Nos présidents essaient de laver le sang qui tache leurs tuniques et se présentent comme des seigneurs de la guerre et des effigies vivantes des idoles, comme s'ils pouvaient ainsi incarner les masques des ancêtres. Et ils font ça au nom de l'exception culturelle. (Si seulement on pouvait les exiler et les enfermer dans les vitrines de verre de cette exposition que j'ai vue à Rio de Janeiro.)
On ne devrait même pas prendre la peine de souligner des mors (des concepts ?) comme "primitives", "responsables", "générations futures", "enfance de l"humanité", etc. Mais quel paternalisme éhonté ! Qui donne aux prédateurs culturels du Nord le droit de mettre en captivité la culture des autres ?
DANSER
Ça va être dur
de quitter cette terre
(mais qui ou quoi s'en va ?)
les affreux espaces de la dépossession
demeurent les tiens seulement
une colline sombre par-là
comme un bol de lumière chatoyante
avec des arbres portant trace de vent
dans l'articulation la pluie le miracle du souffle
et par ici une coulée de boue
des pentes et des plaines
une végétation noire
toute souffrance est distance -
comment connaître les gens dans la boue ?
que vit-on ? qu'a-t-on vu, entendu
ou simplement imaginé
qu'est-ce qui compte ?
quand s'écroulent les murs
quand les sanglots sans entrave
ouvrent en toi
une incarnation grondante, chatoyante
d'espaces de danse -
un silence de vent.
L'anthropologie, l'ethnologie et même notre moderne «multiculturalisme» - quelles que soient la générosité et la noblesse de ceux qui y étaient impliqués - sont une manifestation de la rapacité, du besoin d'exercer un pouvoir sur le reste du monde, de cataloguer «l'Autre» et de le reléguer dans la position d'un être, au mieux «que le temps n'a pas touché», mais toujours inférieur. Il semblerait que l'Occident doive se défaire de ça pour comprendre.
D'abord l'homme bouge, il réfléchit, puis il entoure avec des mots les choses vues.
Raconter des histoires est un système de connaissance, un essaim de mots qui sur la page rassemble "l'autorité"; (...) L'imagination n'est-elle pas la première expression de l'identification et par conséquent, de la générosité?