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Critique de nadejda


Angelika Rossdal, artiste peintre reconnue décide, après avoir vécu à Oslo, de partir s'installer dans une île du cercle polaire arctique, Kvaloya. Elle y vit avec sa fille Liv qui ne sait rien de son père sans que cela la préoccupe particulièrement, car elle et sa mère vivent côte à côte en respectant l'espace de chacune.
« Je ne me voyais pas comme une enfant grandissant dans l'ombre de ma mère. Je vivais dans un monde de ma propre conception, un espace que Mère avait délimité, puis m'avait laissé définir à ma guise. Elle vivait exactement comme elle l'avait choisi, et j'ai toujours su que ses travaux passaient avant tout le reste, mais cela ne faisait que me donner la liberté de vivre comme j'en avais envie et de choisir ce qui primait à mes yeux (…) nous étions très bien comme ça. Nous avions la maison, et toute l'île, en fait. Nous disposions de calme et d'espace en suffisance pour vivre la vie comme nous l'entendions plutôt qu'en nous conformant à l'idée que s'en faisait quelqu'un d'autre, et nous nous suffisions à peu près. Nous étions parfaitement capables de veiller sur nous-mêmes et n'avions rien à demander à personne. »

C'est dix ans après qu'ils soient survenus, que nous allons découvrir, par la voix de Liv, la suite d'évènements, en particulier des disparitions, qui vont s'échelonner de fin mai 2001 (quand on remonte Mats Sigfridsson, un de ses camarades de classe, du fond du détroit de Malangen) à la fin de l'été.

« C'était il y a dix étés. Celui de mes dix-huit ans ; l'été où mon père mort apparut puis disparut dans le silence d'où il était sorti ; l'été des esprits et des secrets ; le dernier été où je me considérai comme un des espions de Dieu. Un été long, blanc, d'histoires que l'on accepta tous, tout en sachant que d'un bout à l'autre elles n'étaient que mensonges. L'été où la huldra sortit de sa cache et noya trois hommes, l'un après l'autre, dans les eaux froides et lisses du détroit de Malangen.»

Mais ce ne sont pas les événements en eux-mêmes qui permettent de se faire une idée de ce roman d'une grande beauté, une beauté inquiétante, envoutante qui se cache et surgit des "replis du vent", de l'espace, du frémissement de la lumière et des ombres d'où naissent des visions mais d'où jaillit aussi une réalité autre, exacerbée par l'attention, le regard aigu et interrogateur de Liv, jeune femme de 18 ans au seuil de sa vie, qui ne sait pas encore, alors qu'elle vient de finir sa scolarité, la direction qu'elle va prendre.
« (il y a), certains jours, de minuscules, presqu'infimes poches d'apocalypse dans l'étoffe de ce monde, prêtes à crever et me surprendre où que je sois »

L'on sort de cette lecture totalement désorientés par un auteur dont le talent de conteur et de poète nous apprend à regarder derrière l'écran des certitudes pour se laisser submerger par un monde fluctuant, changeant, étrange mais tout aussi réel, à l'image des aurores boréales qui surgissent dans le ciel de ces îles en fin d'été.
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