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Critique de gill


Si il fallait choisir une de ses pièces pour rendre justice au dramaturge que fut Eugène Brieux, sans nul doute faudrait-il extirper d'une étagère un peu oubliée ce terrible morceau de scène que sont "Les avariés".
Cette pièce de théâtre en trois acte fut répétée au Théâtre Antoine en novembre 1901 avant d'être interdite par la censure.
Et fut finalement représentée pour la première fois, en mars 1902, à Liège, sur la scène du Théâtre du Gymnase ...
Georges Dupont est un jeune homme de bonne famille.
Il semblait promis à un bel avenir.
Son père, avant de mourir, avait exprimé le désir qu'il épouse Henriette, sa cousine dont la dot devait lui permettre d'acheter une belle et riche étude de notaire.
Mais lorsque le rideau se lève pour la première fois, le sol se dérobe sous ses pieds.
Le docteur l'enjoint de renoncer à son mariage.
Georges a contracté la syphilis.
Il est "l'avarié".
La pièce s'ouvre sur le terrible face à face entre un médecin soucieux de la contagion et un homme effrayé par la ruine et le scandale.
L'atmosphère de ce premier acte est lourde, pesante.
La tragédie se profile derrière la porte du cabinet, derrière le prochain mariage de Georges et d'Henriette.
Et lorsque le rideau, pour la seconde fois se relève, le drame s'est invité dans la famille de la pire des façons ...
Au troisième acte l'auteur découvre ses batteries.
Sa pièce est une "pièce à thèse".
Eugène Brieux fut peut-être le premier lanceur d'alerte.
Car il dénonce ici l'égoïsme et l'indifférence du monde politique qui ignore la syphillis, comme il ignore l'alcoolisme et la tuberculose.
Là est le crime d'Eugène Brieux qui fit interdire sa pièce.
Il pointe du doigt, il incrimine, il supplie, il met en demeure les représentants du peuple de la chambre des députés.
Il réclame un vrai programme politique, la création d'un ministère de la santé publique, la démolition des logements insalubres, un examen de santé prénuptial, l'interdiction des poisons alcooliques, la restriction du nombre des débits de boisson ...
"Les avariés" est un morceau de scène moderne et ambitieux, tant dans sa forme que dans son propos.
La pièce, dure et parfois cruelle, n'est pas à glisser entre de pauvres mains trop sensibles.
Mais lorsque le rideau, pour la dernière fois retombe, c'est sur une note d'espoir :
"La syphilis est une impérieuse personne qui ne veut pas qu'on méconnaisse sa puissance.
Elle est terrible pour qui la croit insignifiante et bénigne pour qui sait combien elle est dangereuse ..."



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