et ça se pimente avec un paparazzo, son officier traitant des services secrets et un marchand d'armes. Ces cinq personnages se sont croisés à de nombreuses reprises, des liens se sont créés, puis trois d'entre eux sont morts tragiquement et les deux autres ont pris la poudre d'escampette. Pourquoi ? Y a-t-il d'autres vérités que les vérités officielles ?
Les pages consacrées aux « coups tordus » des photographes de presse, de la faune politique, de celle des services secrets et des trafiquants d'armes sont brillantes. Il serait dommage de ne pas découvrir le compte-rendu d'une Garden Party de 14 juillet à l'Elysée, les exactions dont sont capables certains roitelets africains et leurs complices européens ou orientaux, les pratiques routinières des services secrets tant on s'y croirait, souvent étonnés, parfois effarés, toujours scotchés. « Tout est vrai. Rien n'est vrai. C'est un roman », prend-il la peine de préciser en préambule. On peut comprendre qu'il ait pris soin de s'éviter bien des tracas car, vous l'avez compris, la matière de son roman est explosive.
Quand il écrit, parlant de cet ex-premier ministre suicidé que les membres de son parti surnommait l'Enflure ou le Boeuf (Matignon lui ayant donné la grosse tête) et qu'il glisse, au détour d'une phrase, que le Sphinx de l'Elysée avait installé ce Boeuf qu'il méprisait « puisqu'il s'agit d'administrer des veaux », on se doute bien qu'il ne s'agit pas uniquement de pure invention littéraire.
On y découvre également (Serge Bramly est un érudit) ce qu'il appelle le théorème Lincoln-Kennedy qui s'appuie sur le nombre anormal de corrélations qui existent entre l'assassinat d'Abraham Lincoln et celui de JF. Kennedy. C'est ahurissant, je vous laisse le découvrir.
Bref, un formidable roman, des personnages romanesques en diable, une plume magnifique. Enthousiasmant !
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