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Critique de thereadingsession


J'ai découvert ce roman lors d'un live organisé par le VLEEL (ou Varions Les Éditions en Live), pendant l'un des nombreux confinements (le premier ? le deuxième ? allez savoir). le résumé m'a tout de suite intrigué et en grande fan d'anticipation (cf les 3/4 de mes lectures), j'ai tout de suite cliqué sur "acheter" (encore une fois, si mon banquier passe par là, c'est la faute du vleel). Une famille tranquille, un love-bot ou "Synthétique" travailleur du sexe, de l'espionnage industriel (une chouille, vraiment), une enquête policière et une intrigue dans un futur qui semble bien trop proche, voilà ce que nous promet Esther. Messieurs Dames, vous reprendrez bien une part de cyprine (pardon) ?
Vous l'avez lu dans le résumé, Anton et Maxine décident un jour de se promener volontairement dans une ruelle sombre et mal famée (en fait ils rentraient d'un dîner mais c'était plus palpitant de dire ça). Quel surprise lorsqu'ils découvrent au pied des poubelles une masse humaine (qu'ils croient) aux multiples plaies, saccage macabre d'une entité non pas Organique (les humains donc) mais bien Synthétique. À leur pied git Esther, un robot dernière génération de Synthetic Industries, créé pour assouvir les besoins sexuels de ses utilisateur.ices. Dans cette société où le service public n'est plus qu'un souvenir lointain, remplacé par des sociétés privées qui régissent le monde (voilà à quoi vous attendre si on commence à privatiser toutes nos institutions), Anton décide de ramener Esther dans la demeure familiale (enfin la cabane de jardin, imaginez un peu la tête de Maxine si elle s'en était rendue compte).
ainsi que débute notre histoire, et entre alors cette love-bot dans la vie de nos protagonistes. Elle prend une place à part entière dans ce couple qui bat de l'aile, frappé par la routine, où la vie sexuelle n'est plus qu'un lointain souvenir et porte le nom de Paul (leur fils). Mais Esther a de lourds secrets, comme en témoignent ses innombrables blessures ; et une course contre la montre s'enclenche quand les sbires de son créateur tentent de la récupérer. Autour de cela circonvoluent de nombreuses intrigues secondaires qui s'ancrent dans une société dystopique où les entités robotiques prennent une part de plus en plus grande dans notre vie : ils sont partout et tendent à remplacer peu à peu les salariés organiques (un peu comme quand ils ont dit "alala les radiologues je les aime bien mais dans 20-30 ans il n'y en aura plus", bah écoutez pour l'instant on n'y est pas encore).
L'auteur écrit bien, narre bien et décrit bien : là est l'art et la manière de porter un lecteur à une réflexion poussée. Cette dernière n'est pas forcément la plus novatrice, mais elle est savamment amenée : la place du robot dans la civilisation humaine ? Un esclave, un jouet, un défouloir. Mais est-ce vraiment éthique ? Avons-nous le droit de nous en prendre à ces créations qui, grâce aux technologies modernes de l'IA (pour Intelligence Artificielle) tendent à devenir de plus en plus singulières ? Que se passe-t-il si cette entité se retrouve alors dotée d'une propre conscience et d'une propre volonté, et que cette dernière cause soit dommageable aux entités humaines ? Ce récit est rythmé par l'évolution d'Esther, qui, sous l'influence d'un apprentissage dirigé par l'observation des moeurs des Organiques acquiert des capacités d'émotion quasi humaine ; avec le lot de déboires que cela comporte.
Réflexion personnelle, qu'en est-il de l'appellation Love Bot ? Est-elle volontaire, puisque ce robot n'est censé représenter qu'un accessoire de sexe ? Quand on y réfléchit bien, Frank Yalda, le créateur de Synthetic Industries, semble porter une attention bien plus particulière à ses robots, et éprouve parfois même un amour étrange pour ses créations, à la manière d'un scientifique fou ; et ces dernières, d'un réalisme fantastique, pourraient remplacer des Organiques en tant que love interest.
Pour finir, et même s'il y a encore beaucoup de choses à dire sur ce livre (vous m'excuserez mais mon cerveau ne marche plus très bien, j'aurai eu besoin d'un petit coup de main IA pour tout analyser), ce roman est une fiction scientifique effrayante, qui aborde de nombreux sujets intéressants comme la place des robots dans nos sociétés, les violences, la vie conjugale et ses déboires, la mégalomanie des grands de ce monde ; bref, une bonne compotée de sujets qui fonctionnent, excellemment décrits sous la plume d'Olivier Bruneau. À la fois corrosive et lascive, elle fait autant monter le feu aux joues qu'elle détruit un coeur d'une haine pour l'homme (avec un petit h car aucune femme n'a été aussi exécrable que TOUS les hommes de ce bouquin), rendant encore plus vivace la lecture.
Lien : http://thereadingsession.fr/..
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