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Critique de marcbali


Aujourd'hui je vais évoquer L'école du gotha l'enquête de Lucas Bretonnier. L'ouvrage est sous-titré Enquête sur l'Alsacienne. Il s'agit d'une école parisienne fondée à la fin du dix-neuvième siècle et dont les élèves appartiennent majoritairement aux classes sociales favorisées.
L'enjeu du début de l'ouvrage est de montrer en quoi l'Alsacienne est différente de ses concurrentes. En effet : « l'Alsacienne est une école privée parisienne comme il en existe des dizaines. Maternelle, primaire, collège et lycée, elle accueille 1800 élèves, de 3 à 18 ans. Pourquoi, dès lors, préciser qu'une personnalité publique l'a fréquentée ? Qu'a-t-elle de particulier ? » A la différence d'autres institutions privées ou de lycées publics parisiens prestigieux l'Alsacienne ne se présente pas comme une école championne de l'intégration de ses élèves dans les meilleurs cursus des grandes écoles. Bien entendu la réussite est élevée mais pourtant ce n'est pas cela qui fait le succès de l'Alsacienne. Lucas Bretonnier pour conduire son enquête multiplie les entretiens de parents d'élèves, d'anciens élèves et de professeurs. Il fréquente un bar voisin de l'établissement et écoute les conversations. L'Alsacienne doit sa renommée à sa pédagogie d'avant-garde et au régulier égrenage des noms des élèves ou des parents des élèves. le taux de personnalités politiques, médiatiques, culturelles ou économiques issues de cette école est impressionnant. Malgré les efforts d'ouverture c'est bien la progéniture du gotha parisien (et parfois international) qui se retrouve sur ces bancs ouatés du VIe arrondissement. le journaliste a accès à des données statistiques et propose une esquisse d'analyse sociologique. Il écrit : « si l'on résume, l'École Alsacienne, c'est 1800 élèves de milieux très favorisés, recrutés par réseau, qui reçoivent une éducation de luxe, en partie financée par le contribuable, et ce, au coeur de Paris, à quelques kilomètres d'établissements difficiles. (...). L'École reflète la gentrification parisienne, donc s'embourgeoise ; puis son endogamie attire les plus fortunés et accentue la gentrification du quartier. » Force est de constater une forte endogamie, d'ailleurs un des critères d'accessibilité au lieu est une forme de cooptation puisque : « l'Alsacienne fonctionne en réseau – dans tous les sens du terme. » L'école du gotha a parfois la saveur excessive du « name dropping » comme s'il était de bon ton de lister tous les fils et filles de qui y sont inscrits. Tout un chapitre est consacré à la rivalité entre Juan Branco et Gabriel Attal qui y ont été élèves ensemble. Ces pages sont intéressantes et montrent à l'instar de l'ouvrage que les anciens de l'Alsacienne gardent toujours une certaine connivence et des codes communs acquis lors des études, des voyages et des activités proposées au sein de l'école.
L'école du gotha est une plongée à distance au coeur de l'Alsacienne et des légendes et rumeurs entourant cette école où une partie de l'élite cherche à placer ses enfants. L'auteur explore ce microcosme parisien et le rend intéressant pour le plus grand nombre alors que cela ne concerne qu'une petite minorité privilégiée et souvent fortunée.
Voilà, je vous ai donc parlé de L'école du gotha de Lucas Bretonnier paru aux éditions du Seuil.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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