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Critique de soeurcierelitteraire


TW : grossophobie, TCA, racisme, classisme

En un mot : déception.

J'aurais aimé aimer ce livre ; j'avais très envie d'être vue en public en train de le lire et voir les gens réagir à la phrase placardée sur la couverture. Je trouvais le titre culotté, le synopsis prometteur. Je m'attendais à lire un récit féministe et émancipateur. Je pensais être en immersion dans le monde de l'humour, du théâtre et de la comédie, et découvrir le sexisme qui y règne. Il y a peut-être cinq pages maximum qui m'ont plu.

Ce livre est un Objet Littéraire Non Identifié, et un OLNI qui m'a mise mal à l'aise. « Les mecs que je veux ken » n'est pas un « récit » comme le dit la couverture, maïs une succession d'anecdotes personnelles que je n'ai pas trouvées pertinentes. À l'aide de quelques recherches Google, on retrouve facilement les personnes que Rosa Bursztein évoque, pardon, non, qu'elle critique avec amertume et cruauté. J'ai la désagréable sensation d'avoir lu le journal intime de quelqu'un et d'y avoir trouvé des pensées pas très nobles.

Rosa Bursztein s'appesantit sur sa peur d'être obèse que j'ai trouvé malvenue. On a tous•tes des complexes, j'ai moi aussi souffert de dysmorphophobie. C'est une chose de souffrir de ce type de pathologie, de subir le sexisme qui nous pousse à scruter et juger nos corps. Une autre de baser un livre là-dessus en traitant l'obésité comme une tare, quelque chose de honteux, de se lamenter sur sa taille 38/40 (!) alors qu'on est clairement dans les normes de beauté.

Outre cette grossophobie qui suinte de chacune des pages, il y a tout un tas de phrases que j'ai soulignées non pas pour leur beauté mais pour le malaise qu'elles ont déclenché en moi. Exemples ? « le bibliothécaire ressemble à un clochard mais il est très gentil » ; « J'avais trouvé Parichat, une petite fille thaïlandaise, adoptée » ; « J'ai perdu ma virginité à quinze ans [...]. Ça m'a donné envie d'accoucher [...]. J'ai compris, dans mon corps, l'idée d'un "mal nécessaire" ».

À un moment, Rosa B. cite sa grand-mère qui « préfère les Noirs aux Arabes » car « ils sont plus gentils ». C'est lâché comme ça, sans contexte, sans prise de position, c'est purement gratuit. Rosa B. dresse aussi la liste des mecs qu'elle a ken, et on comprend alors que la seule définition du mot qui lui importe c'est « baiser », pas « battre, mettre K.-O ». Car quoi de plus hétéro-patriarcal que de dresser la liste de ses conquêtes, assortie de petits commentaires nauséabonds du style « acteur haïtien (et pourtant en léger surpoids) » ?

Désolée, mais on ne devient pas « écrivaine » parce qu'on publie son journal intime. Ce livre est un concentré de narcissisme et ça faisait longtemps que je n'avais plus lu quelque chose d'aussi creux. Certains éditeurs ont la fâcheuse tendance de cataloguer un titre comme « féministe » dès que l'autrice est une jeune femme qui parle de sexualité. Ajoutez une couverture rose ou violette et vous obtenez un bel exemple de féminisme washing. Et malheureusement, je suis encore une fois tombée dans le panneau. 🤦
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