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Critique de PhVl


PhVl
16 septembre 2021
Cet avertissement de Raphaël Sorin dans la préface : "... les [...] fanas de prose minimale (Auster, Carver) font la fine bouche devant Bukowski. Liqueur trop forte, trop de foutre et trop de caca."
En ce qui me concerne, j'adore Carver, mais il y a encore plus longtemps que j'aime me faire rembarrer par la prose bourrue de Bukowski. A la lecture de ce recueil, d'aucun auront probablement l'impression que c'est facile de produire à la chaîne ces miniatures faite de beuveries et de coucheries tristes. Je pense au contraire qu'il faut pour ça un élan créateur doublé d'une sincérité qui ne courent pas les rues.
A un moment j'ai ouvert ce livre là où il y avait le marque-page et j'ai commencé à lire, un poème puis deux, et j'ai remarqué que j'étais proche de la fin, une dizaine de pages, et je me suis dit que j'allais prendre un petit moment pour le finir avant de passer à ce que j'avais d'autre à faire, ce qu'il est convenu d'appeler son travail. Mais finalement non, parce qu'en fait c'est un recueil de poèmes, et que dix pages d'un recueil de poèmes, on ne peut pas savoir à l'avance le temps qu'on va passer dessus. Ca n'a pas de sens d'enchaîner les poèmes d'un recueil comme les paragraphes d'un "page-turner". Les recueils de poèmes, ce sont les anti-"page-turner", ce qu'on cherche en réalité en les lisant, c'est à s'arrêter, et c'est probablement aussi ce que ces livres cherchent à nous faire faire. Sur chaque page il y a peu de mots, ils sont loin d'occuper toute la place, et dans le fond ils pourraient très bien ne pas être là du tout, et si on les lit trop vite, juste pour passer à la page suivante ou pour finir le livre parce qu'on est proche de la fin, ce sera comme s'ils n'avaient pas été là, comme si on n'avait rien fait, et on aura complètement perdu notre temps en essayant d'en gagner un peu. Ces quelques phrases gagnées sur le blanc de la feuille, il faut plutôt les inspecter, se demander ce qu'elles font là, pourquoi l'auteur n'a pas pu faire autrement que de les mettre là ; se demander aussi s'il n'a vraiment pas pu faire autrement que de les mettre là (parce que dans le cas contraire c'est de la triche), se demander ce que ça lui a fait, ce que ça nous fait à nous, et puis relire, apprendre par coeur quelques fois...
On ne peut vraiment pas savoir à l'avance le temps qu'on va passer à lire dix pages d'un recueil de poèmes.
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