Nadine Brun-Cosme écrit habituellement des livres imagés pour enfants, ce n'est pas le cas ici où elle s'essaie au cours roman, qui selon moi s'adresse plutôt à un public adulte.
Voici un résumé de ce roman:
Nous suivons Benoit un collégien souffre-douleur, jusqu'au jour où la possibilité lui est donnée de devenir le bourreau, à son tour. Il découvre "le gout" de la violence, juste un peu, avant que les rôles se rétablissent.
Benoit voit avec sa mère, totalement passive, comme morte de l'intérieur, totalement incapable de défendre son fils.
Il y a sa professeure de français, qui ne semble, elle, pas indifférente.
Rapidement, on devine que la mère et la professeure ont également vécu des situations de violence: abandon du mari ou violence conjugale (?), harcèlement.
Les hommes, les pères, sont à chaque fois absents.
"La courbe de tes yeux" est le début d'un poème de Paul Eluard auquel Benoit, comme sa professeure de français avant lui, semble se raccrocher.
Enfin, il y a Manon (et les autres filles qui lui ressemblent) dont Benoit est amoureux mais qui semble pris dans les griffes de son bourreau...
J'ai parfois des difficultés à exprimer ma critique lorsqu'elle est négative car je pense à l'auteur et à tout ce qu'il aurait pu y mettre de personnel dedans et à la peine que ça pourrait lui faire. Toutefois, c'est le jeu de la critique.
Vous l'aurez compris, je n'ai pas vraiment apprécié ce livre. La lecture est facile mais brutale. C'est probablement volontaire en raison du sujet lourd qui est traité: celui de la violence.
Les instants poétiques de
Paul Eluard m'ont semblé totalement en décalage et sont tombés à plat dans le récit. Il m'est apparu assez peu crédible qu'un poème comme celui-là soit de nature à donner tant de baume au coeur à ces personnages.
Ce livre aborde le thème de la violence, celle qu'on subit, celle qu'on inflige. La violence conjugale (on la suppose), la violence adolescente masculine ou féminine, le harcèlement, la violence de l'indifférence aussi, la violence de l'absence du père...
J'ai trouvé que toute cette violence est abordée dans un ensemble confus et peu crédible. le décalage entre des passages de souffrance et des passages "cucu la praline" m'a dérangé.
J'attendais beaucoup de ce livre, ayant été moi-même dans cette situation de souffre-douleur et cherchant à comprendre, encore 30 ans plus tard, ce qui se passe dans la tête d'un bourreau. Je n'ai rien trouvé pour m'aider dans ce roman ! Aucune pertinence !
Peut-être aurait-il fallu creuser l'histoire du bourreau ? C'est en cherchant à comprendre les coupables, qu'on sauvera les victimes ! J'en suis absolument convaincu !
Quelle était donc l'intention de l'auteure ? de montrer que la violence est une maladie contagieuse ? Que le manque d'amour est une maladie héréditaire ? Qu'on a tellement besoin que nos parents soient forts, aptes à nous défendre, pour grandir ?