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Critique de Yassleo


Beurk dégueu le gars... mais on le lit quand même. Sûrement parce que c'est Bukowski.
Car il faut bien reconnaître que son histoire personnelle et son excentricité sont pour beaucoup dans sa renommée. Sans ce vécu sur lequel il s'appuie (violence, alcoolisme, débauche sexuelle, ouais ça vend pas du rêve sa vie...) pour ma part je détesterais ses livres et leur vulgarité. Mais lui, il sait de quoi il parle, du coup sa vie d'oisiveté et ses perversions le rendent presque touchant. Attention, touchant dans son écriture et sa lucidité sur ses vices, parce que niveau humain, il est plutôt à gerber quand même...

Ceci dit je comprend qu'il ait eu du succès tardivement: fallait des sacrées cojones (n'est pas Bukowski qui veut, j'ai du mal à écrire vulgairement, et c'est vraiment casse-couilles ça) pour éditer le bonhomme. Et au passage, les mêmes sacrées cojones pour écrire aussi crûment et proposer le manuscrit. Mais ça, on comprend vite qu'il en a des couilles lui (finalement on s'y fait vite..), vu qu'il en parle toutes les deux pages. Plus de secret sur l'anatomie de monsieur, ni sur ses pratiques sexuelles, et pas de préliminaires s'il vous plait: dès les premières pages, on devient super intime. Cool...
Et de la bibine aussi il en parle pas mal tiens, une arsouille de première le Hank, nourri à la bière. Remarque il n'a pas tort, ça doit sûrement être plus facile d'écrire bourré. Pas besoin de réfléchir, il écrit comme il parle, comme il pense. Faut oser quoi. Et lui il ose.

L'avantage c'est qu'on sait à quoi s'attendre avant d'ouvrir un de ses livres. Vocabulaire cru, sans détour, vulgarité à tous les étages, pas de filtre, pas de censure. Donc on ouvre ou pas, au choix. Sauf que ses écrits sont indispensables pour connaître et comprendre l'homme, donc on se doit de lire ces nouvelles avant de le juger sur son image ou ses frasques télévisuelles. Car aujourd'hui, plus que son talent d'écrivain, il a peut-être davantage marqué les esprits suite à son mémorable passage chez Pivot, ce qui n'est pas sa meilleure pub en soi. D'un autre côté, je crois qu'il s'en foutait pas mal de sa pub...
C'est donc seulement après l'avoir lu qu'on peut affirmer haut et fort qu'il est en effet écoeurant et abject, avec les femmes, ses potes, lui-même et le monde entier en fait. C'est évidemment ce qui saute aux yeux, il ne cherche pas à s'en cacher et assume pleinement sa vie dissolue et sa misanthropie, sans remords. L'écriture devient alors un échappatoire à cette dépravation. Et toute sa force d'écriture réside dans ce simple fait qu'il ne cherche jamais ni à se justifier ni à s'excuser. Il raconte tel quel, à prendre ou à laisser. Brut(e). Et il nous dit zut. Pardon, il nous crache à la gueule serait plus juste.
Bukowski était libre, et faisait ce qui lui plaisait qu'on se le dise.

Bourré oui mais pas con. Finalement Bukowski est peut-être un détestable personnage (peut-être car j'ose parfois croire naïvement qu'il grossit le trait...), mais reste admirable de courage, de réalisme, atypique et toujours fascinant.
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