Citations sur The price of revenge (24)
Je suis dévorée par une curiosité morbide à l’idée de me retrouver de nouveau face à lui, maintenant que je sais qu’il est celui qui a propulsé ma vie sur le devant de la scène. J’ai l’impression que cette situation n’est pas réelle, que tout n’est qu’une invention de mon esprit malmené, un mirage provoqué par mon stress post-traumatique. Je vais finir par me réveiller et réaliser que ça ne sert à rien de vouloir retrouver ce journaliste, car finalement, il n’est pas l’élément déclencheur de ma tragédie, mais seulement un intervenant qui a aggravé la situation.
Je ne sais pas qui est cet homme, mais il réveille ce côté primaire que j’ai toujours connu enfoui en moi. Et je n’aime pas ça. Du tout. Je ne veux pas avoir envie de lui comme si aucun autre homme n’avait d’intérêt. Je ne veux pas m’intéresser à lui, même physiquement.
La musique finit par ralentir, pas mon cœur.
Pas lui,
Il n'écoute jamais.
Ne se calme pour rien au monde.
Et ce, depuis huit longues années.
Il continue sa chamade infernale,
peut-être pour deux,
peut-être pour ne pas oublier qu'il le peut.
Qu'il a cette chance.
Alors je savoure chacun de ses coups contre ma
poitrine,
pas mal cabossée, depuis le temps.
Chapitre 3 :
Olive
«… J’ouvre la bouche pour répondre, mais il a déjà raccroché.
Et moi, je reste interdite, avec de nouveaux indices pour résoudre mon énigme. À combien de personnes est-ce que je vais devoir parler avant d’avoir la vérité ?
Je tape le nom de ce Alec MacGall sur Google, puis…
Puis mon cœur ralentit.
Le démon bondit brusquement au creux de mon ventre. Il sort de sa torpeur, appâté par un parfum. Celui de mes erreurs.
Des photos s’affichent devant mes yeux, si nombreuses, si déstabilisantes. Et je déraille. Je sors de mon axe et je chute.
Je le connais.
Du moins, je le reconnais.
L’homme de la veille.
L’homme du club. L’homme de l’autre côté du bar. En costume Hugo Boss et sourire narquois. L’homme qui m’a embrassée comme un affamé.
L’homme que je suis incapable de sortir de mes pensées. …»
Prologue :
«… Mes yeux se posent alors sur une scène sur laquelle je ne pensais pas tomber en venant ici.
Je me décale subitement pour ne pas me faire repérer, tout en continuant à fixer la scène que j’ai sous les yeux et qui me bouleverse par sa brutalité.
Tétanisé, j’observe comme un voyeur pendant ce qui me semble être une éternité.
Il faut que j’agisse, pourtant.
Je lève mon portable, ouvre l’appareil photo et prends un cliché.
Le bruit du téléphone me fait violemment sursauter, et je fais aussitôt demi-tour, avec la sensation que mille yeux m’épient, me jugent. Me disent que je vais le regretter.
J’avais la conviction qu’il fallait que je montre cette photo aux gars, mais quand je saute de l’autre côté de la clôture et que je les retrouve, je ne me résous pas à leur dévoiler quoi que ce soit. Je prétends qu’il n’y avait personne, alors que je suis glacé de l’intérieur, aveuglé par la scène que j’ai eue sous les yeux et que mon téléphone a sauvegardée précieusement, comme un trophée morbide.
Je suis entré sans rien penser. À des années-lumière de l’idée que je pourrais la trouver dans cet état. …»
Tout le monde dit qu’il y a le cœur et la raison, qu’il n’y a qu’eux qui te dictent la façon dont tu te comportes. Mais c’est faux, il y a un troisième élément. Un élément que tout le monde n’a pas. La douleur. La douleur est la voix la plus forte, celle qui éclipse le cœur et la raison en une fraction de seconde, car la douleur doit être atténuée, par tous les moyens, le plus vite possible. Alors si ta douleur te souffle de contacter ce journaliste, fais-le, car quand la douleur parle, il faut l’écouter.
J’ai passé la nuit à penser à lui, et je n’arrive toujours pas à me le sortir de la tête. Il hante mon esprit, colonise mes pensées, scarifie ma peau de son souvenir. Je me repasse inlassablement la soirée de la veille, repensant au moindre détail, et mes entrailles se nouent, forment des arabesques de désir et de frustration. Je n’ai jamais vécu quelque chose d’aussi intense, et la soudaineté de cette rencontre ne la rend que plus envoûtante. Le fait de savoir que je ne le reverrai jamais n’aide pas. Ma raison va à l’encontre de ce que mon vagin me hurle. Le pauvre, à ce stade, il aurait besoin d’une thérapie.
Un homme d’une cinquantaine d’années comme il en existe des milliers sur cette Terre. Un homme qui ne ressemble pas au méchant de mes cauchemars, venu me traîner sur le trottoir pour me montrer du doigt au monde entier. Une calvitie mange le sommet de sa tête, des lunettes envahissent son visage. Il est Monsieur Tout-le-Monde. Et il a fait de moi la grande star de l’horreur.
Une autre photo illustre l’article. Une photo volée, qu’on ne retrouve que dans cet article, puisque le tribunal l’a fait interdire juste après sa parution. Trop violente, attentatoire à ma vie privée… J’ignore comment le ou la photographe y a eu accès. Celui qui s’est trouvé là à ce moment précis. Qui a osé me regarder dans ce moment d’horreur qui a marqué ma vie à tout jamais. Est-ce que c’est un policier zélé qui a pris ce cliché et l’a vendu au plus offrant ? Mes amis ?
J’ai tenu le rôle de la victime, de la fille de la tragédie, du monstre de cirque, celui qu’on expose, celui qu’on brise. J’ai attendu que l’orage passe. Et il s’est finalement éloigné, laissant ma vie dans un état lamentable. Mais son empreinte est toujours présente, comme une trace de sang qui ne disparaît jamais vraiment, qui prend une teinte brunie que l’on ne peut ignorer.
Et cette putain de tache, je la vois sur ma rétine. Chaque foutu jour.