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sur 104 notes
C'est tout là-haut, dans l'Arctique, qu'a élu domicile Angelika Rossdal. Peintre célèbre, elle a choisi cette côte sauvage pour la lumière si particulière qui émane de cet endroit quasiment désert. Elle s'est acclimatée à la rudesse de l'hiver qui contraste si fortement avec les chaleurs étouffantes de l'été. Certains journalistes qui viennent l'interviewer diront d'elle qu'elle vit comme une recluse. Elle, évidemment, ne le voit pas ainsi. Sa fille, Liv, considère Kvaløya comme la seule île où elle n'ait jamais vécue. C'est au cours de cet été-là, il y a dix ans maintenant, que se joua ces événements tragiques. Deux frères, Mats et Harald, se noyèrent à quelques jours d'intervalle, sur le même canot emprunté. Que faisaient-ils donc à bord, en pleine nuit? Personne ne trouve d'explications rationnelles à ces noyades. Kyrre, le vieux voisin, qui aime à raconter les légendes et les histoires de trolls ou de magie, dira à Liv qu'un esprit est à l'origine de tout cela. Que Maia, la dernière personne vue en compagnie des deux frères, est la réincarnation de la huldra, femme aux pouvoirs magiques et à la beauté fatale, que c'est elle, sans doute, la responsable. Mais comment expliquer la disparition de deux autres personnes? Liv, en tant qu'espion de Dieu, voudrait tant, aujourd'hui, trouver un sens à cela...  

Venez boire un thé avec Mère, écouter les légendes de Kyrre ou bien prendre un bain de soleil dans le jardin exotique... Dépaysant, mystérieux, sombre ou un peu irréel, ce roman nous emporte dans le nord de la Norvège. Liv nous raconte cet été-là, l'été de ses 18 ans, l'été où deux de ses camarades de classe se sont noyés mystérieusement. A travers le portrait de cette jeune fille mais aussi celui de sa maman, du vieux et attachant Kyrre, il nous emmène dans cette île qui regorge de légendes. Il ne s'y passe pas grand-chose, certes, mais l'atmosphère nous enveloppe tout à fait. L'écriture est dense, riche et poétique et les descriptions sont magnifiques. John Burnside nous offre un roman fort, fantastique et étrange... presque insaisissable. 

Revivez L'été des noyés... 
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Angelika Rossdal, artiste peintre reconnue décide, après avoir vécu à Oslo, de partir s'installer dans une île du cercle polaire arctique, Kvaloya. Elle y vit avec sa fille Liv qui ne sait rien de son père sans que cela la préoccupe particulièrement, car elle et sa mère vivent côte à côte en respectant l'espace de chacune.
« Je ne me voyais pas comme une enfant grandissant dans l'ombre de ma mère. Je vivais dans un monde de ma propre conception, un espace que Mère avait délimité, puis m'avait laissé définir à ma guise. Elle vivait exactement comme elle l'avait choisi, et j'ai toujours su que ses travaux passaient avant tout le reste, mais cela ne faisait que me donner la liberté de vivre comme j'en avais envie et de choisir ce qui primait à mes yeux (…) nous étions très bien comme ça. Nous avions la maison, et toute l'île, en fait. Nous disposions de calme et d'espace en suffisance pour vivre la vie comme nous l'entendions plutôt qu'en nous conformant à l'idée que s'en faisait quelqu'un d'autre, et nous nous suffisions à peu près. Nous étions parfaitement capables de veiller sur nous-mêmes et n'avions rien à demander à personne. »

C'est dix ans après qu'ils soient survenus, que nous allons découvrir, par la voix de Liv, la suite d'évènements, en particulier des disparitions, qui vont s'échelonner de fin mai 2001 (quand on remonte Mats Sigfridsson, un de ses camarades de classe, du fond du détroit de Malangen) à la fin de l'été.

« C'était il y a dix étés. Celui de mes dix-huit ans ; l'été où mon père mort apparut puis disparut dans le silence d'où il était sorti ; l'été des esprits et des secrets ; le dernier été où je me considérai comme un des espions de Dieu. Un été long, blanc, d'histoires que l'on accepta tous, tout en sachant que d'un bout à l'autre elles n'étaient que mensonges. L'été où la huldra sortit de sa cache et noya trois hommes, l'un après l'autre, dans les eaux froides et lisses du détroit de Malangen.»

Mais ce ne sont pas les événements en eux-mêmes qui permettent de se faire une idée de ce roman d'une grande beauté, une beauté inquiétante, envoutante qui se cache et surgit des "replis du vent", de l'espace, du frémissement de la lumière et des ombres d'où naissent des visions mais d'où jaillit aussi une réalité autre, exacerbée par l'attention, le regard aigu et interrogateur de Liv, jeune femme de 18 ans au seuil de sa vie, qui ne sait pas encore, alors qu'elle vient de finir sa scolarité, la direction qu'elle va prendre.
« (il y a), certains jours, de minuscules, presqu'infimes poches d'apocalypse dans l'étoffe de ce monde, prêtes à crever et me surprendre où que je sois »

L'on sort de cette lecture totalement désorientés par un auteur dont le talent de conteur et de poète nous apprend à regarder derrière l'écran des certitudes pour se laisser submerger par un monde fluctuant, changeant, étrange mais tout aussi réel, à l'image des aurores boréales qui surgissent dans le ciel de ces îles en fin d'été.
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Angelica Rossdal, Peintre célèbre, reconnue à Oslo, est partie vivre dans une île ,au nord de la Norvège , celle de Valoya, , un lieu reculé et désert car décliner, refuser, dénier, rétracter, telles étaient ses relations avec le monde extérieur non seulement dans son travail mais aussi dans sa vie personnelle.
Elle refusait de devenir une célébrité du monde artistique tout aussi sûrement qu'elle se refusait aux prétendants , elle se repliait dans un isolement ----mythique--- l'intégrité suprême , essentielle, paradoxalement à son succés.
N'être plus rien, se refuser soi-même, c'était ça son pouvoir ! La plus haute forme d'art !
Pour ces raisons des personnes viennent l'interviewer , sa fille Liv vit avec elle .

A Valoya, l'hiver est rude, les mois d'enneigement très longs, l'obscurité hivernale difficile à supporter pour certains mais Angelica aime la lumière toute particulière de cet endroit pétri de contrastes : été de cieux blancs, interminables nuits blanches, air doux et suave, neuf riche d'herbes et de fleurs sauvages....
Au cours d'un été, il y a dix ans , été des dix-huit ans de Liv , deux frères , Mats et Harald se noient au cours de la nuit à quelques jours d'intervalle .Noyades inexplicables?
Que faisaient- ils dans un canot emprunté ?
Comment expliquer deux autres disparitions énigmatiques ?
C'est un roman étrange et dérangeant, à l'écriture pétrie de poésie, onirique ,trés dense, riche de descriptions sublimes .
A travers le portrait de Liv et de sa mére ---- artiste solitaire et indépendante ----les visions et les hallucinations de Liv, errant dans ce paysage halluciné , qui laisse la part belle aux contes féeriques, vieux mythes et autres légendes populaires, peuplées de trolls et de sorcières , de fantômes ,fables morales, monstres dissimulés dans les replis du vent, les personnages sont tout à fait insaisissables, presque évanescents ....les bois de bouleaux où Kyrre et Maia disparurent ?
L'auteur est sans conteste un poéte, il décrit avec un talent indéniable les métamorphoses de la nature, rendant presque l'imaginaire concret, les ciels fugaces, les mirages, la magie des grands espaces, les histoires d'apparition, la noirceur des âmes , les changements de saison , les silences profonds, la rudesse.....
C'est une ode à la nature, un univers fabuleux , fantasmé , baroque et déroutant où il se passe de drôles de choses....un roman hypnotique ? Fantastique ? Je ne trancherai pas ....
Où se situe la limite entre ce que l'on sait et ce que l'on rêve ?
Trés difficile de critiquer et de cerner les contours de cet ouvrage ....
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Ce roman, c'est d'abord une atmosphère ; enveloppante, troublante, énigmatique et brumeuse, puis un lieu ; une île du nord de la Norvège, ses vastes prairies, sa mer ondulante et calme, sa forêt sombre, ses plages de galets, ses petites maisons aux couleurs chatoyantes, ses rares pêcheurs, une saison aussi ; l'été avec la lumière si particulière des pays nordiques, sa douceur, les fameuses nuits blanches où jour et nuit se confondent à l'image du ciel et de l'eau qui se reflètent et se mélangent l'un dans l'autre désorientant les hommes, leur sommeil et leurs rêves. Ce livre laisse également la part belle aux contes féériques et autres légendes populaires parcourues de trolls, quant aux personnages « réels », ils sont insaisissables, presque evanescents. Burnside, à travers une écriture onirique, place le lecteur dans une sorte de monde parallèle, navigant entre la réalité, l'imagination et le surnaturel.
Les yeux grand ouverts, Liv, une jeune femme de dix-huit ans, arpente cette île alors que coulent les heures. Elle vit ici depuis quelques années avec sa mère, une artiste peintre renommée qui du jour au lendemain a fui l'agitation de la ville pour travailler dans la sérénité et la solitude. Une mère toujours là – dans son atelier – et pourtant si lointaine, toute à son art. Son père, Liv ne le connaît pas. Et justement, cet été-là, une lettre arrive d'Angleterre. Des nouvelles de cet homme. Mais a-t-elle vraiment envie de savoir qui il est ? le rencontrer bouleverserait-il son cheminement personnel ?
Avant même de recevoir cette missive, la jeune femme avançait dans la vie l'esprit confus. Sa scolarité finie, elle ne savait que faire après. À la recherche d'un sens à donner à son existence, d'une direction. Ce père ne semble pas lui avoir manqué. Plutôt solitaire et taiseuse, la seule personne qu'elle aime voir et écouter est son voisin, Kyrre, un passionnant conteur. Il lui parle de la Huldra, cette femme d'une grande beauté qui hante la forêt et le bord de mer pour séduire les hommes et leur faire risquer leur vie. Et cet été-là, de mystérieuses noyades d'hommes vont se succéder. Liv les connait tous. Elle croit savoir qui se cache derrière la Huldra : Maïa, une jeune femme de son âge.
Hallucinations, craintes, sensations d'être épiée, Liv va être aspirée dans une spirale infernale qui l'empêche de distinguer la réalité de l'imagination. Sa vision se trouble. Ses sens lui échappent. Son regard inconstant trahit ses doutes et ses appréhensions face à la vie d'adulte qui l'attend.
Un roman écrit par un poète, cela se sent : les métamorphoses de la nature, les mirages, la beauté et la noirceur des âmes, le lyrisme. Si l'auteur m'a embarquée dans son histoire, je dois avouer avoir ressenti une certaine frustration le livre terminé devant le manque d'explication. Il laisse en effet le lecteur face à sa propre imagination, volontairement j'imagine.
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L'été des noyés de John Burnside pourrait faire croire en raison de son titre et de sa première de couverture que l'on va savourer, en le lisant, un de ces bons thrillers scandinaves avec une intrigue diablement bien ficelée sur fond de critique sociale. Fausse piste... même si le cadre est trompeur car l'action se situe sur l'île de de KvalØya aux confins du cercle polaire. Un lieu dépaysant où "les nuits blanches" du soleil de minuit "figent l'esprit" et provoquent "des délires extravagants"chez toutes celles et tous ceux qui, amateurs d'expériences extrêmes, veulent vivre un jour sans fin et un temps qui n'existe plus...
C'est dans ce très déroutant été polaire que vont se produire deux noyades qui resteront inexpliquées, celles de Mat et Harald Sigfrisson, deux ados solitaires, ainsi que deux disparitions celle d'un habitant de l'île Kyrre Opdahl et Martin Crosbie, un drôle de touriste qui semble se fuir...
Tous ces événements nous sont rapportés par la narratrice, Liv Rossdal, venue sur l'île avec sa mère Angelica Rossdal, une artiste-peintre qui a choisi de venir vivre en ce lieu alors que Liv n'était qu'une petite fille.
Mais le suspense n'est pas là où on l'attend, déjà parce que les allers et retours de la narratrice dans le présent - elle a vingt-huit ans - et le passé - elle avait dix huit ans - brouille constamment les cartes et nous jette dans un abîme de perplexité quant à l'interprétation des faits tragiques survenus cet été-là.
Première source de questionnement : la personnalité de la narratrice Liv qui, au fil des confidences qu'elle nous livre, pose question. A-t-on affaire à une ado qui souffre de phobie sociale et qui va basculer, au fil des événements tragiques qu'elle va vivre, dans un comportement psychotique, notamment dans les scènes on l'on peut penser qu'elle est victime d'hallucinations visuelles et auditives ? Ou bien s'agit-il d'expériences extra-sensorielles comme elle l'exprime avec à la fois beaucoup de conviction et de doute, dans ce cadre de vie où la réalité apparaît parfois comme une illusion et où le visible et l'invisible sont constamment en relation. C'est du moins ce qui est dit dans les légendes que lui a racontées le vieux Kyrre Opdahl quand elle était enfant. Et dans ce monde de l'irrationnel "où tout est à la fois magnifique et voué à la mort et en même temps étrangement rassurant" , un certain nombre de questions vont rester en suspens. Qu'est-ce que la narratrice a réellement vu et vécu cet été-là ? On ne le saura jamais. Pas plus que l'on saura ce qu'il est advenu des deux disparus. Qu'en est-il exactement de Maïa, la jeune fille, que de près ou de loin, la narratrice associe aux noyés et disparus ? Est-elle une incarnation d'une créature maléfique qui hante les légendes de l'île ? Ou bien est-elle tout simplement une jeune déboussolée avec laquelle on peut qu'établir une relation toxique ? Mystère...
Autre personnage tout aussi énigmatique que les précédents celui de la mère de Liv. Une femme qui vit dans un double enfermement, celui de l'île et celui de son atelier, un sanctuaire, auquel personne n'a accès, même pas sa fille. Curieuse relation d'ailleurs que celle qui la lie à cette dernière, faite à la fois d'une connivence forte mais aussi d'une mise à distance dont on peut penser parfois qu'elle confine à l'indifférence. Ce qui est certain c'est que cette femme vit dans une solitude existentielle qu'elle transcende dans l'art et qu'elle vit - aux dires de sa fille - un bonheur intimiste "[qui] ne peut être expliqué et quoi qu'on raconte [qui] ne peut vraiment pas se partager". Alors, la mère de Liv, un double de l'auteur ?
Une question de plus que l'on se pose à la fin de ce roman envoûtant. Ce qui en revanche est indéniable c'est la magie de l'écriture de John Burnside faite à fois de méticulosité dans le choix du lexique et d'une poésie onirique qui nous entraîne dans un monde fantasmatique où les limites et les frontières du réel se déplacent ou n'ont plus cours...
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La maison du pêcheur, tableau peint en 1906 par Harald Sohlberg, illustre la couverture de L'été des noyés dans sa version originale (mais pas dans l'édition française, bizarrement). Ce n'est pas un hasard, l'artiste norvégien est souvent cité dans le roman de John Burnside, pour évoquer le paysage dans lequel se déroule l'action du livre mais aussi pour mettre des images sur le travail de la mère de la narratrice, peintre "recluse" volontairement avec sa fille, Liv, dans une île du Grand Nord, proche de l'Arctique. L'été des noyés est entièrement conté par Liv, une décennie après les faits, alors qu'elle venait d'avoir 18 ans et qu'elle n'avait pas encore décidé quoi faire de sa vie, bien qu'elle sache déjà qu'elle voulait avant tout "qu'on la laisse tranquille". Un été de noyades et de disparations où la confusion s'empara de son esprit entre la réalité et l'illusion, un état chaotique et peut-être délirant que rend de façon merveilleuse la plume magique et onirique de Burnside. C'est un roman qui se lit à petites goulées, lentement, pour en apprécier le sinueux cheminement, contemplatif souvent, avec des descriptions superbes de paysages, de lumières et de temps changeants. de même pour les états d'âme de Liv, aussi versée dans la solitude que l'est sa mère, avec pour seul ami un vieux raconteur de légendes, notamment celle de la huldra, troll déguisée en femme sublime pour attirer à elle et faire disparaître les jeunes garçons. John Burnside captive et ensorcelle à partir du moment où l'on se plie à son rythme lent et hypnotique. le livre est incroyablement précis dans les détails de la vie quotidienne et dans les rapports mère/fille, sans doute la clé du récit, avant de glisser comme dans un rêve dans le surnaturel. L'alchimie est là : entre le réel et l'imaginaire ne subsiste qu'une fine pellicule de glace. le lecteur, lui, doit s'en remettre à ses propres raisonnement et sensibilité et sait qu'il devra y dénicher les réponses qu'il ne trouvera pas dans le roman. L'été des noyés est comme un tableau de Sohlberg, il laisse toute la place à un univers, fabuleux, atroce et fantasmé. C'est beau, déroutant et bouleversant.
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Il se passe de drôles de choses sur l'île de Kvalaya, à l'extrême nord de la Norvège. En mai 2001, Mats Sigfridsson s'est noyé dans le détroit de Malagen. Dix jours plus tard, ce fut au tour de son frère de disparaître dans les mêmes conditions. Liv les connaissait plus ou moins tous les deux. Cette jeune fille, vivant avec sa mère artiste peintre dans une maison grise offrant un vue imprenable sur les prairies et la grève, aime la solitude que ce « bout du monde » lui procure. Son seul ami est Kyrre, un vieil homme qui depuis son enfance lui raconte des histoires de trolls et de sirènes. Lui est persuadé que les noyades sont l'oeuvre de la « huldra », une femme à l'irrésistible beauté et aux pouvoirs maléfiques qui séduit les jeunes hommes avant de les faire disparaître. Liv est plus terre à terre, elle pense que les racontars de Kyrre ne sont pas crédibles. Pourtant, les faits qui vont s'enchaîner au fil des nuits blanches de l'été arctique feront vaciller ses certitudes…

Un roman étonnant. Un roman d'atmosphère. Un roman psychologique. Très psychologique même. Beaucoup trop pour moi en fait. le paysage boréal a ce petit quelque chose de fantasmagorique qui dégage une inquiétante étrangeté. Liv est la narratrice unique du récit. Et elle a parfois un comportement assez flippant ! On en vient à se demander si les disparitions on vraiment eu lieu ou si elle nous mène en bateau. On referme le livre en se disant que Burnside, quelque part, nous encourage à ne pas choisir, nous laisse volontairement démunis et en pleine perplexité. C'est du moins ce que j'ai ressenti et c'est une impression que je n'aime pas du tout !

Finalement, les noyades ne sont que des péripéties secondaires. La quête d'identité de Liv, son passage vers l'âge adulte, la relation particulière avec sa mère et l'absence d'une figure paternelle sont les véritables thématiques du texte.

Il y a quelque chose de David Lynch dans ce roman que beaucoup pourraient qualifier de fascinant. le problème, c'est que l'univers de Lynch m'a toujours laissé de marbre. Personnellement, j'ai trouvé cet été des noyés plus nébuleux qu'envoutant. Il n'empêche, la partition offerte par John Burnside, au-delà de réticences qui me sont propres, a tout pour plaire. Son écriture, à la musicalité particulière, est parfois proche du baroque et possède une tonalité à l'incontestable originalité. Énormément de qualités donc, mais je dois bien reconnaître qu'en ce qui me concerne, le charme n'a pas opéré. Dommage.

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De John Burnside, j'avais été impressionnée et conquise par "Scintillation". Avec "L'été des noyés", j'ai retrouvé la même poésie et la même étrangeté.
Il s'agit d'une histoire mystérieuse, lors d'un été sans nuit, sur un bout de Norvège arctique, qui commence avec la noyade de deux adolescents. Pourquoi sont-ils morts ? Ont-ils été entrainés par un Esprit typiquement nordique ? C'est ce qui intrigue la narratrice, fille d'une peintre renommée et recluse, et leur voisin âgé. Arrivent ensuite un vacancier triste, un journaliste américain, puis des lettres d'Angleterre, qui tous se brouillent dans des hallucinations nées sous le soleil de minuit.
L'écriture de John Burnside est d'une poésie ensorcelante ; en tournant les pages, j'avais l'impression de manipuler une pièce de porcelaine fragile et délicatement belle. L'intrigue est très intériorisée et nous fait plonger dans les profondeurs de l'âme humaine -jusqu'à en perdre la notion du réel. C'est une lecture qui nécessite une grande attention, mais que je qualifierais également de "contemplative", car l'auteur exalte aussi la Nature et les éléments, ou le bonheur du simple moment présent.
C'est une belle pièce littéraire, envoûtante mais exigeante.
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John Burnside débuta sa carrière littéraire et fut reconnu d'abord en tant que poète, ayant reçu à ce titre plusieurs récompenses dont notamment le très prestigieux Forward Poetry Prizes, en 2011. Une dizaine d'années après la publication de son premier recueil de poésies, l'auteur écossais s'était attelé à l'écriture d'un premier roman, «La Maison Muette», publié en 1997 et accueilli très favorablement par le public et la critique.
Écrit en 2011, dernier des quatre romans de Burnside édités à ce jour en France (Métailié, 2014), L'ÉTÉ DES NOYÉS reste une oeuvre très fortement marquée par cette empreinte poétique, et par une atmosphère éthérée excluant assez rapidement toute velléité de la part de l'auteur à vouloir nous proposer un thriller policier classique, tel que l'intrigue principale, voire le titre, très «polar», auraient pu laisser croire...
Car même si des noyades et des disparations en série vont se produire, un été, dans une île norvégienne reculée, située à l'orée du cercle polaire, il ne faut pas se méprendre : il ne s'agit pas d'un thriller nordique de plus! En ouvrant L'ÉTÉ DES NOYÉS, nous abordons une lecture plutôt «blanche phosphorescent» que « noire » à proprement parler, et dans laquelle, au lieu de «chercher la femme» il serait plus judicieux de chercher «la huldra», où les morts par noyades et les disparitions manqueront non seulement d'indices et de mobiles solides, mais parfois même de réelle certitude quant à leur véritable occurrence…
C'est dans cette l'île, Kvaløya, qu'Angelika Rossdal, artiste-peintre norvégienne internationalement réputée, était venue s'installer quelques années auparavant avec sa fille unique Liv. Mère et fille, dyade fusionnelle qui ne dit pas son nom, y vivent en une sorte de réclusion volontaire à laquelle toutes les deux s'accrochent farouchement, dans une maison norvégienne traditionnelle en bois, isolée dans la prairie, face à la mer. C'est par la voix de la fille, âgée de 18 ans à l'époque de faits, à travers notamment ses souvenirs dix ans après ces derniers, que les étranges évènements de «l'été des noyés» seront évoqués. Que s'était-il passé exactement dans cette île boréale en marge du monde, en cette période particulière de Midnattsol durant laquelle le temps se déroule «au ralenti», paraît «coagulé», où les nuits ressemblent tout au plus «à un crépuscule immobile d'un blanc argenté qui rend spectrales toutes choses» et où «le moindre brin d'herbe, la moindre tige de fleurs sont caressés d'une lumière mercurique» ?
Un temps étrange, insomniaque, tout à fait propice à ce que, derrière la surface perceptible du monde, des trouées infimes se creusent dans le bouclier qui nous protège habituellement contre l'irruption de l'irrationnel et du surnaturel… Interminable nuit blanche durant laquelle d' «infimes poches d'apocalypse dans l'étoffe de la réalité » semblent se tenir «prêtes à crever et à se répandre sur nous, de même que le premier souffle d'une tempête fond sur le rameur en haute mer», où les personnages des vieux contes et légendes nordiques sont de sortie dans l'imaginaire de ses habitants éprouvés par de longues veillées insomniaques : revenants, spectres, «guetteurs» de l'horizon, elfes , ou encore cette «huldra» sortant de terre ou de mer sous la forme d'une femme terriblement belle, habillée d'une robe rouge, séduisant les hommes qu'elle croise sur son passage avant de se transformer en un hideux troll à queue de vache et de les faire disparaitre…
Dans L'ÉTÉ DES NOYÉS, le véritable tour de force de l'auteur consiste, à mon sens, à réussir, d'une part à nous plonger dans une intrigue située, comme on dit habituellement, «aux frontières du réel», tout en évitant le piège trop facile qui consisterait à y injecter du «fantastique» pur et simple, dans un cadre et un environnement à la base propices, «fantasmagoriques» à souhait ; d'autre part, à nous embarquer dans un faux-polar et arriver à maintenir la curiosité et l'adhésion fictionnelle du lecteur dans une délicate zone intermédiaire entre phénomènes naturels et surnaturels à l'origine des faits, entre perception et illusion des acteurs et témoins directement impliqués, sans recourir non plus, à aucun moment, aux artifices d'un sous-genre à la mode dans le roman noir contemporain, farci d'arguments pseudoscientifiques ou paranormaux. Chez John Burnside, la psychologie épouse subtilement la poésie, suscitant chez le lecteur cette familière sensation d'étrangeté (« das unheilmliche » ) dont on a tous eu vent à un moment ou à un autre, ou que nous-même avons déjà personnellement expérimentée, tel ce sentiment passager, aussi indéfinissable que rétif parfois à tout examen objectif, d'être regardé, observé par quelqu'un ( «un espion de Dieu» ?) ; ces confusions momentanées, mais quelquefois drôlement persistantes, entre une scène rêvée et un évènement s'étant effectivement produit dans la réalité ; l'illusion d'optique ou ces leurres sensoriels auxquels on ne peut pas s'empêcher d'accoler immédiatement une représentation mentale; certaines coïncidences significatives et inexplicables, ou enfin tout simplement ce frisson provoqué par une image ancienne sur laquelle on serait tombés par hasard dans une revue ou face au détail insolite d'un paysage, mis en évidence par la tombée du soir…
« Parce qu'il y a deux façons de regarder le monde, et deux manières de voir. La première est celle que nous apprenons depuis notre petite enfance, la façon de voir ce que nous sommes censés voir, la construction du consensus d'un monde en cherchant du regard, et en trouvant, ce qu'on nous a toujours dit que nous trouverions là. Mais il en existe une autre – et c'est celle que je recherche. La façon dont nous voyons lorsque nous sortons seuls dans le monde, comme un garçon qui s'en va dans les champs ou le long de la grève , dans un vieux conte (…) dès qu'il quitte la sécurité de la ferme ou la salle de classe du village, tout change (…) quelque chose s'immisce à la lisière de son champ visuel le laissant seul face à un monde trop étrange que la ferme et la classe du village travaillent dur à dissimuler».
L'ÉTÉ DES NOYES berce doucement le lecteur dans un va-et-vient constant entre ces deux bordures du monde. Dans un entre-deux où rêve éveillé et réalité s'entremêlent furtivement, s'accommodent harmonieusement, l'auteur écossais nous offre un mélange hypnagogique savamment concocté, grâce non seulement à la dimension poétique et onirique omniprésente dans le propos et dans le champ lexical élu, mais aussi aux nombreuses références - implicites ou explicites- artistiques et esthétiques (la peinture de Chardin, l'oeuvre de l'artiste norvégien Sohlberg, T.S. Elliot, Lewis Carroll…) ou encore contemplatives et philosophiques (les méditations de Pascal, le besoin de solitude, le désir de «se détourner de l'agitation du monde », de vivre en autarcie et de «se refuser l'image de soi-même telle que les autres nous imputent»…), créant une synergie parfaite entre la nature énigmatique, la psychologie profonde des personnages venus trouver refuge dans ce lieu spectral, et l'atmosphère somnambulique qui s'en dégage.
Succession de coïncidences tragiques? Suicides prévisibles et disparitions orchestrées? Irruption du surnaturel ? Visions d'une adolescente solitaire, au profil atypique et quelque peu border-line?
John Burnside, lui, préfère se cantonner à nous fournir -à nous lecteurs soucieux (à priori) de savoir exactement où chaque chose se trouve- , des éléments suffisants pour nous permettre d'intégrer à notre démarche coutumière -comme Liv elle-même tente d'apporter dix ans après le mystérieux été « des noyés »- un certain soin à chercher en même temps «à cartographier l'invisible».
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Dans une île du nord de la Norvège, un endroit désert, magnifique et spectral où l'été est miraculeusement doux et radieux, Liv vit avec sa mère, un peintre qui s'est retiré là en pleine gloire pour mieux travailler. Son seul ami est un vieil homme qui lui raconte des histoires de trolls, de sirènes et de la huldra, une créature surnaturelle qui apparaît sous les traits d'une femme à l'irrésistible beauté, pour séduire les jeunes gens et les conduire à affronter les dangers et la mort. Noyades inexplicables et disparitions énigmatiques se succèdent au cours des nuits blanches de cet été arctique qui donne aux choses un contour irréel, fantasmagorique. Incapable de sortir de l'adolescence et de vivre dans le monde réel, Liv erre dans ce paysage halluciné et se laisse dangereusement absorber dans la contemplation des mystères qu'il recèle.

En lisant "l'été des Noyés", le nouveau roman de l'auteur écossais John Burnside paru lors de cette rentrée littéraire de septembre, je n'ai pu m'empêcher de penser à un autre roman étranger paru en cette rentrée littéraire, il s'agit de "L'homme des montagnes de Joyce Maynard (voir ma chronique ici même) qui suit une trame assez proche, celle d'avoir pour toile de fond des disparitions mystérieuses pendant un été, et qui sont vues par une jeune adolescente, le livre, comme celui de Maynard utilisant cette intrigue criminelle pour faire un portrait psychologique d'une adolescence.

Sauf qu'ici nous ne sommes pas dans l'Amérique profonde, mais dans une ile norvégienne, île peuplée d'êtres solitaires, et entourée par les légendes celtiques nordiques, conférant à l'ensemble un ton fantastique qui lorgne assez ouvertement sur l'univers de David Lynch.

Si l'écriture est très belle, singulière et parfois envoutante, le roman, contrairement à celui de Maynard, pèche un peu par une lenteur trop calculée et qui a tendance à tomber dans la léthargie, et des personnages finalement assez peu attachants.

Du coup, même si on aime au départ, les récits troubles, plein de zones d'ombres et de non-dits, il est possible que l'on soit un peu géné aux entournures par le manque de rythme et la trop grande torpeur dans lequel baigne cet été des Noyés qui empêche la mayonnaise de vraiment prendre...dommage !!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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