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Critique de Yvan_T


En regroupant les 12 comics de la série Black Hole, parue en 6 volumes chez Delcourt pour la version française, cette intégrale, couronnée d'un Eisner Award en juillet 2006, rassemble plus de 10 ans de travail du génie graphiste qu'est Charles Burns.

Black Hole est un récit intelligent, intriguant et perturbant sur la marginalisation et l'exclusion, qui ausculte à merveille les malaises de l'adolescence dans une Amérique ultra codifiée des années soixante-dix.

Une chronique de jeunes américains mal dans leur peau dans une petite ville frappée par « La crève » : une curieuse maladie sexuellement transmissible qui provoque d’étranges mutations. La parallèle avec l’Amérique contemporaine déclarant le sexe tabou et l’épidémie du sida qui sévit dans les années 80, n’est jamais loin et installe un certain malaise entre la fiction de l’univers de Burns et la réalité de notre société qui exclue la différence.

Burns utilise toute l’ambiguïté de ce mal-être adolescent qui, entre prises de conscience et découvertes sexuelles, trouve souvent une issue dans la drogue et la violence. Sans juger l’usage de drogues telles que l’herbe et le LSD, Burns va exploiter cette toxicomanie prisée pendant cette période aux Etats-Unis afin de développer un univers qui acquiert les allures d’un long trip artificiel.

Une impression qui se retrouve également dans le dessin flottant et tournoyant du maître. A l’aide d’un découpage incroyable et d’un style noir et blanc inimitable, Burns installe une atmosphère glauque et angoissante. Mais tout en faisant naître un mélange de pitié et de répulsion vis-à-vis des malformations progressives des personnages, ce graphisme réussi également à dégager un érotisme gênant lors des rencontres amoureuses reprenant de nombreux stéréotypes de films pubères.

Jouant sur le temps du récit à l’aide flash-backs, mêlant passé et présent et regroupant les différentes tranches de vies au fil des pages, l’histoire va lentement croître en intensité et en richesse, épaississant le mystère et augmentant la noirceur du récit pour une descente aux enfers qui atteindra inévitablement son apogée dans un bain de sang … contaminé.

Etrange dans sa conception, ce chef-d’œuvre angoissant a déjà contaminé d’autres ouvrages (comme « Le roi des mouches ») et devrait encore plonger beaucoup de lecteurs au paroxysme de l’horreur dans un sentiment de profond malaise.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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