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Critique de Lucilou


Enfant, "Les Derniers Jours de Pompéi" m'avaient littéralement fascinée. Je me rappelle l'avoir dévorée après avoir vu un reportage avec mes parents sur la ville et son volcan, m'attachant aux personnages (à Glaucus -je crois bien que le temps de ma lecture, j'en fus un peu amoureuse!- et à Nydia dont j'aurai tant voulu être l'amie) et n'attendant qu'une chose: l'éruption du Vésuve et la tragédie. J'avais dû dégoter le livre chez ma grand-mère ou l'une de mes tantes, une vieille édition de la bibliothèque verte un peu jaunie, propriété sans doute de l'une de mes cousines bien plus âgée que moi.
Quelle ne fut pas ma déception quelques années plus tard de me rendre compte que ce roman que je chérissais n'était qu'une version tronquée de l'oeuvre d'Edward Bulwer-Lytton. Elle était parfaite pour de jeunes lecteurs cette version, mais quand même, je m'étais sentie trahie: qu'avais-je manqué?
Et puis le temps passe, un livre chasse l'autre. Je n'ai renoué véritablement avec "Les derniers jours de Pompéi" qu'assez récemment, lors d'un voyage autour de la baie de Naples dont l'apothéose devait être la visite de Pompéi et l'ascension du Vésuve. Un rêve qui se réalisait. Afin de préparer le voyage, j'ai entrepris de traquer la version intégrale du roman, jetant mon dévolu sur l'édition du livre poche.
Echec.
L'histoire était tronquée à nouveau et sans raison, la présente édition se destinant à un lectorat adulte. Par ailleurs, nulle mention des coupes sur la couverture… Je l'ai quand même lu, mais hélas: à Pompéi rien de nouveau!
J'avais renoncé à ma version intégrale jusqu'à ce mois de septembre où je suis tombée sur le précieux sésame heureusement édité par Libretto (là-bas, ils ont l'air de s'être donné pour mission de rééditer des classiques méconnus ces temps-ci: que les dieux de la littérature les bénissent!).

L'épaisseur du livre a fini de me convaincre du bien-fondé de mon achat. Là où le livre de poche ne comptait que 250 pages, celui-ci en offre 567! Lectrice, lectrice, ne vois-tu rien venir? Je vois Pompéi plus riche et plus belle, je vois le Vésuve qui gronde davantage, je vois la vie -plus ample- de tous ces personnages!
Alors oui, je suis retournée à Pompéi. J'ai retrouvé Glaucus et Nydia, Ione et Arbacès, Apaecidès et Olynthus et ce furent de chaleureuses retrouvailles, de volcaniques retrouvailles même (je sais, elle est nulle, mais c'était trop tentant!).

En l'an 79 de notre ère, Pompéi est l'une des cités les plus florissantes du bassin méditerranéen. Multiculturelle, bruyante et agitée, la ville est l'un des joyaux de la baie de Naples où il fait bon vivre. L'argent y coule à flots pour les riches patriciens qui y ont fait bâtir d'opulentes villas dans lesquelles ils donnent de plantureux banquets. Rome est loin, mais nul besoin de la capitale quand ses fastes dépassent ses frontières. Ses intrigues, ses rivalités, ses jeux d'amour et de pouvoir aussi.
Glaucus est l'un de ces patriciens. Jeune, riche et beau comme un dieu, l'athénien bouleverse le quotidien d'une petite esclave thessalienne, Nydia, qu'il sauve de la misère et de la cruauté de ses maîtres en même temps qu'il tombe fou amoureux de la belle Ione qui telle Hélène en son temps est l'objet de toutes les convoitises. Outre Glaucus et une floppée de prétendants, il est un homme en particulier qui la désire furieusement: Arbacès l'égyptien, prêtre d'Isis, aussi sombre et sournois. Ce dernier va tout tenter pour conquérir celle dont il est le tuteur et ne renoncera pour ce faire à aucune bassesse. Pendant ce temps, les adorateurs d'une religion naissante sortent de l'ombre et tentent de se faire une place dans la cité qui résonne des bruits de la vie de ceux qui la peuplent. Tout va bien à Pompéi.
Tout va bien, mais non loin de là, le Vésuve s'éveille et bientôt, il déversera sa colère sur la ville qui est en train de vivre ses derniers instants, mais qui l'ignore encore...

"Les derniers jours de Pompéi" est un roman extrêmement riche, foisonnant, pluriel qui entreprend de faire revivre pour ses lecteurs les dernières heures d'une ville devenue légende et qui n'eut de cesse de fasciner des générations de visiteurs. Bulwer-Lytton nous promène dans Pompéi, nous fait pénétrer dans ses maisons, ses tavernes, nous décrivant les ruines qu'il a sans doute arpenté lors de son tour d'Europe et ressuscitant pour nous ce qu'elles furent durant leurs heures de gloire, y déversant sa verve et son imaginaire, redonnant vie au passage à toutes ces silhouettes pétrifiées dont on ne saura jamais rien. Cette balade toute en nostalgie se mût soudain en machine à remonter le temps, l'auteur nous donnant à voir avec luxe de détails ce qu'était la vie à Pompéi, ses fastes, ses inégalités, sa vie quotidienne, ses croyances aussi. le roman évoque longuement le culte d'Isis, un peu inquiétant, un peu trouble et forcement fascinant et l'émergence du christianisme qu'il traite avec un esprit critique tout à fait appréciable.
Mais "Les derniers jours de Pompéi" ne constitue pas seulement un très agréable cours histoire antique. C'est également un roman passionnant, palpitant, ce sont des personnages inoubliables. C'est une magnifique histoire d'amour doublé d'une formidable tragédie que l'on sent monter peu à peu, que l'on attend tout en la redoutant... Il y a quelque chose du "Titanic" dans ce texte au souffle aussi épique que romanesque, romantique même. On sait que le drame couve, qu'il sonnera la fin d'un monde, mais on espère quand même, contre toute raison et on frémit comme autant de stradivarius quand la catastrophe tant redoutée arrive enfin...
Certains passages du roman sont d'une beauté à couper le souffle et tutoient le grandiose (l'éruption du Vésuve! La fin de la ville! Mais quelle beauté mon dieu!). D'autres ont, en revanche, un peu vieillis (il s'agit souvent de ceux que les éditeurs ont retranché dans leurs éditions): ils portent en eux les préjugés du XIX° siècle sur l'Antiquité, l'orient ou même l'Italie, ce qui fait un peu grincer les dents de la lectrice moderne que je me targue d'être. Enfin, certaines descriptions traînent un peu en longueur et leur syntaxe paraît un peu datée, plus en tout cas que d'autres romans de la même période. Cela confère toutefois au roman un petit je ne sais quoi de désuet qui m'attendrit toujours immanquablement.

Malgré ces légères réserves, je suis ravie d'avoir enfin pu lire la totalité de cette histoire, autant pour le plaisir de voir vivre plus longtemps plus et intensément les personnages que parce que j'estime qu'on doit à un auteur de ne pas tronquer ses écrits, quand bien même ils aient parfois un peu vieillis.
Et puis, à quoi bon palabrer? Je l'aime toujours tellement ce roman! Et Glaucus et Nydia sont toujours mes préférés.















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