AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de lescourbesgraciles


Le roman « Maud Martha » (1953), de l'écrivaine américaine Gwendolyn Brooks, se présente au lecteur comme une série de tableaux de vie relatant l'existence d'une femme noire de Chicago, issue de la classe ouvrière, durant les années 1940.

Dans ce récit écrit à la troisième personne, la plume de l'autrice, profondément marquée par la forme poétique, se déploie dans une écriture fragmentaire, instantanée et elliptique.

Des pissenlits qu'elle contemple avec émotion durant son enfance, à l'appartement minuscule qu'elle occupe à l'âge adulte, en passant par les vicissitudes inhérentes à la vie conjugale patriarcale, le racisme ordinaire, insidieux, fourbe, faussement dissimulé, s'insinue partout, tout le temps. En toutes circonstances, on s'efforce de n'incommoder personne, de se faire discret, d'être invisible. de ne pas exister.

Dans cette société américaine, qu'elles se trouvent dans les journaux, les rues, ou les boutiques de mode, les normes de la beauté blanche sont hégémoniques. Ces représentations omniprésentes contribuent à distiller dans le coeur de Maud la détestation d'elle-même, un sentiment dont elle n'arrivera pas véritablement à se départir.

En filigrane, c'est également l'existence de toutes ces femmes, subissant de fortes injonctions de genre, qui est mise en lumière. Aucune fioriture stylistique chez Gwendolyn Brooks, les faits se suffisent à eux-mêmes pour dépeindre cette réalité. Les femmes qui commettent des « péchés domestiques » subissent l'opprobre : celles qui ne balaient pas, ne repassent pas, ne cuisinent pas, et qui a contrario, se priorisent. Et puis il y a aussi celles qui accouchent avec difficulté chez elles, seules, et qui n'émeuvent personne.

J'ai adoré ce roman, tout aussi limpide qu'incisif ! Une pépite méconnue.
Commenter  J’apprécie          10







{* *}