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Critique de svecs


svecs
01 février 2019
Dans un monde qui ressemble à une fantaisie antique, le monde est clairement divisé entre les "beaux" qui règne sur la surface, et les "laids" qui triment dans les mines pour extraire le sel et autres substances précieuses pour le compte des "beaux". Et lorsque 2 clans de "beaux" se déclarent la guerre, l'affrontement se fait par "laids" interposés, enrôlés et exhortés à laver l'affront dans le sang. Certains "laids" ont la chance de cotoyer les "beaux", soit comme animaux de compagnie, soit comme bouffon. C'est le rôle de Spartak, qui préfère de loin être bouffon chez les "beaux" que de vivre dans la fande des laids.
Evidemment, derrière l'extravagance de cette histoire se dissimule une fable politique acide et cruelle. Comme à son habitude, Buzzelli prête ses traits, et sans doute un peu plus, à son personnage principal. Il met en scène une galerie de personnages grotesques et ridicules, renvoyant à toute une tradition du théatre mais aussi du cinéma italien des années 60 et 70. On pense aux films de Dino Risi comme "Les Monstres" ou à "Affreux, sales, bêtes et méchants", à la démesure d'un Fellini. Cette révolte des ratés, devenue "révolte des laids" dans la nouvelle traduction incluse dans le tome 2 de l'anthologie consacrée à ce génie méconnu de la bande dessinée italienne, reste d'une acuité étonnante. Il est difficile de ne pas voir pointer un constat terriblement désanchanté derrière une caricature bouffonne. Puis il y a le graphisme de Buzzelli, excellent dessinateur qui rêvait de peinture à une époque ou le figuratif était moqué et méprisé. la bande dessinée était le seul endroit où il pouvait dessiner comme bon lui semblait, croquer des trognes incroyable, mettre en scène les corps avec un impessable sens du mouvement. Mais on sent qu'il reste chez Buzzelli une forme de frustration, d'avoir dû renoncer à la peinture pour faire de la bande dessinée. Même s'il l'a fait avec un talent fou (et bien trop peu remarqué), il n'est pas étonnant qu'il ait sans cesse représenter des parias, des personnages qui se retrouvent en décalage avec la société, condamnés à s'adapter de mauvaise grâce ou se soumettre faute de mieux ou pour éviter au pire.
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