C'est elle. Sur son sein tombent des plis de toile;
Entre les blonds épis rayonne son œil noir;
Aux franges de la nue ainsi brille une étoile;
Phidias eût rêvé le chef-d'œuvre que voile
Cette jupe taillée à grands coups d'ébauchoir.
Laissant à l'air flotter l'humble tissu de laine,
Elle passe, et gaiment brille la glane d'or,
Et le soleil rougit sur sa face hautaine.
Bientôt elle se perd dans un pli de la plaine,
Et le regard charmé pense la voir encor.
Dans le rayonnement immense du soleil,
La prairie, où toujours paissent les vaches brunes,
Ondule comme un lac de gazon jusqu'aux dunes
Qu'un ciel merveilleux baigne au fond de l'air vermeil.
Une exquise rosée irise l'herbe rase,
Broutée incessamment par les nombreux troupeaux,
Et met un nimbe au front des bêtes dont les peaux
Reluisent aux endroits qu'un trait de flamme embrase.
Parmi les beuglements répétés alentour,
L'étalon, redressant son col souple, déploie
Ses larges reins où court un long frisson de joie,
Et, superbe, hennit dans la gloire du jour.