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Critique de Galega


Livre très étrange, aussi sinistre que grotesque, extrêmement particulier, loufoque, presque malade : maladie du camé, maladie du fou – les deux se conjuguent un peu –, on ne sait plus trop, plus trop où donner de la tête, comment lire le livre, et l'on croit soi-même devenir un foldingue en lisant ces scènes successives où règne une odeur constante de sperme séché, avec des silhouettes d'orgies homosexuelles extravagantes, ou des chimères en tout genre dévêtues, aliénées, torturées, nymphomanes… et tout cela dans un univers dystopique informe, qui paraît tout dévorer, tout pénétrer – le sens sexuel est de bon sens –, les personnages, les lieux… Tout est liquide, liquéfié jusqu'à la moelle ; finalement, tout n'est que substance s'achevant par où elle a commencé : elle redevient un éjaculat, de la semence. Le Festin nu est truculent dans sa manière d'aborder l'érotisme – si cru que ça peut gêner parfois –, mais cela donne des scènes qui poussent au rire, tant elles sont à force répétitives et vraiment lunaires – certes, c'est un humour particulier, absurde du genre noir et humide. Mais ce que j'ai aimé, et ce qui m'a fait tenir jusqu'à la dernière page – le premier chapitre est passablement ennuyeux –, passant au-delà de la débauche éhontée parfois assommante car cyclique – un tel vient voir un minet et finit par le sodomiser, rebelote – et de la cohérence narrative décousue, d'un univers pas facile à suivre, c'est le style de William S. Burroughs : il est pétillant, bourré de pépites, éclatant, un panache sans pareil, qui m'a rappelé à plusieurs reprises ma propre manière d'écrire – avec un retour critique plutôt salvateur, de fait. Je ne sais si c'est un défaut dû à la traduction en particulier – ou mon côté ultra maniaque en la matière –, mais plusieurs termes reviennent de manière incessante, ce qui engendre un côté parfois irritable. Aussi coloré soit le style de Burroughs, délire verbal jouissif, il est fluide et très facile à lire ; tous ces termes issus de l'argot, parfois techniques, sans qu'on y comprenne grand-chose, sont de petites sucreries pour tout ceux qui aiment acquérir du vocabulaire ou apprendre des mots rares – voire ici très rares, et je suis sûr qu'il y a même pas mal de néologismes imputables à l'auteur.
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