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Critique de girara


Sorcière de Chair, c'est avant tout une plume sûre qui sait où elle va, et qui n'a pas peur de dire ce qu'elle veut dire.
Les différentes enquêtes s'entrecroisent et les personnages perdent eux-mêmes parfois le fil. C'est la vie, la vraie.
Certains auteurs oublient que le monde ne s'arrête pas de tourner afin que leurs protagonistes fassent avancer le scénario, ce n'est pas le cas ici. Les personnages sont rattrapés par la vie, mis face à leurs contradictions, et je n'ai que rarement ressenti une aussi bonne image des conflits qui nous habitent.
Tous. Tout le temps.
Par exemple, est-il important pour l'auteur de suivre un plan précis  ? En lisant Sorcière de Chair, on devine certains écueils cent fois utilisés par d'autres, mais détournés par Sarah. Un moment capital de l'investigation, de ceux qui peuvent révéler beaucoup - aussi bien pour celui qui lit que pour le protagoniste -, peut se trouver gâché par la fierté mal placée de l'enquêteur, son épuisement physique et mental.
En termes de scénario, ce moment dessert l'enquête en cours, mais constitue une pâtisserie de jour de fête pour le lecteur avide.
Quel plaisir de suivre des personnages possédant autant de substance (je ne parle pas uniquement des litres d'hémoglobines qui vont venir maculer la rétine de votre oeil intérieur).
Ils se trompent, se mentent, s'accordent le temps d'une nuit et se fuient au petit matin. Suspicion et colère. Complexité des sentiments. Se résoudre au pire pour éviter la douleur à l'autre. Chacun arpente sa propre route serpentant entre la recherche du bonheur et l'expiation de ses fautes. Chacun possède ses petits démons internes, et aime franchir la limite entre les tenir en laisse et les laisser s'ébattre de temps en temps. Et tant pis pour le reste du monde.
Dans la vie, rien n'est simple. Dans Sorcière de Chair non plus.
On aime ceux qui nous blessent, car ce sont les seuls à pouvoir le faire réellement. On est trahis que par ses proches. Avec l'âge, on enlève ses oeillères concernant ses propres faiblesses, ses propres comportements impulsifs, et l'on se doit d'accepter de n'être qu'humains. Faits de fluides, d'os mille fois cassés - neuf cent quatre-vingt-dix-neuf fois ressoudés -, et de rancoeurs jamais aussi acides qu'envers nous-mêmes.
Je suis amateur d'histoires de vengeances. Rétribution, revanche, extermination. Pas facile d'accorder son amour, mais tellement simple de se laisser aller à la haine.
Et tellement bon.
Sans cautionner, l'auteure nous dépeint des natures complexes, humaines et je garde de ce roman une impression de maturité, comme si Sarah Buschmann levait un peu le voile sur ce que nous sommes réellement. Sans détour, sans jugement. Un polar noir qui appuie là où ça fait mal.
Littéralement.
Une inclusion bien maline de la magie dans un monde qui en est dépourvu. Un voyage sensible en terre Australienne. Une fin qui vous emporte loin des clichés, et qui laisse un goût cuivré dans la bouche. Et surtout des personnages aux réactions tout à tour logiques, calculées ou sanguines. Des êtres multiples, en somme. Comme chaque personnage jamais écrit devrait l'être.
Merci
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