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Critique de Zephirine


A la fois poétesse, écrivaine, dramaturge essayiste et éditrice, la québécoise Nicole Brossard est une militante pour la cause féministe.
L'auteure est une résistante qui travaille le langage jusqu'à l'os. Il faut en tenir compte pour pouvoir entrer dans sa poésie, une poésie exigeante, créatrice et qui mêle tous les genres.

« Je le sais aux verbes qu'il me manque
Ma vie s'est endormie »
Dans le contour très précis
De la tête d'un os long. »

La poétesse a aussi été une voyageuse et ces atmosphères d'autres lieux imprègnent sa poésie. Elle convoque parfois, au détour d'une phrase, une autre culture.
L'écriture est aussi un voyage. Chaque pays, chaque ville traversés offrent des sensations différentes.
« A Palerme, la chute lente du temps ocre » tandis qu'« à Dresde, un matin de suie, de gare et de musée ». A Madrid, on croise le souvenir de Goya tout en cherchant « la simplicité du verbe. »

Elle se raconte en disant « je » mais elle parle aussi de « nous » car elle partage ce creusement de la langue avec ses lecteurs. Pour elle, les mots nous donnent des sensations, les mots épousent le corps et les syllabes ont « saveur l'olive et d'apéro ». Cette façon d'aborder le langage le rend présent et réel, parfois charnel.
Elle dit aussi :
« La littérature est façon d'être
Une manière de traduire je suis. »

Dans « le dos indocile des mots », elle joue sur les allitérations, déclinant l'alphabet sans se préoccuper du sens des mots. le résultat est surprenant, voire détonnant. Jugez plutôt :
« Cendres carnivores de cervelles et de cornées
Le coeur cogne corail criblé de chagrin
Or je me suis consolée :
Cosmos chuchotement de constellations. »

Le long poème « Après les mots » explore la langue à travers le corps, l'amour, la vie dans le bruissement du monde.
« après : comment du bout des lèvres
Répartir l'idée du vaste monde
A l'intérieur de ce qui fut
Nous, cheveux ou caresses… »

Dans cette anthologie foisonnante, Nicole Brossard propose des poèmes écrits à des périodes différentes. Mais tous tendent vers les mystères de l'existence, et ce qui fait notre humanité.
Ce peut être assez déconcertant, ou au contraire, d'une grande limpidité. Je reconnais ne pas avoir apprécié tous les poèmes, mais un grand nombre a retenu mon attention et ma curiosité.
Une poétesse que je découvre, et, bien que parfois ardue, j'ai aimé cette lecture.

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