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Critique de ppette007


Il y a plus de trente cinq ans, la dictature militaire en Argentine (1976-1983) faisait plus de 30.000 « disparus » (los desaparecidos). Les personnes considérées comme des opposants au régime furent assassinées par celui-ci de manière systématique hors de tout cadre légal. Philippe Broussard, journaliste à l'Express, choisit de nous raconter le destin de l'une d'elles, Marie-Anne Erize, une jeune franco-argentine enlevée à l'âge de 24 ans dans le nord-ouest de l'Argentine. L'auteur a consacré trois ans de sa vie à reconstituer l'itinéraire de Marie-Anne dans les années précédant sa disparition en s'appuyant sur de nombreux témoignages de proches, d'avocats, de témoins, récoltés à travers le monde entier (Argentine, France, Italie, Espagne, Pérou). Il s'est également attaché à mieux comprendre la personnalité aux multiples facettes de Marie-Anne en se replongeant dans son enfance passée dans une zone reculée de l'Argentine.
C'est donc une enquête très fouillée que nous offre le journaliste. Il nous fait découvrir le personnage hors du commun de Marie-Anne qui a tout d'une héroïne de roman: tous disent d'elle qu'elle est rayonnante de beauté, solaire et d'une générosité sans faille. Sa vie apparaît très romanesque également. Elle sera ainsi tour à tour enfant scout, enseignante, mannequin, hôtesse d'accueil dans une compagnie aérienne. Elle fréquentera simultanément la jet set et les quartiers pauvres des bidonvilles de Buenos Aires où elle sera une bénévole dévouée. Puis elle s'engagera comme beaucoup de jeunes de son âge, dans le mouvement des montoneros, un mouvement péroniste de gauche. Et plus l'on avance dans cette enquête, plus le personnage de Marie-Anne se densifie, s'entoure de mystères. La jeune femme refusera de prendre la fuite en s'exilant en France et finira par mener une vie clandestine avant d'être enlevée par des militaires en civil. Son corps n'a toujours pas été retrouvé.
A travers l'histoire de la disparue de San Juan, Philippe Broussard rend hommage au combat de tous les proches des victimes pour connaître la vérité, à commencer par la mère de la disparue, Françoise. Il entremêle à son récit des lettres adressées à Françoise dans lesquelles il écrit ses doutes, les avancées de son enquête et s'interroge sur la personnalité de Marie-Anne. Et c'est ce qui peut parfois déranger dans ce livre qui s'éloigne trop de l'enquête journalistique par moments. On peut se demander dans quelle mesure Marie-Anne était telle que l'auteur la décrit ou encore si celui-ci ne comble pas les zones d'ombre par ce qu'il croit être la vérité. le journaliste ne s'en tient-il qu'aux faits ou est-il devenu trop obsédé par sa quête au point de ne plus être objectif ? En dehors de ces réserves, cet ouvrage a en tous cas le mérite de nous faire revivre les années sombres vécues par l'Argentine et d'autres pays d'Amérique Latine où des régimes totalitaires firent régner la terreur.
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