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Citations sur La disparue de San Juan : Argentine, octobre 1976 (2)

La mobilisation de ces personnalités [Sagan, Signoret] a d'autant plus d'impact dans les médias que l'Argentine est au cœur de l'actualité internationale. En juin 1978, elle accueillera en effet le Mundial de football, une occasion idéale pour dénoncer les atteintes aux droits de l'homme. Dès octobre 1977, alors que l'équipe de France de Michel Platini s'apprête à obtenir sa qualification, l'écrivain Marek Halter publie dans Le Monde une tribune accusatrice où il interpelle joueurs et supporters : « Refusez de cautionner par votre présence le régime aussi longtemps qu'il n'aura pas libéré les prisonniers politiques et arrêté les massacres. » Dans la foulée, des intellectuels de renommée planétaire (Sartre, Aragon … ) signent un appel au boycott, Simone Signoret tente de sensibiliser les épouses des Bleus, l'ONG Amnesty International diffuse une affiche où l'on peut lire : « Lorsque vous applaudirez le onze de France, les acclamations couvriront le bruit des personnes que l'on torture. Derrière l'écran, la réalité. »
Le seul joueur à prendre position sera l'attaquant Dominique Rocheteau, connu pour ses engagements à gauche. Pour les autres, et une immense majorité de l'opinion, le même argument reviendra sans cesse : « On ne mélange pas sport et politique. » Au risque de cautionner des horreurs ?
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C'est un jour que l'Histoire a oublié. Un banal vendredi de 1976. Le 15 octobre. À Paris, c'était l'automne, une tempête arrivait de Bretagne. Dans l'ouest de l'Argentine, on célébrait au contraire la fête du soleil, le début du printemps, les journées commençaient à rallonger, les torrents à dévaler la pré-Cordillère.
Ce matin-là, la ville de San Juan s'était éveillée au rythme lent des habitudes provinciales. Dès les premières lueurs de l'aube, les ouvriers agricoles avaient rejoint les vignobles et les oliveraies. À l'angle des rues Abraham Tapia et Général Mariano Acha, la vendeuse du kiosque à boissons et friandises, Elsa Emperatriz Astensio, guettait ses clients, les élèves du collège voisin. Sur le trottoir opposé, Domingo Palacio s'activait déjà dans son magasin de cycles, une boutique à l'ancienne qui sentait la colle à rustine et le caoutchouc de chambre à air.
En milieu de matinée, une jeune femme poussa la porte, un vélo à la main. Elle était jolie, mince, souriante ; elle avait les cheveux châtains, les yeux verts, un soupçon de tristesse et de fatigue dans le regard. À ses gestes, à son accent, l'épouse de Domingo Palacio, Magdalena, devina un passé de relative aisance et bien d'autres horizons que ceux de San Juan. Buenos Aires, probablement. Ou alors l'étranger. Oui, c'est cela, l'étranger.
Son vélo avait un problème de freins, ou peut-être de dérailleur, rien de grave en tout cas. Le temps d'aller faire une balade en ville, et elle pourrait le récupérer.
A son retour, vers midi, il était prêt, la facture aussi. La belle inconnue paya, quitta le magasin. De l'intérieur, Domingo Palacio vit alors un homme en civil l'aborder sur le trottoir. Il semblait agressif, menaçant, comme s'il voulait l'entraîner quelque part. Elle résistait, se débattait. Le commerçant tenta de s'interposer mais trois autres hommes le plaquèrent contre la devanture. L'un d'eux le menaça d'une arme, et l'obligea à rentrer dans la boutique. «Garde le vélo, quelqu'un viendra sans doute le chercher», lui lança-t-il en partant.
Debout devant son kiosque, Elsa Emperatriz Astensio ne put rien faire non plus. C'est à peine si elle eut le temps de voir deux des agresseurs pousser la fille à l'arrière d'une Ford Falcon de couleur claire. Elle hurlait, et tentait de leur échapper.
Les portières claquèrent, le chauffeur démarra en trombe. Deux autres véhicules suivirent la Ford vers une destination inconnue.
Ainsi commença l'affaire Marie-Anne Erize.
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