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Critique de Walkyrie29


Un roman difficile à juger, le sujet est grandement inspiré d'une histoire vraie et les émotions véhiculées sont fortes et dures la fois. Un roman qu'il convient de lire pour se rappeler le malheureux passé de ces amérindiens qui n'ont rien demandé si ce n'est de vivre en harmonie avec Dame Nature, pour l'histoire de France et de l'Europe du XIXème, enfin pour les thèmes évoqués toujours d'actualité : l'intolérance, la différence, le choc des cultures qui rend malveillant qui au XIXème était assez « violent » et, qui aujourd'hui encore résonne dans notre société. Bref, un roman complet qui ne laissera personne indifférent, par ailleurs Philippe Brassart a fait un énorme travail de recherches et rend, avec beaucoup d'humanité, cette histoire criante de réalisme.

Le voyage chez les Yeux-Pâles raconte l'itinéraire dramatique de six amérindiens sur l'ancien continent. Alors que les Français viennent de vendre la Louisiane aux Etats unis d'Amérique, les Amérindiens sont peu à peu dépouillés de leur territoire. C'est ainsi que les Osages, nostalgiques de la présence française, décident d'aller rencontrer le « Grand – Père blanc », c'est à dire le roi de France, pour leur exposer leur situation et ainsi requérir son aide. Accompagné du Capitaine Delaunay et de leur traducteur Paul Dubois, Petit Chef, Femme Faucon, Grand Soldat, Esprit Noir, Soleil sacrée et Jeune Soldat entament alors un voyage parsemé de découvertes merveilleuses mais surtout rempli d'embûches et de déceptions.

Le roman présente une grande richesse. Une richesse historique pour commencer car aussi intimiste soit le voyage des ces « peaux rouges », leur périple voit la traversée entre autre du royaume de France et la rencontre de certains français historiquement connus dont le roi de l'époque, Charles X, ainsi que d'autres pays de l'Europe de l'Est. On suit par ailleurs de loin leur colonisation, les Français désertant la Louisiane marquant le début de la fin, les colons envahisseurs et destructeurs, les leurres coloniales, les « robes noires », missionnaires d'une religion imposée, la déchéance petit à petit de tout une culture dont il ne reste plus grand chose aujourd'hui. Un rafraîchissement historique nécessaire pour ne pas oublier.

Une richesse émotionnelle, et cette facette prend une certaine ampleur au fil de la lecture. Comment ne pas se sentir honteux face aux réactions du peuple français face à la venue de ces « sauvages du nouveau monde », d'abord curieuse, intéressée puis rapidement hostile et déconcertante. Comment ne pas ressentir d'empathie face à ce peuple autochtone qui prône le respect de la nature, qui jouit de son territoire en osmose avec la faune, qui se voit dépouiller de leur culture, de leur croyance sous prétexte qu'elle soit jugée différente ou archaïque ? Une grande part du roman et du voyage de ces six êtres humains, certes un peu innocents et naïfs à la manière d'un enfant qui découvre le monde mais surtout curieux et très intéressés par la vie des Blancs, est révoltante. Au début adulés, accueillis plus ou moins chaleureusement, ils font les premières pages des gazettes, ils rapportent alors on les exhibe, on profite de leur innocence, de leur non connaissance de la langue et de la culture du pays, on les gâte afin d'éteindre leur méfiance. Les Indiens en voient de toutes les couleurs, sont traités comme des bêtes de foires, des parias, sont abandonnés, seuls en plein hiver rigoureux, et malgré cela font montre d'une rage et d'un entêtement à toutes épreuves, les six amérindiens sont le parfait reflet d'un courage et d'une volonté impressionnante. Ils rencontreront des personnages européens, sensibles à leur histoire, sensibles à ce qui arrive à ce peuple aussi simple que merveilleux, des personnages qui leur apporteront leur aide et qui quelque part redonne un peu d'espoir.

Si personnellement, je devais retenir un seul des six personnages mis en scène, ce serait Soleil Sacrée, un personnage féminin, fort, intelligent, obstinée, qui n'a pas la langue dans sa poche et qui vivra certainement les épreuves les plus obscures. Un personnage vraiment très attachant.

Philippe Brassart réussit ce tour de force d'ouvrir les yeux sur l'intolérance de l'époque malheureusement toujours d'actualité, d'émouvoir sans susciter une once de pitié, de raconter des faits historiques sans longueurs et ennui et surtout d'écrire avec beaucoup de simplicité le rude voyage de ces six Osages chez les Yeux – Pâles. Un vrai plaisir à lire !

En bref, ce roman est un tourment émotionnel et un reflet historique de l'époque du XIXème à travers l'épopée européenne de six amérindiens Osages malmenés alors qu'ils étaient seulement curieux de connaître une autre culture.

Je remercie les éditions Michel Lafon et plus particulièrement Camille pour m'avoir une nouvelle fois fait confiance dans le cadre d'un partenariat.
Lien : https://songesdunewalkyrie.w..
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