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Critique de Cricri124


« Pas de doute, le monde est un endroit étrange. Pas étonnant que je passe tellement de temps à rêver de Babylone. C'est plus sûr. »

1942, San Francisco. C.Card, le narrateur, n'a vraiment pas le profil d'un privé. C'est un doux rêveur, distrait et un peu naïf, à l'imagination affamée. C'est même pour ainsi dire un privé par contumace : sans bureau, sans voiture, sans secrétaire et sans clients. Il vit dans la misère, tant sociale qu'affective, mais il possède un trésor inestimable : il a sa Babylone dans laquelle il peut s'évader quand il le veut (et même quand il ne le veut pas !) et se réinventer sa vie. D'une certaine façon, il déambule dans la vie comme dans un rêve éveillé.
Mais lorsqu'un client potentiel se manifeste enfin en lui demandant de venir à un rendez-vous muni d'un révolver, il ne compte pas laisser filer cette aubaine de se sortir de la mélasse dans laquelle il vit. Problème majeur : s'il a encore un revolver, il n'a plus de balles à y mettre et pas un sou vaillant pour en acheter…

Je lis rarement de romans policiers mais j'ai adoré celui-ci. Son côté décalé est désarmant. Il relève d'ailleurs plus du pastiche. Ici, pas de rebondissements spectaculaires ni de suspens haletant. Un bon tiers du roman, si ce n'est plus, est consacré au moyen de se procurer ces fichues balles. Chaque chapitre est comme une micro nouvelle mettant en scène une anecdote particulière (souvenir, pensée, situation, rencontre, dialogue) au fil des heures qui passent.

Dans ce livre, rêve et réalité sont attablés aux extrémités d'une immense table oblongue et s'épient du blanc de l'oeil. C'est à la fois d'une drôlerie irrésistible et d'une touchante mélancolie. Car le narrateur, tout candide qu'il soit, ou tente de demeurer pour se préserver, n'est pas exempt de discernement. En ce qui me concerne, c'est un excellent polar qui se joue de ses codes…et des mots avec ses dialogues vivifiants et une écriture savoureuse qui vient nous cueillir au débotté d'un « geste » de poésie…

« Elle m'a fait un geste des yeux pour m'inviter à monter.
C'était un geste bleu. »
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