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Critique de Acerola13


Ce court essai fut tiré d'une conférence remontant à 2004, dont les intervenants, Sylvie Brunel, Pierre Kipré et Marc-Antoine Pérouse de Montclos, sont tous reconnus pour leurs travaux ou réflexions sur l'Afrique contemporaine.

La question débattue est celle de la pertinence de l'aide humanitaire en faveur des pays les moins développés, et dans quelle mesure cette aide leur permet (ou non) une impulsion pour leur développement. La structure retenue est une sorte d'interview de chacun des intervenants, suivie d'un débat mené par Alain Houziaux.

Sylvie Brunel revient sur la genèse après-guerre de l'aide publique au développement, et sur ses fluctuations philosophiques et leur application économique, elle rappelle également les risques de se substituer à un Etat dès lors privé (avec ou sans consentement) de ses obligations régaliennes, et souvent gangrené par la corruption. Sa proposition de choisir les bénéficiaires selon des critères précis, et de mettre en place des "CDD", des contrats de développement durable, qui engageraient à la fois le bénéficiaire et le bailleur, est intéressante, bien que peu novatrice.

J'en ai plus appris sur les différences entre aide publique et aide privée et les prêts à intérêts extrêmement élevés qui se cachent sous l'appellation "d'aide", mais qui recèle parfois d'une réelle logique de rentabilité. L'éclairage apporté sur les pays ayant le plus bénéficié de l'aide, et sur les sommes remboursées par rapport aux sommes prêtées, est également bienvenu, et l'on se demande ce qu'il en est aujourd'hui.

Enfin, Marc-Antoine Pérouse de Montclos, dont j'avais déjà lu l'ouvrage l'Afrique, nouvelle frontière du djihad ?, revient sur la difficulté d'apporter de l'aide dans des zones de conflit sans venir en aide même indirectement à un des deux belligérants, réduisant par là-même l'éventualité d'une paix rapide. Loin d'être circonscrites à l'Afrique, ces thèses reprennent aussi des exemples des deux Guerres mondiales, et fournissent une synthèse concise mais éclairante des problématiques de l'aide et de ses acteurs, qui forment désormais un groupuscule économique à part-entière, avec ses logiques compétitives et stratégiques.

Profondément déprimant, ce petit essai a le mérite de poser la houleuse question du bien-fondé de l'aide, et de la nécessité qu'il y aurait dans certains cas à n'apporter aucune aide pour que le conflit cesse plus rapidement, plutôt que d'en apporter et de permettre aux belligérants de se concentrer uniquement sur la guerre.

Éclairant, malgré sa quinzaine d'années !
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