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Critique de michfred


Le catalogue de l'exposition Basquiat est un bel objet: grand format, reproductions de toutes les oeuvres de l'exposition, qualité des couleurs, abondance de  documents supplémentaires, extérieurs à l'immense rétrospective,  organisée par la Fondation Vuitton , en l'honneur du jeune artiste fauché à vingt-sept ans par la camarde qu'il peignait si souvent.  J'ajoute aussi superbes photos de l'artiste lui-même qui est une oeuvre d'art à lui tout seul..

Le catalogue comme le parcours de l'exposition s'achèvent sur l'étonnant Riding with Death de 1988. Oeuvre ultime, superbe : sur un fond gris métallique, le dessin d'un homme nu chevauchant sa monture, chronique d'une mort précoce et annoncée.

L'accent est mis sur tout ce qui fait la spécificité de cet artiste météore qui sort de l'anonymat en 1980 et meurt d'overdose en 1988 : d'abord  son engouement pour l'anatomie, consécutif à un accident qui l'immobilise à 7 ans, à l'hôpital : il dévore la Gray's Anatomy que lui a donnée sa mère. Puis sa passion et sa fine connaissance du jazz - ses "heads" ou thèmes majeurs autour desquels on improvise,  marquent à la fois les rythmes de son écriture,   répétitive, lancinante, sur les tableaux, et ses thèmes picturaux, puisque les " heads" sont aussi des masques inspirés de l'art africain..Et enfin, sa culture , hautement revendiquée, face aux snobinards de New York ou Los Angeles, par ce fils d'un père haïtien et d'une mère portoricaine,  élevé à l'école des pauvres, mais qui a très tôt fréquenté les musées avec sa mère, a été reconnu et adoubé par les plus grands,   et s'est forgé,   à la force du poignet, une solide culture artistique, antique et contemporaine .

D'où l'importance des mots, litanies, listes, photocopies de textes qui pullulent dans ses oeuvres comme pour surligner le message intellectuel d'un peintre qui refusait qu'on l'enferme dans la catégorie de street artist, de graffeur muraliste, étiquettes  qu'on ne manqua pas de lui coller, et clamait sa filiation avec Vinci ou Picasso

Tout ceci, le catalogue le rend sensible...si l'on passe sur la tendance jargonnière - jargonnante?jargonneuse?- de certains spécialistes ad hoc...mais si l'on s'accroche, si l'on se replonge avec ferveur dans l'oeuvre, le message passe, et s'imprime en lettres noires sur fond de planches colorées,  entre des masques grimaçants et des graffitis  protestataires.
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