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Critique de beatriceferon


Après la mort de ses parents, Jane est obligée d'aller chez sa tante. « Vivre là-bas, ce n'était pas vivre », dit-elle. La maison est un vrai foutoir, la tante en question passe ses journées à boire et fumer devant la télévision, les cousins à crier et se chamailler. Par chance, Jane a une passion : le dessin. Car, perdue dans le monde qui l'entoure, elle a l'impression d'être invisible. Aussi est-elle prête à tout pour le quitter. Elle travaille d'arrache-pied sur un bateau de pêche, à écailler le poisson, économisant le moindre sou pour pouvoir partir à New York et s'inscrire dans une école d'art. Mais le Nouveau Monde n'est pas un paradis ! La chambre qu'elle loue est un placard. Pour conserver sa bourse d'étude, il lui faut trouver d'urgence un emploi. C'est ainsi qu'elle atterrit dans une gigantesque demeure, assez effrayante, et qui a l'air presque déserte. Elle sera la nounou d'Adèle, fille de Monsieur Rochester, un homme d'affaires mystérieux et toujours absent.
Il s'agit d'un roman graphique qui adapte « Jane Eyre » de Charlotte Brontë à la sauce moderne. Je l'ai acheté sur foi d'une critique élogieuse. Pourtant, j'ai eu du mal à m'y attacher. Trop de souvenirs du chef-d'oeuvre, que j'avais beaucoup aimé, me revenaient en mémoire. La transposition m'a semblé outrée, parfois même grand-guignolesque. Certains passages m'ont paru invraisemblables, exagérés, voire grotesques. Trop hollywoodien pour moi. Ce n'est pas étonnant quand on sait qu'Aline Brosh McKenna est scénariste et a travaillé sur des films célèbres et une série « primée et acclamée par la critique, "Crazy ex-girlfriend" », dont, pour ma part, je n'avais jamais entendu parler.
En revanche, j'ai beaucoup apprécié le travail de Ramon Perez.
On découvrira à la fin qu'une image du début, figurant un frêle esquif en train de couler au milieu d'un océan en pleine tempête, est en réalité un tableau réalisé par Jane. le bleu des flots tumultueux est la seule couleur des premières pages, dessinées au crayon, en noir et blanc, tout comme la vie terne et solitaire de l'héroïne, qui doit attendre sa majorité pour réaliser son rêve et partir. Les buildings de la ville où elle arrive, sur deux planches en vis-à-vis, sont d'un noir épais, immenses, ils paraissent étouffants, mais l'espoir d'une vie nouvelle se marque par une trouée de ciel aux teintes chatoyantes. Jane, toute petite, perdue dans cette immensité, est la seule en couleurs. Ce qui, à mon avis, montre sa confiance en l'avenir.
Le découpage est original et inventif. Outre les pleines pages, écrasantes, en contre-plongée, on a droit à de (très) gros plans (ici, un pied qui avance d'un bon pas, là le doigt qui appuie sur la sonnette ou la clef qui tourne dans une serrure), ou à de nombreuses vues en plongée, des plans larges, des incrustations... bref, tout l'éventail des possibilités offertes par le neuvième art a été brillamment exploité. La couleur s'installe peu à peu. A certains moments-clefs, des tons dominants créent une atmosphère. Rose et violet : on assiste à un ballet, rouge et orangé : Jane se dispute avec Rochester, bleu clair : chambre d'hôpital, jaune et ocre : incendie. de temps à autre, une case au crayon est un dessin réalisé par Jane.
Ce qui m'a séduite est donc l'art très maîtrisé de Ramon Perez qui donne toute sa valeur au roman graphique, bien plus que l'histoire, décevante par rapport à l'original.
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