AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de colka


colka
09 décembre 2018
"Promenons-nous dans les bois, pendant que le loup y est pas...". En fait de loup, s'il vous vient la fantaisie de vous lancer sur l'Appalachian Trail, c'est plutôt des ours noirs ou des grizzlys que vous risquez de rencontrer si par un malheureux concours de circonstances vous venez à croiser leur chemin. Mais rassurez-vous cette fâcheuse aventure n'est pas monnaie courante, pas plus que le fait de rencontrer de dangereux psychopathes. Seuls 9 randonneurs depuis 1974 ont connu le triste sort de tomber sur l'un d'entre eux !
Si tout cela ne vous a pas découragé(e), alors faites comme moi, ne sautez pas dans vos chaussures de rando mais installez-vous plutôt confortablement sur votre canapé pour suivre les pérégrinations de Bill Bryson (l'auteur du livre) et de son compère Stephen Katz, pas le compagnon idéal mais le seul qui ait accepté de le suivre dans cette folle équipée.
Jugez plutôt : l'Appalachian Trail (AT) longe la côte Est des Etats-Unis sur près de 3500 kilomètres de la Géorgie au Maine et traverse quatorze Etats américains. Une pointure du trek, à côté duquel notre GR 20 corse fait figure de débutant -;) Mais nos deux héros ne manquent pas de courage et d'humour non plus, surtout Bill Bryson qui nous fait le récit de cette équipée donquichottesque. Et l'on rit beaucoup à la lecture des déboires de nos deux trekkeurs amateurs qui se battent non pas avec les ours mais plutôt avec les nombreux parasites qui les assaillent quand ils ne sont pas aux prises avec une tempête de neige tardive, avec des cartes topographiques illisibles ou très sommaires ou enfin lorsque, épuisés, ils échouent dans des refuges on ne peut plus spartiates et dont les conditions de confort ne sont guère plus enviables que celles des camps de travail en Sibérie ou tout autre endroit sympathique du globe...
Mais l'on ne rit pas seulement à la lecture de ce récit. Bryson évoque avec beaucoup de justesse et de précision tous les ressentis du trekkeur ou du randonneur. Bien sûr l'éblouissement qui frappe celle ou celui qui se trouve tout à coup devant un spectacle de "début du monde". Mais ces moments de grâce sont comptés, il faut souvent affronter une nature primitive, inhospitalière qui ne fait pas de cadeau aux orgueilleux humains venus la défier ! Et au bout d'un certain temps, on devient autre à son contact : on acquiert une autre perception du temps, de l'espace, les ressentis corporels ne sont plus les mêmes sans parler de ces difficiles moments, où proches de l'épuisement, on ne doit son salut qu'au mode de "pilotage automatique" qui prend les commandes et nous permet d'avancer encore...
Intéressantes et inquiétantes aussi, sont toutes les informations qui touchent aux menaces qui pèsent sur cet environnement exceptionnel. Créé en 1921, non sans difficulté, l'Appalachian Trail connaît toutes les menaces écologiques qui planent sur ce genre de lieu : attaques parasitaires qui déciment certaines espèces d'arbres, fragilisation de la faune et de la flore en raison de la pollution et autres facteurs. Ce n'est là qu'un bref aperçu de tout ce qui se dégrade au niveau de cet écosystème.
Enfin, Bill Bryson s'en donne à coeur joie, lorsqu'il s'agit de critiquer l'american way of life. Qu'il s'agisse de dénoncer la sédentarité de ses compatriotes ou leur manque d'appétence pour la nature, il ne ménage pas sa plume et se livre à une satire sociale en règle. de même pour l'urbanisme galopant, qui lié à la folie consumériste, frappe dans les coins les plus reculés des Etats-Unis.
Quid de nos deux héros et de leur folle équipée ? Certes, ils ne font pas partie du podium final et ne parcourront que 1400 kilomètres, soit le tiers du parcours. Mais je laisserai le mot de la fin à Stephen : "En ce qui me concerne, j'ai fait le sentier des Appalaches. J'ai randonné dans la neige, j'ai randonné dans la canicule. J'ai randonné au sud, j'ai randonné au nord. J'ai randonné jusqu'à ce que mes pieds saignent. J'ai fait le sentier des Appalaches, Bryson."
Commenter  J’apprécie          378



Ont apprécié cette critique (34)voir plus




{* *}