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Critique de Iboo


Iboo
12 novembre 2017
Le subjectif n'entre pas en ligne de compte lorsqu'on commente la lecture d'un essai. Soit on adhère totalement, moyennement, ou aucunement, aux idées exposées mais il est indéniable que ce type d'ouvrage enrichit notre réflexion. Quelle que soit notre position de départ sur le sujet abordé, après lecture, on en retire au moins le bénéfice de savoir sérieusement ce que l'on pense et pourquoi on le pense.

Si je partage généralement l'avis de J.P. Brighelli et avais, d'ailleurs, été littéralement enthousiasmée par son ouvrage édité en 2006, "La fabrique du crétin - La mort programmée de l'école", j'émets quelques infimes réserves sur celui-ci, paru en septembre 2017. Comme un sentiment que J.P. Brighelli - mû par une colère tout à fait justifiée et qui, je le lui accorde, a eu toutes les raisons de s'amplifier au cours des onze années écoulées - n'a plus de nuances, ne fait plus de quartiers.
Et, j'admets que je n'aurais sans doute pas émis cette petite réserve si, à l'avant dernière page du livre, le paragraphe suivant ne m'avait fait lever le sourcil :
"Nous ne naissons pas avec le don de notre langue et ce que la famille ne parvient pas à nous enseigner, l'école doit le transmettre.
Sauf qu'elle y a renoncé. Comme elle a renoncé à recruter des maîtres capables de redresser le français erratique des enfants perdus. Les défunts IUFM énonçaient la vulgate pédagogique en vogue. Les ESPE qui leur ont succédé forment de façon fort étrange des "professeurs des écoles" qui, au témoignage d'inspecteurs-formateurs, sont "une catastrophe"...."

Etant née la même année que J.P. Brighelli, et bien que je ne sois pas spécialiste en la matière, je peux témoigner que les institutrices d'antan, recrutées avec le niveau Bac et ayant pour nombre d'entre-elles embrassé la carrière pour de futiles raisons de confort personnel, n'étaient pas forcément meilleures enseignantes que les professeurs des écoles d'aujourd'hui, recrutés à Bac +5. D'autant que rien que cette exigence de niveau d'études exclut de fait, la simple motivation de confort ou de facilité.
Quant au fait que ces professeurs des écoles seraient mal formés, je trouve, moi, étrange que ce soient les inspecteurs-FORMATEURS qui se posent en indignés. La faute à qui s'ils sont mal formés ? je vous le demande.
À noter que si j'ai employé spécifiquement le terme "institutrices" c'est parce qu'il faut bien admettre que, durant des décennies, l'école primaire leur était réservée. Et force est de constater que pour la plupart, il y avait et il y a (elles ne sont pas toutes à la retraite) beaucoup à redire sur leur investissement et leur vocation à enseigner.
Pour ce qui est de cette appellation de "professeur des écoles", aujourd'hui accordée à tous les instits qu'ils aient ou non le niveau d'études requis, il n'y a pas lieu de leur tenir rigueur de ce titre censé les flatter, décrété par je ne sais quel décideur pour les caresser dans le sens du poil, et qui n'a pas plus d'incidence sur la réalité de leur fonction que sur celle de la femme de ménage devenue technicienne de surface.

De mon point de vue, les grands responsables de cette "mort programmée de l'école" sont l'Education Nationale et ses ministres successifs qui pondent à tout va des réformes ineptes afin de marquer leur passage comme les chiens marquent le leur en levant la patte sur les réverbères.

En conclusion, excepté ce petit point relatif aux professeurs des écoles, j'adhère totalement au développement de J.P. Brighelli que j'ai trouvé, comme toujours, d'une grande lucidité et d'une remarquable pertinence. Ce dernier essai me fait jubiler autant qu'il me désespère.
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