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Critique de bdelhausse


Ce 5è tome de oeuvres de Bertolt Brecht débute en mode mineur pour s'achever par un énorme kiff en ce qui me concerne.

1. le Procès de Lucullus raconte le passage vers l'au-delà d'un général romain. Auréolé de toute sa gloire militaire, fier de ses conquêtes, sanglantes le plus souvent, il ne craint pas les ombres et le jugement de l'au-delà... Quel désenchantement quand on le confronte aux peuples, aux petits, aux sans-dents (dixit l'autre...) qui ont pâti desdits "hauts faits". Rabaissé en permanence, Lucullus n'arrivera à convaincre personne que ses conquêtes étaient justifiées du point de vue humain. Qu'il ait ramené plus de 50 cités à Rome ne pèse pas lourd dans la balance des "dommages collatéraux" (et pas si collatéraux que cela).

Ce n'est pas tant le fond que la forme qui m'a lassé. Il s'agit d'un opéra radiophonique et c'est assez pompeux et daté. La mise en vers est lourdingue (peut-être est-ce dû aussi à la traduction, mais peu importe). La pièce, par contre, fait énormément sens, surtout en 2018, avec les "va-t-en-guerre" qui dirigent le monde.

2. Maître Puntila et son valet Matti met aux prises un propriétaire alcoolique, versatile et irascible, et un valet très philosophe et tranquille. J'ai eu beaucoup de mal à m'investir pleinement. Je reconnais qu'il y a du rythme, de francs éclats de rire et beaucoup de réflexion sur les rapports à autrui, sur la violence des rapports humains, sur la domination, le pouvoir, l'abus, etc. On passe de la tragédie à du vaudeville ou presque, tant les sautes d'humeur sont imprévisibles et prennent des directions incroyables.

3. La Résistible ascension d'Arturo Ui dépeint la montée d'Hitler dans le New York (Nouw Yorque...) de la prohibition, mais tout tourne autour du commerce du chou-fleur et non de l'alcool... Avec un courage énorme, une implication qui force le respect et une audace indicible, Brecht montre cette ascension à laquelle on aurait pu, on aurait dû résister. On retrouve Gobbola, Roma, et Gori en nervi de Ui/Hitler et on reconnaît sans peine Goebbels, Roehm et Goering. Hindsborough est un politicien véreux qui représente Hindenburg.

Brecht montre les rouages de l'ascension d'Hitler. Et pour être sûr que le spectateur comprenne bien, il entrecoupe les scènes de panneaux affichant des rappels historiques.

Chapeau bas !

4. Les Visions de Simone Machard se situe lors de l'invasion allemande en 1939. L'action prend place dans un petit village du centre de la France. On se prépare à l'arrivée des Allemands. On essaie de partir et d'emporter les vivres. Les tensions se font jour. Simone a reçu un livre sur Jeanne d'Arc et est très impressionnée. Elle commence à avoir des visions d'anges et de Charles VII. Quand les Allemands arrivent, c'est le retournement de vestes et la collaboration qui commence. Simone va mettre le feu au dépôt d'essence afin de priver l'envahisseur de ressources. Elle sera condamnée pour cela et emmenée chez les Soeurs Ursulines, c-à-d dans un asile d'aliéné.

C'est hyper bien vu. Réaliste à souhait et d'une puissance à faire pâlir.

Je suis fan de ce genre de théâtre. La forme me laisse parfois un peu dubitatif, mais le fond est impressionnant.
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