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Critique de StCyr


Un hôtel au bord d'un lac, en Suisse. Nous sommes en fin de saison, les brumes envahissent tout, les feuilles des arbres jaunissant, tombent. Cet établissement est tenu par des propriétaires très sourcilleux, soucieux d'accueillir une clientèle d'habitués, gens respectables, rassis, de tout repos, se fondant dans le cadre austère, loin de l'agitation touristique. A y regarder de plus près, il semble que c'est le lieu idéal pour se délester de personnes dont on ne sait plus que faire. Edith, autrice d'oeuvres sentimentales, habile à créer des personnages, mais incapable de déchiffrer le caractère des gens, a été fermement invitée à s'y rendre, pour se faire oublier, après un incident embarrassant dont elle a été la principale protagoniste. En détresse, elle rase un peu les murs, elle veut se faire aussi petite qu'une souris, à telle enseigne que sa discrétion ne passe paradoxalement pas inaperçue, et que les autres pensionnaires y voient une manière de dame de compagnie idéale, la confidente idoine, terne et effacée. Mme de Bonneuil a, quant à elle, été oubliée là par son fils, sous la pression d'une épouse autoritaire. Pour ce qui est de Monica, femme à la langue acérée, qui entretient un rapport complexe à la nourriture, délaissant ce qui remplit son assiette, au profit de son chien, Kiki, qui en dégobille la plus grande part, pour se rattraper sur les pâtisseries, c'est son mari, qui, déplorant sa stérilité, lui a enjoint de se mettre au vert, pour retrouver la santé, afin de lui donner une descendance et éviter ainsi le divorce. Enfin, il y a Mrs Pusey, et sa fille Jennifer, absolument satisfaites de leur sort, ignorant tout du principe de réciprocité dans le domaine de la conversation, et qui pérorent à loisir sur le seul sujet qui les intéresse, elles-mêmes. Arrive sur ces entrefaites, Mr Neville, homme riche, élégant et raffiné, professant assez cyniquement, un égocentrisme totalement décomplexé, et qui va apporter un peu d'animation dans ce microcosme qui sent un tantinet la naphtaline.


Hôtel du Lac est un petit bijou d'humour british, d'analyse psychologique fine et cruelle, dans lequel on devine, d'une certaine façon, que l'autrice y a mis un peu d'elle-même, de sa fragilité. Les personnages, plutôt de la vieille école, confits en manies, sont décrits avec une plume acérée. Cela ravira les lecteurs de romans délicatement méchants.
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