Kaa n’était pas venimeux – en fait, il avait un certain mépris pour les serpents venimeux, qu’il considérait comme des lâches -, car toute sa force était dans son étreinte. Une fois qu’il avait enroulé ses anneaux énormes autour de quelqu’un, il n’y avait plus rien à faire.
La loi de la jungle, qui n'ordonne jamais rien sans raison, interdit à tous les animaux de manger de l'homme. Les animaux l'expliquent en disant que l'homme est le plus faible et le plus démuni de tous les êtres vivants, et que c'est une proie indigne d'un vrai chasseur. Ils disent aussi que si l'on mange de l'homme on devient galeux et on perd ses dents. Mais, la vraie raison, c'est que tuer un homme fait venir, tôt ou tard, des centaines d'hommes qui portent des gongs, des fusées et des torches; certains même montés sur des éléphants avec des fusils. Alors tout le monde souffre dans la jungle.
Il monta aussi à la caverne dire au revoir à Père Loup et à Mère Louve. Lorsqu'il redescendit, accompagné de Bagheera, des larmes coulaient pour la première fois le long de ses joues.
- Qu'est-ce qui coule de mes yeux ? Qu'est-ce qui m'arrive ? Est-ce que je suis en train de mourir ?
- Non, petit frère. Ce sont des larmes d'hommes, parce que tu es un homme maintenant. La jungle n'est plus pour toi. Laisse couler tes larmes, et pars.
L'une des beautés de la loi de la jungle, c'est que la punition solde tous les comptes : une fois qu'on a payé pour sa faute, elle est lavée et l'on n'en parle plus
A sa manière l'histoire de Mowgli reflète cette existence partagée entre deux mondes, et la difficulté d'y connaître sa place. Rassemblée sur elle-même, elle forme un majestueux roman d'initiation, dans lequel un enfant, tour à tour repoussé par deux communautés, doit peu à peu apprendre à devenir lui-même.
Une magnifique adaptation! De sublimes illustrations!