Le traumatisme psychique : Organisation et désorganisation

Les répétitions ont été l’expression dans le transfert des effets positifs du traumatisme qui ont permis au travail de l’analyse de produire des après-coups.

Le caractère répétitif des rêves de la névrose d’accident […] prend sens : ces rêves ont pour but la maîtrise rétroactive de l’excitation sous développement d’angoisse, cette angoisse dont l’omission a été la cause de la névrose traumatique.

Selon Ferenczi, le traumatisme est le résultat d’une réponse passionnelle de l’adulte aux sollicitations tendres de l’enfant. Cette réponse passionnelle provoque chez l’enfant un clivage du moi : l’enfant se sent innocent de l’événement et en même temps introjecte le sentiment de culpabilité de l’adulte ; de plus, l’enfant, afin de conserver une image suffisamment bonne de l’adulte, préfère penser que la scène traumatique est une pure création fantasmatique […].

Les traumatismes inévitables de la petite enfance ont pour effet de fournir à l’inconscient un matériel d’où peuvent s’originer les fantasmes […].

[Les] descendants, à l’écoute des récits ou des silences parentaux ou encore des violences relationnelles qui émanent au quotidien d’un passé explosif ne peuvent, dans l’enfance, ni vraiment les appréhender, ni les assigner à un quelconque motif compréhensible, mais ils s’imprègnent affectivement de cette détresse familiale dont ils connaîtront la cause réelle bien plus tard dans les livres […]. Ils incorporent très tôt les vécus déréalisants des survivants. […] En d’autres termes et en inversant les termes paradoxaux de ce déni d’existence, ils n’ont pas été réellement mis au monde, puisque le monde a éradiqué leur ascendance. […] Cette impasse à la représentation manifeste donc […] les effets d’une double déportation : une expulsion territoriale et une forclusion de l’ordre symbolique du champ culturel d’un monde eurocentré.

Les survivants transmettent donc un effondrement psychique attestant une triple rupture des liens : rupture en eux-mêmes, rupture avec ce qui fut le terreau de leur vie, rupture avec le monde des autres.

Les demandes parentales en excès, comme les « privations d’amour » […] du fait des « méconnaissances » des besoins de l’enfant, engendrent alors une « sidération psychique », due, pour l’essentiel, au désespoir. Ces effractions, qui prennent alors la valeur d’un viol psychique […] ont pour conséquence la sidération du Moi, ainsi que l’asphyxie, voire l’agonie de la vie psychique qui entraîne des états extrêmes de douleur.

Le Moi immature n’est pas capable d’effectuer la perlaboration du deuil. Il en résulte la dépression, et cette circonstance douloureuse oblige le Moi immature à trouver la solution de la négation et du renoncement à toute existence de l’objet. […] Dans un Moi plus fort, l’image et les souvenirs de l’objet perdu continuent de manifester leur existence dans la psyché. […] Le but de la souffrance dans le deuil n’est pas de « laisser tomber » l’objet, mais de l’intégrer à soi-même. Cet idéal n’est pas accessible au petit enfant.

Chez Pierre Marty, ce sont les fixations produites par les régressions qui stabilisent l’évolution et constituent autant de réservoirs de capacités de reprise vitale.

S. Ferenczi décrit […] un mode d’autoguérison par le développement chez le sujet d’un clivage narcissique, ce qui permet la création d’un narcissisme, apparemment protecteur, mais pouvant aussi devenir mégalomane, voire surdoué, et qu’il développera plus tard à propos de la métaphore du nourrisson savant.