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Critique de PhilippeCastellain


Il y a peu d'écrivains aussi sulfureux que Lord Byron qui arrivent à ce point à rester sympathiques. Bisexuel, amant de sa demi-soeur, beau ténébreux ayant mené une vie de décadence et de débauche ; errant à travers l'Europe avec son ours apprivoisé, son gondolier vénitien et autres bagages... Mais aussi âme rebelle, épris de liberté et de justice, ayant défendu les tisserands anglais contre l'industrialisation, les Arméniens contre les persécutions turques, et mort en volant au secours des Grecs insurgés (secours très symboliques du reste d'après Trelawney) ! Mais c'était surtout un immense et formidable poète.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, cette longue ode poétique de dix-sept chants est très facile à lire. D'un style flamboyant et magnifique bien sûr, mais également pleine d'humour ! Fidèle à son goût du scandale, Byron revisite le mythe hautement moral de Don Juan pour... L'inverser totalement.

Don Juan n'est plus le séducteur violent et cynique que l'on croise de Tirso de Molina à Mozart. C'est un adolescent naïf et plein de bonne volonté, qui séduit les femmes de façon totalement involontaire ! Les circonstances l'arrachent à l'une, déjà la suivante s'empare de lui ; et ma foi il se laisse faire. Il y a là probablement un côté autobiographique ; malgré son pied bot Byron était réputé pour sa beauté. Sa célébrité et l'identification de l'écrivain et de ses héros ne faisait qu'accroître son prestige, et même si le terme « groupie » est un peu fort pour désigner nombre de ses admiratrices féminines, il n'est peut-être pas si loin de la vérité !

Les voyages de Don Juan à travers l'Europe et l'Orient font également échos aux siens, notamment à travers les îles grecques. Pour accentuer la ressemblance, il ajoute de longue digressions sur sa propre vie, et en profite pour régler ses comptes avec ses ex maîtresses, femme, amis, ennemis, rivaux et on en passe.

Il rajouta également des chapitres originaux, alors que les différents Don Juan reprenaient alors tous à peu près les mêmes épisodes. Celui avec Haydée inspira notamment un magnifique tableau au peintre préraphaélite Ford Brown.

Une oeuvre novatrice, satirique et ironique donc. Mais avant tout, l'oeuvre finale et inachevée d'un esprit fulgurant et pétris des plus énormes contradictions...
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