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Bill Bryson et son ami Stephen Katz sont loin d'être des pros de la rando, et pourtant ils décident de s'embarquer sur l'Appalachian Trail, sentier de randonnée de l'Est des Etats-Unis aussi prestigieux qu'exigeant. Un défi, un challenge, un monstre : 3500 km, rien que ça, entre la Géorgie et le Maine, dont des portions non négligeables en totale autonomie. Tente, réchaud, couchage, vêtements, nourriture pour dix jours, au bas mot 20 kg sur le dos, autant dire que le moindre dénivelé (et ce n'est pas ce qui manque sur l'AT) fait figure d'Everest. Sans compter la pluie, la neige, le froid, la chaleur, les ours et la pire engeance : certains autres randonneurs spécialisés dans la boulet-attitude. Les statistiques refroidissent d'emblée les ardeurs des plus téméraires : moins de 10% des candidats à l'AT qui tentent de le faire d'une seule traite (soit 5 à 7 mois) en viennent à bout.
Vaille que vaille nos deux compères se mettent en route, et l'auteur nous raconte de façon désopilante leurs (més)aventures, avec humour et auto-dérision, et surtout sans se prendre au sérieux le moins du monde. Les anecdotes cocasses alternent avec la description des états d'esprit successifs qui submergent les randonneurs, de l'euphorie à l'abattement. Mais à côté de ce compte-rendu proprement dit, l'auteur nous en apprend tous azimuts : l'histoire de la création du sentier, ses drames, ses records et ses mythes, sa préservation et son entretien (ou pas) par les autorités américaines. Bill Bryson nous livre aussi ses inquiétudes quant aux menaces environnementales qui pèsent sur l'AT et sa région (parasites s'attaquant à certains arbres, pollution, urbanisation) et dénonce avec virulence le tourisme de masse, le consumérisme et la sédentarité de ses compatriotes.
Ce récit a été écrit en 1997 ; je me demande comment l'Appalachian Trail a évolué entre-temps...
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....pour voir si l'ours n'y est pas? Drôle d'idée avant de décider de parcourir le plus long sentier de randonnée des États Unis, alors qu'on n'est pas du tout familier de cette activité, de commencer par se documenter sur les attaques d'ours, les façons de les prévenir (rien n'est efficace, à part de pas marcher là où ils sévissent ) ou de les contrer (même commentaire que précédemment). C'est néanmoins décidé : Bill s'équipe. Et c'est la première d'une série d'occasions d'apprécier le comique de la situation. le sac à dos à 250 dollars qui nécessite des accessoires pour être pleinement fonctionnel (protection pour la pluie, cordes ... Bill demande au vendeur si le fond du sac est en option ou inclus dans la facture ! )
Une fois équipé, le recrutement d'un compagnon de souffrance. Personne? Si, de façon inespérée, un vieil ami pas vu depuis longtemps est prêt pour l'aventure. Belle surprise lors des retrouvailles : l'ami a considérablement augmenté son volume!
Les statistiques le disent clairement : une grande majorité des partants pour les 3400 et quelques kilomètres de l'Appalaches Treck y renoncent dans les premiers kilomètres et à peine 10 pour en viennent à bout. On parierait volontiers pour un cuisant échec pour notre couple de débutants. Et pourtant .... Certes, les premières étapes donnent lieu à des situations plutôt comiques, mais le récit ne se limite pas à cela, loin s'en faut. Les rencontres sont souvent riches sur le chemin. Et puis et c'est une part importante des confidences que nous livre l'auteur, c'est aussi un constat sans appel de la dégradation progressive des ressources naturelles de la planète : certes il est sans doute impossible d' en établir un bilan in vivo au cours d'une marche si attentive fut-elle à l'état des végétaux ou à la présence d'animaux : ce que nous livre Bill Bryson résulte d'un travail de documentation parallèle. Peu importe c'est suffisamment bien intégré dans le texte pour être informatif sans donner l'impression de copié-collé.
C'est aussi l'histoire d'une amitié improbable entre deux gars pas si assortis que ça. C'est aussi cela la magie du parcours, créer des liens sur lesquels on n'aurait pas parié 10 cents.

Un récit parfait peut tous ceux qui rêvent de faire le premier pas (GR 20, diagonale des fous, ou chemin de Compostelle) et qui peuvent en attendant souffrir avec nos deux compères et en rire avec eux. Même un chemin de mille lieues commence par un pas, dit le sage.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Un grand merci à Marple qui a eu le gentillesse de m'envoyer ce livre l'année dernière. Que ne l'ai-je ouvert avant ! Il fait désormais partie des rares lectures à m'avoir fait pleurer... de rire. J'ai tellement ri, notamment quand Bryson se prépare à entreprendre l'un des trails les plus audacieux au monde : le Sentier des Appalaches qui traverse treize Etats de la Côte Est américaine sur plus de 3 500 km de forêts et de zones sauvages préservées, que j'ai été aphone pendant plusieurs heures, du jamais vu.

Bien équipés et peu entraînés, Bryson et son compère Katz - plus ou moins fiable - se lancent donc à la découverte de la vie sauvage : le Wild. Tout en redoutant de croiser en chemin ours et pumas - dont la population américaine est bien supérieure à la pyrénéenne -, ils relèvent le défi de marcher plusieurs dizaines de kilomètres chaque jour, sacs de vingt kilos et tente dite imperméable sur le dos, canif et Snikers en poche. Péripéties et fous rires garantis.

Ce récit n'est pas un roman mais il se lit absolument comme un roman. A la fois témoignage autobiographique et information généraliste sur la faune, la flore et l'histoire de la préservation (ou pas) de l'environnement de cet immense pays aux paysages contrastés que constituent les Etats-Unis. Derrière un abord burlesque, ce sont de vraies connaissances que l'on acquiert ; c'est à une sympathique initiation que nous sommes conviés.

Les Etats-Unis comptent peu voire pas du tout de chemins de pèlerinage vers des lieux saints ou sacrés mais ils ont aménagé depuis presque deux cent ans des itinéraires "pleine nature" très ambitieux, moins pour les promeneurs du dimanche (rares, étant donné que l'immense majorité des Américains (plus de 90%) ne parcourt pas dix mètres sans sa voiture) que pour les randonneurs de l'extrême. Ces derniers sont prêts à affronter dénivelés, rivières en crues, nouilles gluantes cuites au réchaud, hypothermie et animaux sauvages pour le bonheur de ne faire qu'un avec Dame Nature.

Etant moi-même randonneuse et pèlerin, c'est donc avec autant de plaisir que de curiosité que j'ai suivi les pérégrinations de Bryson et Katz, souffrant avec eux à chaque crissement de lombaire et à chaque ampoule enflammée. Toutefois, les beautés naturelles minutieusement décrites, une fois mises en balance avec ce que l'auteur révèle de la mentalité de ses concitoyens, ne m'engagent toujours pas à franchir le pas (huit heures d'avion et l'Atlantique) pour aller physiquement à leur rencontre.


Challenge MULTI-DÉFIS 2018
Challenge Petit Bac 2017 - 2018
Challenge USA
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Comme son titre l'indique, 'Promenons-nous dans les bois' nous invite à un tour en forêt, plus précisément à un très grand tour de presque 3000 km dans les forêts des Appalaches, et plus précisément encore sur l'Appalachian Trail, AT pour les intimes.

Comme son titre le laisse deviner aussi, 'Promenons-nous dans les bois' est plein d'humour et de clins d'oeil, de références à la culture ou à l'histoire. Car les marcheurs qu'on suit ne sont pas n'importe quels marcheurs. Ce sont Bill Bryson, auteur talentueux de documentaires et de récits de voyages, et son ami d'enfance, le loser attachant Stephen Katz.

On suit leurs péripéties de randonneurs, des angoisses nocturnes aux égarements sur le sentier en passant par les ampoules ou les blizzards. Surtout, on suit l'évolution de leur état d'esprit : excitation, émerveillement, ennui, épuisement, colère, tristesse, angoisse, sérénité, plaisir, bien-être, solidarité...

On s'amuse avec eux des rencontres qu'ils peuvent faire, de leurs tentatives désespérées d'échapper aux boulets par la fuite ou la vengeance, de leurs conversations loufoques ou de leurs petits rituels. On apprend des choses sur l'Appalachian Trail, son histoire, son entretien, ses mythes ou ses paysages grâce aux nombreux passages documentaires.

C'est probablement le récit de voyage à pied que j'ai préféré, peut-être simplement parce qu'il ne se prend pas du tout au sérieux, échappant par là-même au mysticisme ou au drame, et laissant beaucoup de place à l'humour et à l'autodérision.

Pas de doute, je retournerai bientôt me promener avec Bill Bryson, en Australie, à la découverte de presque tout ou sur d'autres chemins...
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Je m'interroge : pourquoi les randonneurs randonnent-ils ?
Fatigue, ennui, soif, froid, faim, douleurs de toutes sortes, climat cruel, peur de rencontrer des bêtes féroces, ou des gens féroces…oui, je m'interroge.
Et ma lecture de Bill Bryson n'éclaircit nullement ma question.
Car cet écrivain a parcouru, en partie en compagnie de son ami Katz, 1400 km du fameux sentier des Appalaches qui compte à lui seul 3500 km, de la Géorgie jusqu'au Maine.
Forêt profonde : « Depuis 300 ans la forêt américaine a été le lieu de toutes les angoisses ».
Aucune trace de civilisation : « le sentier des Appalaches a conservé un mépris magnifique pour toute forme de commercialisation »
Refuges pour le moins inhospitaliers. Autres randonneurs souvent exaspérants par leurs petites manies ou leur sans-gêne.

Peut-être est-ce la vacuité de l'esprit qui attire ?
« En randonnée, la vie revêt une simplicité bien ordonnée. le temps cesse d'avoir une signification. Vous n'avez aucune obligation, aucun engagement, aucune ambition particulière ; vos désirs dont des plus modestes. Vous existez dans un ennui tranquille ».

Je soupçonne Bill Bryson de s'être beaucoup plus éclaté dans la rédaction de sa randonnée, car je peux vous assurer que l'Américain moyen est rien moins que critiqué ! le mode de vie américain est vilipendé, et cela férocement, ironiquement, totalement !
« Quand on quitte le sentier, la réalité de la consommation nous saute à la figure : stations-service, supermarchés Walmart et Kmart, Dunkin'Donuts, boutiques de locations de vidéos. Un défilé continuel de monstruosités marchandes (…)
En Amérique, hélas, la beauté implique un trajet en voiture et la nature est affaire de tout ou rien : soit vous la domptez sans ménagement, soit vous la traitez comme quelque chose de sacré, de distant, tel le sentier des Appalaches ».

Oui, il s'est lâché, Bill Bryson. C'est dommage qu'il se soit aussi répandu dans la description de ses lectures sur « le sentier », où d'innombrables renseignements historiques, géologiques, géographiques, botaniques ( et j'en passe !) cassent le rythme.
Et le rythme en randonnée, il ne faut pas rigoler avec ça !

Robert Redford, qui a été un des 2 acteurs principaux de l'adaptation cinématographique, a déclaré : « Jamais un bouquin ne m'a fait autant rire ».
Un Américain, oui, s'y reconnaitra. Un Européen y retrouvera tous les clichés sur les Américains.
Et moi, ma foi, j'ai souri et me suis dit que mes petits bois et mes bouts de campagne me suffisent, oh oui.
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« Tu sais cuisiner autre chose que des nouilles ? »

Quel bon moment de lecture !
Une randonnée dans l'Appalachian Trail (AT) sous le froid, le chaud, la neige ou la pluie et en compagnie de Bill Bryson et son ami Katz, ces deux randonneurs du dimanche qui se transforment au fil des kilomètres. Et puis il y a aussi les autres : les mordus ou thru-hikers, les perdus -spécialement Chicken John-, les touristes, la faune et la flore, et même peut-être avec un ou deux ours… J'ai beaucoup appris pendant cette lecture, découvert des petits morceaux de l'histoire de ce pays aux paysages magnifiques. Réellement ce livre est non seulement écrit avec humour mais aussi avec beaucoup d'amour pour cette terre et ses habitants (tous, même les moucherons). On y découvre que les associations pour la défense de la nature n'ont pas toujours été très actives, que des villes brûlent pendant des décennies, que des gens meurent sur l'AT (randonneurs ou habitants, suivant les époques) mais aussi que la vie peut être belle avec un sneaker et un paquet de nouilles un soir en compagnie de nouveaux arrivants, sous le petit refuge lors d'une halte bien méritée après plusieurs cols enquillés les uns derrière les autres en une journée de galère.
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Un récit vivant, drôle et bien documenté qui offre au lecteur un superbe trek sur l'Appalachian Trail ,( l'AT pour les connaisseurs ! ), l'ancêtre des sentiers de rando qui fait dans les 3500 km parcourant les Appalaches de la Georgie au Maine.

J'avais déjà "fait " le Pacific Crest Trail avec Cheryl Strayed ( Wild) , la Route de la Soie avec Bernard Ollivier, le Montana et les déserts avec Doug Peacock et Edward Abbey,ou Rick Bass, sans oublier Jim Harrison et bien d'autres encore... et, Bill Bryson aura une place de choix dans la liste de mes favoris car il se révèle être un merveilleux compagnon de route pour le lecteur !

Un excellent conteur qui offre un récit vivant, bourré d'anecdotes du quotidien, souvent livrées avec humour et finesse .
L'auteur veut par ce livre partager son aventure, certes ,mais, c'est surtout le prétexte pour aborder des réflexions sur des thèmes aussi sérieux que l'écologie et le devenir de l'environnement, la vie sociale, les échanges humains ,le tout abordé souvent avec dérision, une légèreté apparente qui met l'accent sur l'évolution de notre monde.

Une mine de réflexions, des sujets de méditation.

Une critique acerbe aussi sur des comportements humains irréfléchis .
Il dit simplement ce qu'il pense, sans langue de bois, pas toujours tendre avec la société américaine mais sans pour autant s'épargner l'autodérision !

Après Motel Blues, c'est le second livre que je lis de Bill Bryson ...et, je ne vais pas m'en tenir là.
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J'ai mal aux jambes d'avoir tant marché ! mais j'ai aussi mal aux joues d'avoir tant ri!
Quelle jubilatoire aventure que d'avoir parcouru à pieds dans les pas de Bill Bryson 1400 des 3500 kms que compte l'Appalachian Trail, franchi ses dizaines de sommets et traîné un sac à dos beaucoup trop lourd au milieu de ses forêts denses et démesurées : un périple entre burlesque et exploit qui narre de l'intérieur les affres et bonheurs du randonneur, dans lequel tout marcheur non aguerri se reconnaîtra !

Ce récit bourré d'humour, d'expérience à hauteur d'homme et de considérations naturalistes est un vrai bain de fraîcheur au coeur de l'été, et qui offre une perspective tout à fait originale sur les Etats-Unis, une traversée du Maine à la Géorgie par une étroite bande de nature préservée dans laquelle la splendeur des hauteurs fait percevoir avec d'autant plus d'acuité la laideur repoussante de l'urbanité consumériste des agglomérations à laquelle nos deux randonneurs sont régulièrement ramenés. Quelle chute en effet que de passer en une poignée d'heures de la contemplation d'un orignal buvant l'eau miroitante d'un lac de montagne au parking bétonné d'un Dunkin Donuts ! Mais nous sommes en Amérique, et cette contradiction-là ainsi que beaucoup d'autres, l'auteur la commente avec une finesse, un recul et une humanité vraiment plaisante.

Cerise sur le gâteau, il y a un autre voyage que ce livre m'aura permis de faire : celui d'un Babéliaute à l'autre, car « Promenons-nous dans les bois » m'est venu dans les mains suite à la critique de Gwen21 ici-même, qui elle-même le tenait de Marple, qui elle-même peut-être… ? En plus d'un moment de lecture agréable, c'est donc le plaisir d'un partage joyeux, et rien ne me ferait plus plaisir que de savoir que la chaîne se poursuit !
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C'est un bon bain de fraîcheur et de nature que nous propose là Bill Bryson. Avec son humour très américain et son sens de l'analyse, il nous mène une fois encore, après Motel Blues, au coeur des Etats-Unis, mais cette fois-ci côté forêt.
Si vous avez lu Wild de Cheryl Strayed, c'est un peu le même récit mais au masculin, côté est et non ouest et l'humour en plus. Maintenant qu'il habite dans le New Hampshire avec sa famille, Bill Bryson saisit l'occasion pour parcourir le plus long et le plus ancien chemin pédestre des Etats-Unis: plus de 3500 km du nord au sud, le long de la chaîne des Appalaches. Un vieil ami, Katz, saisit la balle au vol et accepte de l'accompagner, malgré son embonpoint, sa propension à boire et son besoin de manger toutes les heures...
Avec son talent inimitable, il nous dépeint son ami Katz et ses rencontres le long du chemin avec une grosse dose d'exagération et d'humour, et pas mal d'auto-dérision, ce qui est finalement rafraîchissant quand on se retrouve confronté, peu avant, aux constatations désespérémment réalistes sur l'état de la diversité de la faune et de la flore actuellement... Bryson cite régulièrement, études à l'appui, les horreurs que les Hommes commettent envers la nature: déforestation, chasse massive des "nuisibles", barrages incontrôlables, abandon des espèces en danger, constructions d'infrastructures touristiques...
J'ai lu ce récit d'un périple à pied de plus de mille kilomètres -seulement un tiers du Appalachian Trail! - avec beaucoup de ferveur et de bonheur mais aussi, bien sûr, de dégoût pour notre espèce. Sans parler de ces évocations des petites villes américaines toutes semblables, avec leur shopping centre et leurs restos hamburger -frites - coca - glace.
Je le conseille cependant vivement à tous les marcheurs, petits ou grands, et à tous ceux qui ont besoin d'un petit souffle vivifiant!
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"Promenons-nous dans les bois, pendant que le loup y est pas...". En fait de loup, s'il vous vient la fantaisie de vous lancer sur l'Appalachian Trail, c'est plutôt des ours noirs ou des grizzlys que vous risquez de rencontrer si par un malheureux concours de circonstances vous venez à croiser leur chemin. Mais rassurez-vous cette fâcheuse aventure n'est pas monnaie courante, pas plus que le fait de rencontrer de dangereux psychopathes. Seuls 9 randonneurs depuis 1974 ont connu le triste sort de tomber sur l'un d'entre eux !
Si tout cela ne vous a pas découragé(e), alors faites comme moi, ne sautez pas dans vos chaussures de rando mais installez-vous plutôt confortablement sur votre canapé pour suivre les pérégrinations de Bill Bryson (l'auteur du livre) et de son compère Stephen Katz, pas le compagnon idéal mais le seul qui ait accepté de le suivre dans cette folle équipée.
Jugez plutôt : l'Appalachian Trail (AT) longe la côte Est des Etats-Unis sur près de 3500 kilomètres de la Géorgie au Maine et traverse quatorze Etats américains. Une pointure du trek, à côté duquel notre GR 20 corse fait figure de débutant -;) Mais nos deux héros ne manquent pas de courage et d'humour non plus, surtout Bill Bryson qui nous fait le récit de cette équipée donquichottesque. Et l'on rit beaucoup à la lecture des déboires de nos deux trekkeurs amateurs qui se battent non pas avec les ours mais plutôt avec les nombreux parasites qui les assaillent quand ils ne sont pas aux prises avec une tempête de neige tardive, avec des cartes topographiques illisibles ou très sommaires ou enfin lorsque, épuisés, ils échouent dans des refuges on ne peut plus spartiates et dont les conditions de confort ne sont guère plus enviables que celles des camps de travail en Sibérie ou tout autre endroit sympathique du globe...
Mais l'on ne rit pas seulement à la lecture de ce récit. Bryson évoque avec beaucoup de justesse et de précision tous les ressentis du trekkeur ou du randonneur. Bien sûr l'éblouissement qui frappe celle ou celui qui se trouve tout à coup devant un spectacle de "début du monde". Mais ces moments de grâce sont comptés, il faut souvent affronter une nature primitive, inhospitalière qui ne fait pas de cadeau aux orgueilleux humains venus la défier ! Et au bout d'un certain temps, on devient autre à son contact : on acquiert une autre perception du temps, de l'espace, les ressentis corporels ne sont plus les mêmes sans parler de ces difficiles moments, où proches de l'épuisement, on ne doit son salut qu'au mode de "pilotage automatique" qui prend les commandes et nous permet d'avancer encore...
Intéressantes et inquiétantes aussi, sont toutes les informations qui touchent aux menaces qui pèsent sur cet environnement exceptionnel. Créé en 1921, non sans difficulté, l'Appalachian Trail connaît toutes les menaces écologiques qui planent sur ce genre de lieu : attaques parasitaires qui déciment certaines espèces d'arbres, fragilisation de la faune et de la flore en raison de la pollution et autres facteurs. Ce n'est là qu'un bref aperçu de tout ce qui se dégrade au niveau de cet écosystème.
Enfin, Bill Bryson s'en donne à coeur joie, lorsqu'il s'agit de critiquer l'american way of life. Qu'il s'agisse de dénoncer la sédentarité de ses compatriotes ou leur manque d'appétence pour la nature, il ne ménage pas sa plume et se livre à une satire sociale en règle. de même pour l'urbanisme galopant, qui lié à la folie consumériste, frappe dans les coins les plus reculés des Etats-Unis.
Quid de nos deux héros et de leur folle équipée ? Certes, ils ne font pas partie du podium final et ne parcourront que 1400 kilomètres, soit le tiers du parcours. Mais je laisserai le mot de la fin à Stephen : "En ce qui me concerne, j'ai fait le sentier des Appalaches. J'ai randonné dans la neige, j'ai randonné dans la canicule. J'ai randonné au sud, j'ai randonné au nord. J'ai randonné jusqu'à ce que mes pieds saignent. J'ai fait le sentier des Appalaches, Bryson."
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