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Critique de rotsenamrub




En publiant "Mississipi en 1941, Louis Bromfield sacrifie à une vision schématique du monde, récurrente outre-Atlantique à l'époque et, à ce jour, perdurant majoritairement sous le couvert de quelques aménagements purement cosmétiques.

Le tableau qu'il nous dresse de la Nouvelle Orleans pendant la guerre de sécession se révèle très immersif, pour reprendre un terme en vogue, et semble bien documenté.
Il sert malheureusement de décor à une mise en scène manichéenne et caricaturale opposant les anglo-saxons courageux, rustres, puritains, froids mais efficaces de la Nouvelle Angleterre aux latins lâches, crâneurs, raffinés, jouisseurs mais paresseux de la Louisiane.

Coté Confédérés, le seul partisan épargné par ces tares est évidemment d'ascendance écossaise quand les personnages féminins, fatalement d'origines françaises, se partagent les rôles de maquerelle et de riche héritière perverse et manipulatrice.

Quant aux esclaves ou ex-esclaves, ils apparaissent soit anonymement en hordes déchainées et vengeresses massacrant au son du tam-tam, soit individuellement en incarnant, là encore, les stéréotypes consacrés que sont le bon nègre fidèle et soumis, la sorcière guérisseuse, la métisse sensuelle aux moeurs légères ou la vieille nourrice rondouillarde dévouée à son jeune maître.

J'appuis peut-être exagérément sur cet aspect car le roman dégage un souffle romanesque incontestable et l'introduction de deux personnages féminins, échappant à ce carcan après une sorte de périple initiatique, laisse entrevoir une interprétation moins manichéenne de la pensée de l'auteur.

Porté par la vague d'épuration lexicale actuelle qui prône une réécriture politiquement correcte de nos bibliothèques, on pourrait lui reprocher un vocabulaire inapproprié. Je ne lui ferai pas ce procès, le vocabulaire et ses connotations ont changé, changent et changeront encore et de plus il s'agit d'une traduction.

Si l'oeuvre est porteuse de concepts religieux, politiques ou raciaux aujourd'hui intolérables, plutôt que de l'aseptiser, il me semble préférable de la conserver intactes, témoin contre l'oubli.
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