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Critique de tamara29


Je dois vous faire un aveu. Richard Brautigan titillait la lectrice que je suis depuis quelques années. Par les bonnes critiques de ses différents romans, les belles évocations d'auteurs français notamment, j'avais depuis longtemps envie de découvrir cet écrivain.
Et là, je vous fais mon deuxième aveu dont je ne suis pas très fière : je l'ai abordé un jour, un peu intimidée, dans les « Mémoires sauvées du vent ». Et, à mon grand désarroi, je n'ai pas été transportée autant que je pensais l'être. Je n'étais peut-être pas prête ou j'en attendais peut-être trop pour cette première rencontre. Ressentir tout de suite les effusions du coeur, les étreintes, une chaleur diffuse et le sourire bêtement aux lèvres… Il n'y a pas eu tout cela. Pas aussi fort en tout cas.
Certes, je n'étais pas déçue au point de tirer un trait définitif, de décider de l'oublier et de passer à un autre. Parce que cette première rencontre m'avait tout de même donnée envie d'un autre rendez-vous. J'avais entrevu sa sensibilité, son humour, sa poésie. Je voulais que Brautigan s'ouvre à moi, qu'il me permette de le connaître mieux. Mais, peut-être, étais-je trop entreprenante pour qu'il se laisse amadouer comme ça. En plus, il ne devait pas manquer de plus jeunes et pimpantes entichées, je devais l'accepter. Et je continuais de lire les critiques enthousiastes, et j'avoue que j'avais envie de faire partie de la bande, moi aussi, des admirateurs, des amoureux(ses).
Heureusement, l'âge aidant, je savais depuis longtemps que l'amour ça se travaille. Il ne faut jamais baisser les bras. Croire les choses acquises. Se contenter de la première impression. Faut dire aussi que le coup de foudre j'avais connu, et ce n'était franchement pas beau à voir, comment j'en étais sortie.
Alors à choisir entre un coup de foudre (passionnel) qui trépasse obligatoirement et un amour durable, je préférais la seconde alternative entre nous.
Non, Richard, moi, je ne veux pas d'une passion qui se consume en quelques pages et qui laisse le coeur vide ou douloureux. Je ne veux pas qu'entre nous ce soit juste une histoire d'un soir, vite oubliée. Une histoire qui n'aura pas duré.
Entre toi et moi, je préférais une relation qui se construit peu à peu, mois après mois, roman après roman, mais qui se soude, solide car construite sur de meilleures bases. Et cette relation-là n'interdit/n'empêche en rien les étincelles, les pulsations du coeur, les étreintes…
J'ai l'utopie de croire en de possibles sentiments « longue durée ». A une complicité sur du long terme. Pouvoir toujours compter au fil des ans sur quelqu'un, les mots rassurants d'un être cher, d'un vieil ami, d'un long amour. A perpet'. Je veux qu'à 80 balais on me raconte encore de belles histoires, qu'on éveille ma curiosité, qu'on me dise des mots doux et virevoltants. Je veux de l'échange et des rires. Qu'on réussisse encore à me faire rêver et à faire battre mon coeur -quitte à ce qu'il claque parce qu'il n'est plus de toute première jeunesse mais, au moins, il aura claqué avec beauté-. J'en vois qui ricanent derrière leur écran sur moi et mes utopies. Mais, sincèrement, je ne veux pas à cet âge (si j'arrive jusque-là, certes) ne faire plus que me remémorer avec nostalgie mes belles années, sans plus rien ressentir, sans plus savoir m'émerveiller, et ne savoir que m'ennuyer dans mon fauteuil roulant à regarder pousser les fleurs dans le parc de la maison de retraite, ou encore que mon seul bonheur soit de (re)lire les oeuvres que je ne me souviendrais plus avoir lu, avec cette mémoire qui flanche ou plus.
Alors, c'était dit, je ne baissais pas les bras. Je voulais une autre soirée tous les deux, un autre roman entre nous, et tout le tralala, parce que je croyais toujours que mon coeur allait s'emballer pour toi.
C'est par l'entremise d'« un privé à Babylone » que j'ai eu la chance d'enfin te connaître et de sentir mon coeur s'ouvrir et s'enflammer. Dès la première page, tu me faisais sourire et tu me faisais entrer dans ton monde, avec bonheur. J'étais admirative, impressionnée par tes mots, ton imagination, ton imaginaire, ta poésie déjantée, ton jeu entre la finesse et le brut. En quelques minutes, tu m'avais donnée l'envie de te suivre, même jusqu'à Babylone, s'il le fallait. Tu m'avais conquise. Ce privé rêveur je savais que c'était un peu de toi que tu m'offrais.
Parfois, ça vaut vraiment le coup d'y croire encore. Et je dois te remercier de n'avoir pas cassé mon rêve. Faut que je te le dise, je vais me faire pardonner de ne pas t'avoir comprise tout de suite. Promis, je relirai « Mémoires sauvées du vent » après avoir découvert tes autres trésors, tes autres rêves. Quand j'aime, je ne compte pas… et je ne lâche plus. Je lis toutes les oeuvres, tous les romans de cet écrivain dont je me sens si proche (car il sait parler à une part de moi-même), soit avec frénésie, soit lentement, en savourant. Faut bien que je tienne jusqu'à mes 80 ans…
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