AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de harvard


Malgré le profond et admiratif respect que j'éprouve pour le talent de J.L.Burque, je pense que son dernier livre "Lumière du monde" rame vraiment sec.
Trop de lieux communs, la pègre, les sociopathes de tous poils, l'éternel combat du bien et du mal, les couleurs du ciel du Big Blue Sky qu'agrémente la faune sauvage du Montana. Les petites méditations métaphysique sur le Viet Nam, la noirceur des hommes et leur violence ontologique, les gouffres de l'alcool et la beauté des femmes souvent fatales. Tous nos amis, l'inspecteur Dave Robicheau, dit Longue mèche, son ami Purcell, sa femme Molly, Allafair leur fille, et toute dernière et non la moindre, Gretchen fille de Purcell, une beauté canon qui a fait ses premières classes comme tueuse à gage, se retrouvent en famille passer leur vacances, et taquiner la truite dans le ranch d'un vieil ami écolo- intello. Cadre splendide ou pourtant un serial killer exerce son office avec le savoir faire qui convient pour les besoins d'un roman policier dont les dimensions toujours impressionnent.
L'intrigue est généralement sommaire chez Burque, le coupable est facilement désigné. Et les personnages auxquels il donne un éclat très particuliers, se baladent erratiques, autours de leurs intuitions, dans les méandres de leur psyché noyée d'alcool, de leurs souvenirs et d'une culpabilité congénitale. Ils donnent toute l'épaisseur de ce récit qui se construit autours de ces lentes ruminations, la mémoire des combats avec les viets, les taudis de la Nouvelle Orléans, l'enfer carcéral de l'Angola. Ces personnages extraordinairement attachants par leur typologie et leurs qualités morales peu conventionnelles dans un monde de brutes, reviennent régulièrement de roman en roman sur le devant de la scène.
Dans "lumière du monde, un psychopathe évadé tue régulièrement avec plaisir, méthode et science des enfants, femmes et hommes, avec une cruauté qui défie l'imagination, et comme de bien entendu notre famille ne peut éviter de s'en encombrer, dans un district où notre ami Dave ne peut é exercer son métier de flic. Comme souvent chez Burque l'argent est le moteur premier du crime et le monde des affaires et de la finance est souvent lié avec la pègre. Donald Trump n'a qu'à bien se tenir car l'ennemi de Burque appartient au monde des ploutocrates, et de la corruption qui construisent des féodalités politiques.
Vous prenez enfin un shaker, vous y mettez tout ce beau monde, vous remuez le tout sur six cent pages et vous construisez un roman de taille à l'égal de ceux qui précédent. le souffle et les obsessions très faulkneriennes de Burque sont toujours présents et animent puissamment ce roman que j'appellerais un polar métaphysique. L'art du récit est toujours au rendez vous et l'émotion garantie. Mais pour ceux qui fréquentent l'univers de Burque depuis longtemps et l'aiment, on éprouve en finale et malgré toute sa science de la narration, une impression de réchauffé, d'essoufflement, de répétition et d'inachèvement. Nous pouvons dire que dans ce dernier roman, Burque fait du Burque, sans cette curiosité qui fait de chaque lecture une nouvelle découverte du monde américain des porte flingues et des droits civiques.
L'attachement à J l'Burque est intact, son goût de l'évasion, sa poésie des nuages, des lacs et de la nature que les forces de l'argent n'ont pas encore souillés, sa science du monde des fêlés et des corrompus sont inépuisables, sa tendresse pour les petits et les sans grade est confondante. Cet homme aime la vie, la sagesse et la beauté des femmes, l'espièglerie des enfants, la fraternité des combats. Cet homme nous transporte de romans en romans et pourtant "Lumière du monde" semble avoir fait cette fois un flop.
Il est vrai que J l'Burque, artisan consciencieux des lettres américaines, ne peut toujours donner un chef d'oeuvre en pâture à un lectorat exigeant.


Commenter  J’apprécie          112



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}