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Critique de Zephirine


« Les Coeurs endurcis », c'est avant tout le destin d'une mère et ses trois filles qui vont devenir des femmes.
Cette saga familiale se déroule en Cachoubie, une province polonaise. Tout débute dans les années trente avec Rozela la mère. Ses trois filles, Gerta, Truda et Ilda, elle doit les élever seule après la mort de son mari. Outre ces quatre femmes, l'histoire tourne autour de la maison que Rozela a construite tout au bout du village de la Colline-aux-Vierges.
« C'était l'année 1932, l'hiver. Les murs n'avaient pas encore connu la chaleur. La maison était solide »
Puis la guerre est arrivée avec son lot de malheur, invasion de soldats allemands, puis russes et Rozela qui avant tout a protégé ses filles n'a pu se soustraire à la violence des hommes. Une trace de sang, incrustée dans le plancher en témoigne. Ce terreau d'horreur, de pauvreté et d'incertitudes va modeler les caractères de ces femmes pour lesquelles la vie doit se vivre coûte que coûte. Il faut s'endurcir et museler son coeur.
« Fille naturelle d'une fille naturelle, condamnée à vivre dans un sentiment perpétuel de honte, Rozela gardait la tête haute et enseignait la même chose à ses filles. Noble. Quoique paysanne. Courageuse. Quoique femme. »
De tempéraments différents, les trois filles se battent contre l'adversité. L'ainée, Gerta, la plus raisonnable, se souvient lorsqu'elle était cachée dans la cave et qu'elle entendait les soldats marcher au-dessus de sa tête. Elle admire sa mère, si forte, et l'aide au mieux avec les poules et les cochons.
Truda est l'amoureuse et la rêveuse. Son fiancé est rejeté par sa mère parce qu'il est allemand, elle jette alors son dévolu sur Jan le gitan. Il l'épousera mais elle continuera à demander à son ancien fiancé de lui envoyer de Berlin d'élégantes chaussures à talon.
Des trois soeurs, Ilda la fantasque est la plus rebelle. Vêtu d'une combinaison en cuir, elle conduit un side-car trouvé dans un fossé et se moque du qu'en dira-t-on. Elle aura une liaison avec un sculpteur marié. Il lui offrira des robes couteuses, elle sera son modèle pour une statue gigantesque.
Chacune des soeurs subira des tempêtes, des épreuves, des déceptions. Il y aura aussi des moments heureux, la vie quoi ! Elles connaitront les tromperies et la jalousie des hommes, elles mettront des enfants au monde. Gerta aura trois filles, Truda, deux fils, le sien et l'enfant illégitime de Jan qu'elle élèvera comme le sien lorsque son mari sera incarcéré.
A chaque gros temps, la maison de la Colline-aux-Vierges devient le port calme où se réfugier. Et si parfois les soeurs et leur mère peuvent se montrer impitoyables entre elles, elles finissent toujours par se retrouver grâce à ce lien très fort qui les unit.
La construction très originale du roman nous fait traverser la vie de ces quatre femmes selon les saisons et les évènements qui jalonnent leurs vies. Cela débute par un enterrement et se clôt par la mort de Rozela. L'histoire est découpée en courts chapitres, chacun débutant par le prénom de l'une des quatre femmes, créant un récit dense comme les fils de couleurs différentes qui, une fois tissés, forment une toile serrée, inébranlable comme la solidarité entre ces femmes.
Malgré l'époque troublée, émaillée de drames, le récit n'est pas larmoyant. Il y a une incroyable énergie dans l'écriture de Martyna Bunda et on se laisse emporter par les aventures à la fois tourmentées et drôles de ces « pasionarias » de la solidarité féminine.
Je remercie les éditions Noir sur Blanc et Masse critique de Babelio pour la découverte de ce roman captivant.
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