Il y a des fois où on a du mal – même pendant l’Aïd – à saisir les intentions de Dieu.
Mon père a été tué, mes frères sont morts et ma soeur a disparu. Mais en Afghanistan, quand vous dites ça on vous répond : " Et alors ? "
D’ailleurs, je ne pouvais pas m’empêcher de penser que malgré leur grande taille, les adultes étaient d’une stupidité sans fond. Les hommes lançaient des bombes sur d’autres hommes, les soldats tiraient sur les enfants, les hommes faisaient semblant de ne pas voir les femmes dont ils étaient amoureux, les femmes qui les aimaient faisaient semblant du contraire, et dans les journaux de Pir Hederi, tout le monde s’occupait plus des lois, des disputes et des prises de position que de vivre, tout bêtement. »
Mon père a été tué, mes frères sont morts et ma soeur a disparu. Mais en Afghanistan, quand vous dites ça on vous répond : " Et alors ? "
Le temps qui murmure des promesses nouvelles, c'est l'automne.
Elle avait beau être spéciale, ce n'était pas une Afghane. Elle n'était pas aussi forte que nous si elle se laissait mourir à cause de la mort d'un bébé à naître qui n'avait même pas encore de nom. Je ne pouvais dire à personne à quel point j'avais peur ; ça n'aurait pas été bien, pour tout un tas de raisons. Georgie avait décidé d'avoir un bébé sans être mariée. Chez nous, autrefois, les femmes se faisaient lapider pour moins que ça. dans certains pays c'était encore le cas. Haji Jawid n'aurait pas été le seul à la traiter de pute, parce qu'elle ne prenait pas soin de son corps et avait couché avec un homme sans être mariée. Donc, je ne pouvais pas expliquer pourquoi j'étais de mauvaise humer, ni faire comme si tout allait bien.
Les riches avaient côtoyé les pauvres et les mécréants les croyants; des étrangers avaient parlé à des Afghans, des hommes à des femmes, des enfants avec des adultes. C'était comme ça que je m'imaginais le monde idéal - un monde où les gens ne passeraient pas leur temps à s'étouffer les uns les autres sous les règlements et les lois , le tout dans la terreur. On est pas si différents, après tout. Quand on offre un vélo à un petit garçon, qu'il soit musulman, chrétien ou juif, il est content; et si on aime quelqu'un de tout son cœur, qu'importe qu'il ou elle soit afghan ou britannique.
Seulement voilà, tout n'est pas si simple dans la vie. Le bonheur peut illuminer une journée, mais le chagrin n'est jamais loin.
Il y a des fois où on a du mal – même pendant l’Aïd – à saisir les intentions de Dieu.
« Mais… pourquoi tu fais sa lessive ?
- Pour gagner de l’argent, qu’est-ce que tu crois ?
- Comment ça se fait qu’elle ne lave pas ses habits elle-même ?
- Les étrangers ne savent pas. Il leur faut des machines pour ça. […]
- Elle coud ?
- Non.
- Elle cuisine, alors ?
- Non plus.
- Est-ce qu’elle a un mari ?
- Non.
- Eh ben, ça m’étonne pas ! »
Un bon musulman ne remet jamais en question les voies du Tout-Puissant. Il fait confiance à Dieu pour veiller sur lui quoi qu'il arrive, même quand Il ne le fait pas; un bon musulman se dit que la faim, la mort, les combats et les maladies font partie du dessein divin.